La reine Margot - Tome II | Page 9

Alexandre Dumas
vastes ��chos du baldaquin. De Mouy ronflait en vrai soudard, et sous ce rapport aurait pu lutter avec le roi de Navarre lui-m��me.
C��est alors que six hommes, l����p��e �� la main et le poignard �� la ceinture, se gliss��rent silencieusement dans le corridor qui, par une petite porte, communiquait aux appartements de Catherine et par une grande donnait chez Henri.
Un de ces six hommes marchait le premier. Outre son ��p��e nue et son poignard fort comme un couteau de chasse, il portait encore ses fid��les pistolets accroch��s �� sa ceinture par des agrafes d��argent. Cet homme, c����tait Maurevel.
Arriv�� �� la porte de Henri, il s��arr��ta.
-- Vous vous ��tes bien assur�� que les sentinelles du corridor ont disparu? demanda-t-il �� celui qui paraissait commander la petite troupe.
-- Plus une seule n��est �� son poste, r��pondit le lieutenant.
-- Bien, dit Maurevel. Maintenant il n��y a plus qu���� s��informer d��une chose, c��est si celui que nous cherchons est chez lui.
-- Mais, dit le lieutenant en arr��tant la main que Maurevel posait sur le marteau de la porte, mais, capitaine, cet appartement est celui du roi de Navarre.
-- Qui vous dit le contraire? r��pondit Maurevel.
Les sbires se regard��rent tout surpris, et le lieutenant fit un pas en arri��re.
-- Heu! fit le lieutenant, arr��ter quelqu��un �� cette heure, au Louvre, et dans l��appartement du roi de Navarre?
-- Que r��pondriez-vous donc, dit Maurevel, si je vous disais que celui que vous allez arr��ter est le roi de Navarre lui-m��me?
-- Je vous dirais, capitaine, que la chose est grave, et que, sans un ordre sign�� de la main de Charles IX...
-- Lisez, dit Maurevel.
Et, tirant de son pourpoint l��ordre que lui avait remis Catherine, il le donna au lieutenant.
-- C��est bien, r��pondit celui-ci apr��s avoir lu; je n��ai plus rien �� vous dire.
-- Et vous ��tes pr��t?
-- Je le suis.
-- Et vous? continua Maurevel en s��adressant aux cinq autres sbires. Ceux-ci salu��rent avec respect.
-- ��coutez-moi donc, messieurs, dit Maurevel, voil�� le plan: deux de vous resteront �� cette porte, deux �� la porte de la chambre �� coucher, et deux entreront avec moi.
-- Ensuite? dit le lieutenant.
-- ��coutez bien ceci: il nous est ordonn�� d��emp��cher le prisonnier d��appeler, de crier, de r��sister; toute infraction �� cet ordre doit ��tre punie de mort.
-- Allons, allons, il a carte blanche, dit le lieutenant �� l��homme d��sign�� avec lui pour suivre Maurevel chez le roi.
-- Tout �� fait, dit Maurevel.
-- Pauvre diable de roi de Navarre! dit un des hommes, il ��tait ��crit l��-haut qu��il ne devait point en r��chapper.
-- Et ici-bas, dit Maurevel en reprenant des mains du lieutenant l��ordre de Catherine, qu��il rentra dans sa poitrine.
Maurevel introduisit dans la serrure la clef que lui avait remise Catherine, et, laissant deux hommes �� la porte ext��rieure, comme il en ��tait convenu, entra avec les quatre autres dans l��antichambre.
-- Ah! ah! dit Maurevel en entendant la bruyante respiration du dormeur, dont le bruit arrivait jusqu���� lui, il para?t que nous trouverons ici ce que nous cherchons.
Aussit?t Orthon, pensant que c����tait son ma?tre qui rentrait, alla au-devant de lui, et se trouva en face de cinq hommes arm��s qui occupaient la premi��re chambre.
�� la vue de ce visage sinistre, de ce Maurevel qu��on appelait le Tueur de roi, le fid��le serviteur recula, et se pla?ant devant la seconde porte:
-- Qui ��tes-vous? dit Orthon; que voulez-vous?
-- Au nom du roi, r��pondit Maurevel, o�� est ton ma?tre?
-- Mon ma?tre?
-- Oui, le roi de Navarre?
-- Le roi de Navarre n��est pas au logis, dit Orthon en d��fendant plus que jamais la porte; ainsi vous ne pouvez pas entrer.
-- Pr��texte, mensonge, dit Maurevel. Allons, arri��re!
Les B��arnais sont ent��t��s; celui-ci gronda comme un chien de ses montagnes, et sans se laisser intimider:
-- Vous n��entrerez pas, dit-il; le roi est absent.
Et il se cramponna �� la porte.
Maurevel fit un geste; les quatre hommes s��empar��rent du r��calcitrant, l��arrachant au chambranle auquel il se tenait cramponn��, et, comme il ouvrait la bouche pour crier, Maurevel lui appliqua la main sur les l��vres.
Orthon mordit furieusement l��assassin, qui retira sa main avec un cri sourd, et frappa du pommeau de son ��p��e le serviteur sur la t��te. Orthon chancela et tomba en criant:
-- Alarme! alarme! alarme! Sa voix expira, il ��tait ��vanoui. Les assassins pass��rent sur son corps, puis deux rest��rent �� cette seconde porte, et les deux autres entr��rent dans la chambre �� coucher, conduits par Maurevel. �� la lueur de la lampe br?lant sur la table de nuit, ils virent le lit. Les rideaux ��taient ferm��s.
-- Oh! oh! dit le lieutenant, il ne ronfle plus, ce me semble.
-- Allons, sus! dit Maurevel. �� cette voix, un cri rauque qui ressemblait plut?t au rugissement du lion qu���� des accents humains partit de dessous les rideaux, qui s��ouvrirent violemment, et un homme, arm�� d��une cuirasse et le front couvert d��une de
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