Fouch�� lui-m��me fut en d��faut nombre de fois. Argus a beau poss��der cinquante paires d'yeux, qu'importe s'il est myope? L'histoire des b��vues de la police serait curieuse, instructive, mais monotone et si longue, si longue, que le d��couragement viendrait �� moiti�� route.
Nous avions, pour placer ici cette courte digression historique, plusieurs raisons qui toutes appartiennent �� notre m��tier de conteur. D'abord il nous plaisait de bien poser le cadre o�� vont agir les personnages de notre drame; ensuite il nous semblait utile d'expliquer, sinon d'excuser, l'inertie de la police urbaine en face de ces rumeurs qui faisaient, par la ville, une v��ritable concurrence aux cancans d'��tat.
La police avait autre chose �� faire et ne pouvaient s'occuper de la vampire. La police s'agitait, cherchait, fouillait, ne trouvait rien et ��tait sur les dents.
Le 28 f��vrier 1804, le jour m��me o�� Pichegru fut arr��t�� dans son lit, rue Chabanais, chez le courtier de commerce Leblanc, un homme passa rapidement sur le March��-Neuf, devant un petit batiment qui ��tait en construction, au rebord m��me du quai, et dont les ��chafaudages dominaient la Seine.
Les ma?ons qui pliaient bagages et les conducteurs des travaux connaissaient bien cet homme, car ils l'appel��rent, disant:
--Patron, ne venez-vous point voir si nous avons avanc�� la besogne aujourd'hui?
L'homme les salua de la main et poursuivit sa route en remontant le cours de la rivi��re.
Ma?ons et surveillants se prirent �� sourire en ��changeant des regards d'intelligence, car il y avait une jeune fille qui allait �� quelque cent pas en avant de l'homme, envelopp��e dans une mante de laine noire et cachant son visage sous un voile.
--Voil�� trois jours de suite, dit un tailleur de pierres, que le patron court le guilledou de ce c?t��-l��.
--Il est vert encore, ajouta un autre, le patron!
Et un troisi��me:
--Ecoutez donc! on n'est pas de bois! Le patron a un m��tier qui ne doit pas le r��gayer plus que de raison. Il faut bien un peu rire.
Un vieux ma?on, qui remettait sa veste, blanche de platre, murmura:
--Voil�� trente ans que je connais le patron; il ne rit pas comme tout le monde.
L'homme allait cependant �� grand pas, et se perdait d��j�� derri��re les masures qui encombrent le March��-Neuf, aux abords de la rue de la Cit��.
Quant �� la fillette voil��e, elle avait compl��tement disparu, L'homme ��tait vieux, mais il avait une haute et noble taille, hardiment d��gag��e. Son costume, qui semblait le classer parmi les petits bourgeois, dispens��s de tous frais de toilette, ��tait grandement port��. Il avait, cet homme, des pieds �� la t��te, l'allure franche et libre que donne l'habitude de certains exercices du corps, r��serv��s, d'ordinaire, �� la classe la plus riche.
Du batiment en construction jusqu'au pont Notre-Dame, nombre de gens se d��couvrirent sur son passage; c'��tait ��videmment une notabilit�� du quartier. Il r��pondait aux saluts d'un geste bienveillant et cordial, mais il ne ralentissait point sa course.
Sa course semblait calcul��e, non point pour rejoindre la jeune fille, mais pour ne la jamais perdre de vue.
Celle-ci, dont les jambes ��taient moins longues, allait du plus vite qu'elle pouvait. Elle ne se savait point poursuivie; du moins pas une seule fois elle ne tourna la t��te pour regarder en arri��re.
Elle regardait en avant, de tous ses yeux, de toute son ame. En avant, il y avait un jeune homme �� tournure ��l��gante et hautaine qui longeait en ce moment le quai de la Gr��ve. Le suivait-elle?
Plus notre homme que les ma?ons du March��-Neuf appelaient le patron approchait de l'H?tel-de-Ville, moins nombreux ��taient les gens qui le saluaient d'un air de connaissance. Paris est ainsi et contient des c��l��brit��s de rayon qui ne d��passent pas tel num��ro de telle rue. Une fois que l'homme eut atteint le quai des Ormes, personne ne le salua plus.
L'homme cependant, ?le patron?, qu'il cour?t ou non le guilledou, avait la vue bonne, car, malgr�� l'obscurit�� qui commen?ait �� borner les lointains, il surveillait non seulement la fillette, mais encore le charmant cavalier que la fillette semblait suivre.
Celui-ci tourna le premier l'angle du Pont-Marie, qu'il traversa pour entrer dans l'?le Saint-Louis; la fillette fit comme lui; le patron prit la m��me route.
Le pas de la fillette se ralentissait sensiblement et devenait p��nible. Rien n'��chappait au patron, car sa poitrine rendit un gros soupir, tandis qu'il murmurait:
--Il nous la tuera! Faut-il que tant de bonheur se soit chang�� ainsi en mis��re!
On ne voyait plus le jeune cavalier, qui avait d? tourner le coin des rues Saint-Louis-en-l'Ile et des Deux-Ponts. La fillette marchait d��sormais avec un effort si visible, que le patron fit un mouvement comme s'il e?t voulu s'��lancer pour la soutenir.
Mais il ne c��da point �� la tentation, et calcula seulement sa marche de fa?on �� bien voir o�� elle dirigerait sa course, apr��s avoir quitt�� la rue des Deux-Ponts.
Elle tourna vers la gauche et franchit sans h��siter la porte
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