La reine Margot - Tome II | Page 7

Alexandre Dumas
Coconnas. Le duc tira sa montre.
-- C��est vrai, dit-il. Tout le monde est couch�� au Louvre, cependant.
-- Oui, Monseigneur, mais nous voici �� vos ordres. Faut-il introduire dans la chambre de Votre Altesse les gentilshommes du petit coucher?
-- Au contraire, passez dans la petite salle et cong��diez tout le monde.
Les deux jeunes gens ob��irent, ex��cut��rent l��ordre donn��, qui n����tonna personne �� cause du caract��re bien connu du duc, et revinrent pr��s de lui.
-- Monseigneur, dit Coconnas, Votre Altesse va sans doute se mettre au lit ou travailler?
-- Non, messieurs; vous avez cong�� jusqu���� demain.
-- Allons, allons, dit tout bas Coconnas �� l��oreille de La Mole, la cour d��couche ce soir, �� ce qu��il para?t; la nuit sera friande en diable, prenons notre part de la nuit.
Et les deux jeunes gens mont��rent les escaliers quatre �� quatre, prirent leurs manteaux et leurs ��p��es de nuit, et s����lanc��rent hors du Louvre �� la poursuite des deux dames, qu��ils rejoignirent au coin de la rue du Coq-Saint-Honor��.
Pendant ce temps, le duc d��Alen?on, l��oeil ouvert, l��oreille au guet, attendait, enferm�� dans sa chambre, les ��v��nements impr��vus qu��on lui avait promis.

III Dieu dispose
Comme l��avait dit le duc aux jeunes gens, le plus profond silence r��gnait au Louvre.
En effet, Marguerite et madame de Nevers ��taient parties pour la rue Tizon. Coconnas et La Mole s����taient mis �� leur poursuite. Le roi et Henri battaient la ville. Le duc d��Alen?on se tenait chez lui dans l��attente vague et anxieuse des ��v��nements que lui avait pr��dits la reine m��re. Enfin Catherine s����tait mise au lit, et madame de Sauve, assise �� son chevet, lui faisait lecture de certains contes italiens dont riait fort la bonne reine.
Depuis longtemps Catherine n��avait ��t�� de si belle humeur. Apr��s avoir fait de bon app��tit une collation avec ses femmes, apr��s avoir r��gl�� les comptes quotidiens de sa maison, elle avait ordonn�� une pri��re pour le succ��s de certaine entreprise importante, disait-elle, pour le bonheur de ses enfants; c����tait l��habitude de Catherine, habitude, au reste toute florentine, de faire dire dans certaines circonstances des pri��res et des messes dont Dieu et elle savaient seuls le but.
Enfin elle avait revu Ren��, et avait choisi, dans ses odorants sachets et dans son riche assortiment, plusieurs nouveaut��s.
-- Qu��on sache, dit Catherine, si ma fille la reine de Navarre est chez elle; et si elle y est, qu��on la prie de venir me faire compagnie.
Le page auquel cet ordre ��tait adress�� sortit, et un instant apr��s il revint accompagn�� de Gillonne.
-- Eh bien, dit la reine m��re, j��ai demand�� la ma?tresse et non la suivante.
-- Madame, dit Gillonne, j��ai cru devoir venir moi-m��me dire �� Votre Majest�� que la reine de Navarre est sortie avec son amie la duchesse de Nevers...
-- Sortie �� cette heure! reprit Catherine en fron?ant le sourcil; et o�� peut-elle ��tre all��e?
-- �� une s��ance d��alchimie, r��pondit Gillonne, laquelle doit avoir lieu �� l��h?tel de Guise, dans le pavillon habit�� par madame de Nevers.
-- Et quand rentrera-t-elle? demanda la reine m��re.
-- La s��ance se prolongera fort avant dans la nuit, r��pondit Gillonne, de sorte qu��il est probable que Sa Majest�� demeurera demain matin chez son amie.
-- Elle est heureuse, la reine de Navarre, murmura Catherine, elle a des amies et elle est reine; elle porte une couronne, on l��appelle Votre Majest��, et elle n��a pas de sujets; elle est bien heureuse.
Apr��s cette boutade, qui fit sourire int��rieurement les auditeurs:
-- Au reste, murmura Catherine, puisqu��elle est sortie! car elle est sortie, dites-vous?
-- Depuis une demi-heure, madame.
-- Tout est pour le mieux; allez.
Gillonne salua et sortit.
-- Continuez votre lecture, Charlotte, dit la reine. Madame de Sauve continua. Au bout de dix minutes Catherine interrompit la lecture.
-- Ah! �� propos, dit-elle, qu��on renvoie les gardes de la galerie. C����tait le signal qu��attendait Maurevel. On ex��cuta l��ordre de la reine m��re, et madame de Sauve continua son histoire.
Elle avait lu un quart d��heure �� peu pr��s sans interruption aucune, lorsqu��un cri long, prolong��, terrible, parvint jusque dans la chambre royale et fit dresser les cheveux sur la t��te des assistants.
Un coup de pistolet le suivit imm��diatement.
-- Qu��est-ce cela, dit Catherine, et pourquoi ne lisez-vous plus, Carlotta?
-- Madame, dit la jeune femme palissante, n��avez-vous point entendu?
-- Quoi? demanda Catherine.
-- Ce cri?
-- Et ce coup de pistolet? ajouta le capitaine des gardes.
-- Un cri, un coup de pistolet, ajouta Catherine, je n��ai rien entendu, moi... D��ailleurs, est-ce donc une chose bien extraordinaire au Louvre qu��un cri et qu��un coup de pistolet? Lisez, lisez, Carlotta.
-- Mais ��coutez, madame, dit celle-ci, tandis que M. de Nancey se tenait debout la main �� la poign��e de son ��p��e et n��osant sortir sans le cong�� de la reine; ��coutez, on entend des pas, des impr��cations.
-- Faut-il que je m��informe, madame? dit ce dernier.
-- Point du tout, monsieur, restez l��, dit Catherine en se
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