présentent devant Byzance. L'empereur Léon effrayé, après
avoir vu saccager les environs de sa capitale, achète la paix.
Cette expédition et ses conséquences ont des rapports trop intimes avec
ce que les Normands de Scandinavie pratiquaient alors sur les côtes
occidentales de l'Europe, pour que nous ne signalions pas ce fait.
Cette armée, très-nombreuse, embarquée sur dès bateaux transportés à
bras pour franchir les cataractes du fleuve, bateaux qui côtoient le
rivage que suit à cheval la cavalerie protégée par la flotte, mis à terre
près de Byzance et montés sur des rouleaux, se convertissant ainsi en
un camp: tous ces détails, donnés par l'annaliste Nestor, sont si
conformes aux habitudes des Normands, connues d'ailleurs et par
d'autres sources qu'on ne saurait en contester la réalité.
Si nous insistons sur ce fait qui s'était déjà présenté une fois, lorsque les
Varègues de Kiew tentèrent une première expédition contre Byzance,
vers 865, c'est qu'il concorde singulièrement avec les éléments d'art que
nous rencontrons dominants à l'origine de la puissance russe, savoir:
l'élément slave, l'élément byzantin et une trace scandinave.
Mais il nous faut définir clairement d'abord ce qu'était l'art byzantin à
l'époque où les Russes se trouvaient en communication incessante avec
la capitale de l'empire d'Orient, soit comme alliés, soit comme ennemis
ou envahisseurs.
Des origines très-diverses ont composé ce que l'on est convenu
d'appeler l'art byzantin. L'empire romain, en venant établir sa nouvelle
capitale sur les bords du Bosphore, trouvait là une civilisation
très-avancée, mélange de traditions orientales de l'Asie Mineure,
modifiées par le génie grec. La dynastie des Arsacides avait porté la
culture des arts chez les Perses à un haut degré de splendeur et Rome
qui était toujours disposée à s'approprier les éléments d'art qu'elle
trouvait chez les peuples conquis, tout en imposant les grandes
dispositions commandées par ses habitudes administratives, n'hésita pas
à se servir des méthodes de structure adoptées chez les nations au
milieu desquelles l'empire s'établissait.
L'art byzantin, comme tous les arts, comprend deux parties distinctes,
surtout s'il s'agit de l'architecture: 1° la pratique, la structure, le moyen
matériel; 2° le choix de la forme, le style, l'apparence. Les Romains,
pourvu qu'on remplit les programmes qu'ils imposaient, surtout à la fin
de l'empire, se souciaient assez peu des moyens employés pour y
satisfaire. Tous les modes de structure d'une voûte, par exemple, leur
étaient indifférents, pourvu que la voûte se fît. Ce scepticisme s'étendait
jusqu'à un certain point à la décoration, depuis que les traditions de la
belle époque grecque, si fort prisées à la fin de la République, s'étaient
effacées sous l'apport d'éléments orientaux de plus en plus nombreux et
puissants, et que les Grecs eux-mêmes s'étaient emparés de l'art
asiatique pour le diriger dans une voie nouvelle.
On sait aujourd'hui que la voûte était employée dans les constructions
des Ninivites et des Babyloniens, c'est-à-dire chez les peuples assyriens
qui jetèrent un si vif éclat; non-seulement la voûte en berceau, mais la
coupole et la demi-coupole. Mais ce qu'on n'a peut-être pas assez étudié,
ce sont les moyens pratiques employés pour élever ces voûtes. Encore
aujourd'hui nous voyons dans tout l'Orient élever des voûtes sans le
secours de cintres, et, en examinant les monuments anciens, c'est-à-dire
qui datent de l'époque des Sassanides, on retrouve exactement l'emploi
des mêmes procédés, tant l'Orient change peu.
Un jeune voyageur français, ingénieur, M. Choisy, envoyé depuis peu
en Asie Mineure, a rapporté, sur la construction des voûtes dites
byzantines et d'après les indications qu'il avait bien voulu nous
demander, des renseignements d'une haute valeur, en ce qu'ils
expliquent l'adoption de certaines formes qui se développent en Russie
à dater du XIIe siècle, mais dont l'origine se trouve dans la structure
byzantine proprement dite.
Les architectes byzantins des premiers siècles avaient donc, tout en
conservant à peu près les apparences de la voûte romaine, substitué au
mode de structure adopté par les Romains un mode de structure oriental
et dont nous trouvons les éléments dans les ruines de Khorsabad;
c'est-à-dire un mode de structure qui permettait de se passer de cintres
en charpente. En effet, les égouts du palais de Khorsabad montrent des
voûtes en berceau ogival, elliptique ou plein-cintre, composées de
briques placées de champ, mais suivant un plan incliné, de telle sorte
que ces voûtes présentent le diagramme ci-dessus (fig. 1 et 2).
[Illustration: Fig. 1.--Projection horizontale.]
[Illustration: Fig. 2.--Coupe longitudinale.]
Eh bien, à Mossoul, les voûtes se construisent encore aujourd'hui
d'après ce système qui évite la dépense des cintres; et les Byzantins de
Salonique et d'Éphèse, au IVe siècle, employaient la même méthode
pour bander des voûtes en berceau, méthode qui n'est nullement
romaine, comme chacun sait[10].
[Note 10: Renseignements fournis par M. Guise, consul de France à
Damas et relatés par M. Choisy dans son Mémoire adressé à la
Commission des Annales des ponts et chaussées. (Voyez
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