Largent des autres | Page 5

Emile Gaboriau
avait essay�� de la d��fendre, mais bien inutilement, et il ��tait revenu �� l'H?tel des Folies dans un ��tat d'exasp��ration indescriptible.
--Voil�� o�� a abouti la d��marche que vous m'avez conseill��e, dit-il �� Mlle Lucienne, apr��s lui avoir racont�� ce qui venait de se passer.
Elle n'en parut ni surprise ni irrit��e.
--C'est bien! r��pondit-elle simplement.
Mais Maxence ne pouvait prendre si placidement son parti d'une si cruelle d��ception, et, �� mille lieues de soup?onner M. Costeclar:
--Voil�� pourtant, ajouta-t-il, le r��sultat des cancans de tous ces boutiquiers stupides, qui, d��s que vous sortez en voiture, accourent sur le seuil de leur porte....
D��daigneusement la jeune fille haussa les ��paules.
--Je l'avais pr��vu, fit-elle, le jour o�� j'ai accept�� les offres de M. Van-Klopen.
--Tout le monde vous croit ma ma?tresse.
--Que m'importe, puisque ce n'est pas!
Ce que Maxence n'osait avouer, c'est que c'��tait l�� pr��cis��ment ce qui redoublait sa col��re; c'est que songeant �� ce terrible ?qu'en dira-t-on?, qui est la boussole des imb��ciles et des faibles, il se demandait ce qu'on penserait de lui, si la v��rit�� venait �� ��tre connue, et s'il ne serait pas couvert de ridicule.
--Nous devrions d��m��nager, reprit-il.
--A quoi bon! Partout o�� nous irions, ce serait la m��me chose. Nos relations offrent trop de prise �� la calomnie pour qu'elle nous ��pargne. Je tiens �� ce quartier, d'ailleurs....
--Et moi je suis trop votre ami pour ne pas vous avouer que vous y ��tes absolument perdue de r��putation....
--Je n'ai de comptes �� rendre �� personne....
--Sauf �� votre ami le commissaire de police, cependant.
Un pale sourire effleura les l��vres de la jeune fille.
--Oh! lui, pronon?a-t-elle, il sait la v��rit��.
--Vous l'avez donc revu?
--Plusieurs fois.
--Depuis que nous nous connaissons?
--Oui.
--Et vous ne me l'avez pas dit!
--Je n'ai pas cru que ce f?t n��cessaire.
Maxence n'insista pas, mais �� la douleur aigu? qui le mordit au coeur, il comprit combien Mlle Lucienne lui ��tait ch��re.
--Elle a des secrets pour moi, se disait-il, pour moi qui me serais fait un crime d'en avoir pour elle!
Quels secrets? Lui avait-elle dissimul�� qu'elle poursuivait un but qui ��tait, en quelque sorte, devenu celui de sa vie? Lui avait-elle cach�� que soutenue, stimul��e et servie par son ami l'officier de paix, devenu le commissaire de police du quartier, elle esp��rait p��n��trer le myst��re de sa naissance et se venger des mis��rables qui par trois fois avait essay�� de se d��faire d'elle?
Jamais elle n'avait reparl�� de ses projets, mais il ��tait ��vident qu'elle ne les avait pas abandonn��s, car elle e?t du m��me coup renonc�� �� ses exhibitions au bois de Boulogne, qui lui ��taient un abominable supplice.
Mais la passion ne raisonne ni ne discute:
--Elle se d��fie de moi, qui donnerais ma vie pour elle! r��p��tait Maxence.
Et cette id��e lui ��tait si p��nible, qu'il r��solut de s'en ��claircir co?te que co?te, pr��f��rant le pire malheur �� l'angoisse qui le d��chirait.
Et d��s qu'il se retrouva seul avec Mlle Lucienne, s'armant de tout ce qu'il avait de courage, et la regardant bien dans les yeux:
--Vous ne me parlez plus de vos ennemis? lui dit-il d'un ton brusque.
Elle dut deviner ce qui se passait en lui, et doucement:
--C'est que je n'en entends plus parler moi-m��me, r��pondit-elle, c'est qu'ils ne donnent plus signe de vie....
--Alors vous avez renonc�� �� vos desseins?
--Aucunement.
--Quelles sont donc vos esp��rances, et o�� en sont-elles?
--Si extraordinaire que cela doive vous para?tre, je vous avouerai que je n'en sais rien. Mon ami le commissaire de police a son plan, j'en suis s?re, et il le poursuit avec une obstination que rien ne lasse, mais il ne me l'a pas confi��. Je ne suis entre ses mains qu'un instrument docile. Jamais je ne prends une d��termination sans le consulter, et ce qu'il me dit de faire, je le fais.
Maxence tressauta sur sa chaise.
--Est-ce donc lui, fit-il d'un accent d'am��re ironie, qui vous a sugg��r�� l'id��e de notre association... fraternelle?
Les sourcils de la jeune fille se fronc��rent. Le ton de cette esp��ce d'interrogatoire la blessait visiblement.
--Il ne l'a pas d��sapprouv��e du moins, fit-elle.
Mais cette r��ponse ��tait juste assez ��vasive pour irriter l'inqui��tude de Maxence.
--Est-ce de lui aussi, poursuivit-il, que vous est venue cette belle inspiration de me faire entrer au Comptoir de cr��dit mutuel?
--Oui, c'est lui.
--Dans quel but?
--Il ne me l'a pas expliqu��.
--Pourquoi ne m'avoir pas pr��venu?
--Parce qu'il m'avait pri��e de ne pas vous pr��venir.
De rouge qu'il ��tait au d��but, Maxence devint fort pale.
--Ainsi, reprit-il, c'est cet homme de police qui d��cid��ment est l'arbitre de ma destin��e, et si demain il vous commandait de rompre avec moi....
Mlle Lucienne se dressa.
--Assez! interrompit-elle, d'une voix br��ve, assez! Il n'est pas dans ma vie un acte qui donne �� mon plus cruel ennemi le droit de suspecter ma loyaut��, et voici que vous m'accusez d'une lache trahison! Qu'avez-vous �� me reprocher? N'ai-je pas ��t�� toujours fid��le au pacte d'alliance jur�� entre nous? N'ai-je pas ��t�� toujours pour vous le meilleur des camarades
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