dit Kobus, en secouant la neige de ses pieds; je c��l��bre ce soir la naissance du Sauveur avec ce brave gar?on, et si quelqu'un vient le r��clamer... gare!?
La servante ayant ob��i, le pauvre boh��mien prit place, tout ��merveill�� de ces choses. Les verres furent remplis jusqu'au bord, et Fritz s'��cria:
?�� la naissance de Notre-Seigneur J��sus-Christ, le v��ritable Dieu des bons coeurs!?
Dans le m��me instant Foux entrait. Sa surprise fut grande de voir le zigeiner assis �� table avec le ma?tre de la maison. Au lieu de parler haut, il dit seulement:
?Je vous souhaite une bonne nuit de No?l, monsieur Kobus.
--C'est bien; veux-tu prendre un verre de vin avec nous?
--Merci, je ne bois jamais dans le service. Mais connaissez-vous cet homme, monsieur Kobus?
--Je le connais, et j'en r��ponds.
--Alors ses papiers sont en r��gle?? Fritz n'en put entendre davantage, ses grosses joues palissaient de col��re: il se leva, prit rudement le wachtman au collet, et le jeta dehors en criant: ?Cela t'apprendra �� entrer chez un honn��te homme, la nuit de No?l!?
Puis, il vint se rasseoir, et, comme le boh��mien tremblait:
?Ne crains rien, lui dit-il, tu es chez Fritz Kobus. Bois, mange en paix, si tu veux me faire plaisir.? Il lui fit boire du vin de Bordeaux; et, sachant que Foux guettait toujours dans la rue, malgr�� la neige, il dit �� Katel de pr��parer un bon lit �� cet homme pour la nuit; de lui donner le lendemain des souliers et de vieux habits, et de ne pas le renvoyer sans avoir eu soin de lui mettre encore un bon morceau dans la poche. Foux attendit jusqu'au dernier coup de la messe, puis il se retira; et le boh��mien, qui n'��tait autre que I?sef, ��tant parti de bonne heure, il ne fut plus question de cette affaire. Kobus lui-m��me l'avait oubli��e, quand, aux premiers jours du printemps de l'ann��e suivante, ��tant au lit un beau matin, il entendit �� la porte de sa chambre une douce musique: c'��tait la pauvre alouette qu'il avait sauv��e dans les neiges, et qui venait le remercier au premier rayon de soleil.
Depuis, tous les ans I?sef revenait �� la m��me ��poque, tant?t seul, tant?t avec un ou deux de ses camarades, et Fritz le recevait comme un fr��re.
Donc Kobus revit ce jour-l�� son vieil ami le boh��mien, ainsi que je viens de vous le raconter; et quand la basse ronflante se tut, quand I?sef, lan?ant son dernier coup d'archet, leva les yeux, il lui tendit les bras derri��re les rideaux en s'��criant: ?I?sef!?
Alors le boh��mien vint l'embrasser, riant en montrant ses dents blanches, et disant:
?Tu vois, je ne t'oublie pas... la premi��re chanson de l'alouette est pour toi!
--Oui... et c'est pourtant la dixi��me ann��e!? s'��cria Kobus. Ils se tenaient les mains et se regardaient, les yeux pleins de larmes. Et comme les deux autres attendaient gravement, Fritz partit d'un ��clat de rire, et dit: ?I?sef, passe-moi mon pantalon.? Le boh��mien ayant ob��i, il tira de sa poche deux thalers. ?Voici pour vous autres, dit-il �� Kopel et �� Andr��s; vous pouvez aller d?ner aux Trois-Pigeons, I?sef d?ne avec moi.? Puis, sautant de son lit, tout en s'habillant il ajouta:
?Est-ce que tu as d��j�� fait ton tour dans les brasseries, I?sef?
--Non, Kobus.
--Eh bien! d��p��che-toi d'y aller; car, �� midi juste la table sera mise. Nous allons encore une fois nous faire du bon sang. Ha! ha! ha! le printemps est revenu; maintenant, il s'agit de bien le commencer. Katel! Katel!
--Alors je m'en vais tout de suite, dit I?sef.
--Oui, mon vieux; mais n'oublie pas midi.? Le boh��mien et ses deux camarades descendirent l'escalier, et Fritz, regardant sa vieille servante, lui dit avec un sourire de satisfaction: ?Eh bien, Katel, voici le printemps.... Nous allons faire une petite noce.... Mais attends un peu: commen?ons par inviter les amis.?
Et se penchant �� la fen��tre, il se mit �� crier:
?Ludwig! Ludwig!?
Un bambin passait justement, c'��tait Ludwig, le fils du tisserand Koffel, sa tignasse blonde ��bouriff��e et les pieds nus dans l'eau de neige. Il s'arr��ta le nez en l'air.
?Monte!? lui cria Kobus.
L'enfant se d��p��cha d'ob��ir et s'arr��ta sur le seuil, les yeux en dessous, se grattant la nuque d'un air embarrass��.
?Avance donc... ��coute! Tiens, voil�� d'abord deux groschen.?
Ludwig prit les deux groschen et les fourra dans la poche de son pantalon de toile, en se passant la manche sous le nez, comme pour dire:
?C'est bon!?
?Tu vas courir chez Fr��d��ric Schoultz, dans la rue du Plat-d'��tain, et chez M. le percepteur Haan, �� l'h?tel de la Cigogne... tu m'entends?
Ludwig inclina brusquement la t��te.
?Tu leur diras que Fritz Kobus les invite �� d?ner pour midi juste.
--Oui, monsieur Kobus.
--Attends donc, il faut que tu ailles aussi chez le vieux rebbe David, et que tu lui dises que je l'attends vers une heure, pour le caf��. Maintenant, d��p��che-toi!?
Le petit descendit l'escalier quatre �� quatre;
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