doute beaucoup de prix, car il l'avait enferm��e dans une armoire vitr��e pour la garder de la poussi��re et de l'humidit��. C'��tait un groupe en platre repr��sentant une jeune femme qui pose la main gauche sur la t��te d'un enfant; tandis que l'autre, ��tendue en avant, semble montrer �� cet enfant la route de l'avenir. Dans le sourire protecteur de la femme, et dans l'expression reconnaissante des traits de l'enfant, il y avait un sentiment profond et presque myst��rieux qui m'��mut et me fit r��ver.
Apr��s avoir regard�� quelque temps en silence cette oeuvre singuli��re, je dis �� mon h?te:
--Cette statue n'est pas une cr��ation de fantaisie, quoiqu'elle ne soit pas con?ue non plus d'apr��s les r��gles classiques. La nature seule a ��t�� le mod��le de l'artiste. N'est-il pas vrai, monsieur, cette femme a v��cu?
--Elle a v��cu, r��p��ta le vieillard avec un soupir dont le son ��trange me surprit.
--Quoi! m'��criai-je, je vois l'image de la femme qui repose...?
--Qui repose sous la tombe de fer;
--Elle ��tait donc belle?
--Belle comme le r��ve ��ternel des po��tes.
Je me tus, craignant d'attrister le vieillard par mes questions indiscr��tes.
Il alla au fond de la chambre, ouvrit une grande porta et dit:
--Jusqu'�� pr��sent vous n'avez vu que les ��tudes de l'��l��ve: souvenirs qui font ma vie, pourtant: Entrez, vous pourrez juger aussi l'artiste. Ce serait une v��ritable joie pour lui si ses oeuvres pouvaient lui assurer votre approbation ou du moins votre sympathie.
La salle o�� il me fit entrer ��tait ��clair��e par le haut un grand nombre de statues de marbre et d'albatre dont la vue me frappa d'admiration au premier coup d'oeil.
Toutes ces oeuvres ��taient ��videmment l'expression d'une m��me pens��e reproduite sous des formes diverses. Il n'y en avait aucune qui ne parlat de la mort et de la r��surrection �� une vie meilleure. C'��tait un ange aux ailes d��ploy��es qui portait vers sa c��leste patrie une jeune fille endormie;--c'��tait le g��nie de l'immortalit�� ouvrant une tombe et montrant �� l'ame r��veill��e le chemin de la lumi��re;--c'��tait cette m��me jeune fille se dressant �� moiti�� hors d'une tombe, et ��tendant les mains avec un sourire de d��sir, comme si elle appelait quelqu'un;--c'��tait un jeune gar?on agenouill�� sur une pierre tumulaire, et tenant embrass��e une ancre symbolique;--c'��tait l'oiseau Ph��nix, s'��levant avec des forces nouvelles du b?cher qui a consum�� sa d��pouille vieillie;--c'��taient enfin beaucoup de figures repr��sentant sous une forme saisissante l'image de la vie future apr��s la mort.
Toutes ces compositions respiraient la sinc��rit�� profonde du sentiment de leur auteur, et semblaient vivre, non point par la perfection de leur forme corporelle, mais par quelque chose de plus ��lev��, par l'empreinte de l'ame que l'artiste avait imprim��e dans toutes les parties de son oeuvre, en y versant un reflet de sa propre ame. Les formes des statues ��taient �� la v��rit�� gr��les et maigres, mais il y avait dans l'ensemble de ces cr��ations une expression de pens��e si parfaite, des proportions si harmonieuses, tant de naturel et n��anmoins tant de po��sie, qu'en les regardant je me sentis comme transport�� dans un monde de pens��es mystiques et presque surhumaines.
--Que tout cela est beau! m'��criai-je enthousiasm��. Monsieur, vous ne devez pas tenir plus longtemps cach��s ces chefs-d'oeuvre sublimes. Enrichissez d'un nom illustre le livre d'or de votre patrie, ajoutez un brillant fleuron �� sa couronne artistique!
Il sourit �� mon exclamation; l'impression favorable que son talent avait produite sur moi parut lui faire plaisir; mais une sorte de raillerie ironique brillait dans son regard, comme pour me taxer d'exag��ration.
--Je dis la v��rit��, croyez-moi, repris-je. Exposez vos ouvrages, et un cri d'admiration s'��l��vera de la foule des artistes. S'ils ont ��t�� ��gar��s autrefois par l'admiration exclusive des formes ext��rieures, il y a aujourd'hui une grande tendance vers des id��es moins plastiques; l'art se tourne vers l'expression des pens��es, des sentiments et des plus nobles aspirations de l'homme. Non, non, ne privez pas l'��cole flamande de si parfaits mod��les.
Le vieillard avait courb�� la t��te et murmurait en se parlant �� lui-m��me:
--Livrer en pature �� la foule mes souvenirs, tous les battements de mon coeur? Permettre �� la malveillance de soulever le voile de ma vie, et appeler la raillerie sur tout ce qui est sacr�� pour moi?...
En ce moment, la vieille servante ouvrit la porte et annon?a que le d?ner ��tait servi.
--Venez, monsieur, me dit le sculpteur, visiblement satisfait de cette interruption. La table de l'ermite ne vous offrira pas de mets recherch��s; mais il y en aura assez pour restaurer les forces d'un homme qui, comme vous, aime la vie de campagne.
Nous nous m?mes �� table, nous mangeames assez rapidement deux ou trois bons plats, auxquels je fis honneur, d'autant plus que la pr��sence de la servante m'emp��chait de parler de ce qui occupait mon esprit.
Apr��s le repas, le vieillard me conduisit dans une serre assez spacieuse. Je sus ainsi d'o�� venaient
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