soulevant sur une main comme pour donner plus de force �� son ordre. Qui donc me garderait en cas d��alarme? Ce sont quelques Suisses ivres qui se battent.
Le calme de la reine, oppos�� �� la terreur qui planait sur toute cette assembl��e, formait un contraste tellement remarquable que, si timide qu��elle f?t, madame de Sauve fixa un regard interrogateur sur la reine.
-- Mais, madame, s����cria-t-elle, on dirait que l��on tue quelqu��un.
-- Et qui voulez-vous qu��on tue?
-- Mais le roi de Navarre, madame; le bruit vient du c?t�� de son appartement.
-- La sotte! murmura la reine, dont les l��vres, malgr�� sa puissance sur elle-m��me, commen?aient �� s��agiter ��trangement, car elle marmottait une pri��re; la sotte voit son roi de Navarre partout.
-- Mon Dieu! mon Dieu! dit madame de Sauve en retombant sur son fauteuil.
-- C��est fini, c��est fini, dit Catherine. Capitaine, continua-t- elle en s��adressant �� M. de Nancey, j��esp��re que, s��il y a du scandale dans le palais, vous ferez demain punir s��v��rement les coupables. Reprenez votre lecture, Carlotta.
Et Catherine retomba elle-m��me sur son oreiller dans une impassibilit�� qui ressemblait beaucoup �� de l��affaissement, car les assistants remarqu��rent que de grosses gouttes de sueur roulaient sur son visage.
Madame de Sauve ob��it �� cet ordre formel; mais ses yeux et sa voix fonctionnaient seuls. Sa pens��e errante sur d��autres objets lui repr��sentait un danger terrible suspendu sur une t��te ch��rie. Enfin, apr��s quelques minutes de ce combat, elle se trouva tellement oppress��e entre l����motion et l����tiquette que sa voix cessa d����tre intelligible; le livre lui tomba des mains, elle s����vanouit.
Soudain un fracas plus violent se fit entendre; un pas lourd et press�� ��branla le corridor; deux coups de feu partirent faisant vibrer les vitres; et Catherine, ��tonn��e de cette lutte prolong��e outre mesure, se dressa �� son tour, droite, pale, les yeux dilat��s; et au moment o�� le capitaine des gardes allait s����lancer dehors, elle l��arr��ta en disant:
-- Que tout le monde reste ici, j��irai moi-m��me voir l��-bas ce qui se passe. Voil�� ce qui se passait, ou plut?t ce qui s����tait pass��:
De Mouy avait re?u le matin des mains d��Orthon la clef de Henri. Dans cette clef, qui ��tait for��e, il avait remarqu�� un papier roul��. Il avait tir�� le papier avec une ��pingle.
C����tait le mot d��ordre du Louvre pour la prochaine nuit. En outre, Orthon lui avait verbalement transmis les paroles de Henri qui invitaient de Mouy �� venir trouver �� dix heures le roi au Louvre. �� neuf heures et demie, de Mouy avait rev��tu une armure dont il avait plus d��une fois d��j�� eu l��occasion de reconna?tre la solidit��; il avait boutonn�� dessus un pourpoint de soie, avait agraf�� son ��p��e, pass�� dans le ceinturon ses pistolets, recouvert le tout du fameux manteau cerise de La Mole.
Nous avons vu comment, avant de rentrer chez lui, Henri avait jug�� �� propos de faire une visite �� Marguerite, et comment il ��tait arriv�� par l��escalier secret juste �� temps pour heurter La Mole dans la chambre �� coucher de Marguerite, et pour prendre sa place aux yeux du roi dans la salle �� manger. C����tait pr��cis��ment au moment m��me que, grace au mot d��ordre envoy�� par Henri et surtout au fameux manteau cerise, de Mouy traversait le guichet du Louvre.
Le jeune homme monta droit chez le roi de Navarre, imitant de son mieux, comme d��habitude, la d��marche de La Mole. Il trouva dans l��antichambre Orthon qui l��attendait.
-- Sire de Mouy, lui dit le montagnard, le roi est sorti, mais il m��a ordonn�� de vous introduire chez lui et de vous dire de l��attendre. S��il tarde par trop, il vous invite, vous le savez, �� vous jeter sur son lit.
De Mouy entra sans demander d��autre explication, car ce que venait de lui dire Orthon n����tait que la r��p��tition de ce qu��il lui avait d��j�� dit le matin.
Pour utiliser son temps, de Mouy prit une plume et de l��encre; et s��approchant d��une excellente carte de France pendue �� la muraille, il se mit �� compter et �� r��gler les ��tapes qu��il y avait de Paris �� Pau.
Mais ce travail fut l��affaire d��un quart d��heure, et ce travail fini, de Mouy ne sut plus �� quoi s��occuper.
Il fit deux ou trois tours de chambre, se frotta les yeux, bailla, s��assit et se leva, se rassit encore. Enfin, profitant de l��invitation de Henri, excus�� d��ailleurs par les lois de familiarit�� qui existaient entre les princes et leurs gentilshommes, il d��posa sur la table de nuit ses pistolets et la lampe, s����tendit sur le vaste lit �� tentures sombres qui garnissait le fond de la chambre, pla?a son ��p��e nue le long de sa cuisse, et, s?r de n����tre pas surpris puisqu��un domestique se tenait dans la pi��ce pr��c��dente, il se laissa aller �� un sommeil pesant, dont bient?t le bruit fit retentir les
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