de Sauve garda le silence pendant quelques secondes; puis, comme si elle e?t regard�� autour d��elle pour n����tre pas entendue, elle fixa un instant la vue sur le groupe o�� se tenait la reine m��re; mais si court que fut cet instant, il suffit pour que Catherine et sa dame d��atours ��changeassent chacune un regard.
-- Oh! si je voulais, dit madame de Sauve avec un accent de sir��ne qui e?t fait fondre la cire dans les oreilles d��Ulysse, si je voulais prendre Votre Majest�� en mensonge.
-- Essayez, ma mie, essayez...
-- Ah! ma foi! j��avoue que j��en combats l��envie.
-- Laissez-vous vaincre: les femmes ne sont jamais si fortes qu��apr��s leur d��faite.
-- Sire, je retiens votre promesse pour Dariole le jour o�� vous serez roi de France. Henri jeta un cri de joie.
C����tait juste au moment o�� ce cri s����chappait de la bouche du B��arnais que la reine de Navarre r��pondait au duc de Guise:
?_Noctu pro more_: Cette nuit comme d��habitude.?
Alors Henri s����loigna de madame de Sauve aussi heureux que l����tait le duc de Guise en s����loignant lui-m��me de Marguerite de Valois.
Une heure apr��s cette double sc��ne que nous venons de raconter, le roi Charles et la reine m��re se retir��rent dans leurs appartements; presque aussit?t les salles commenc��rent �� se d��peupler, les galeries laiss��rent voir la base de leurs colonnes de marbre. L��amiral et le prince de Cond�� furent reconduits par quatre cents gentilshommes huguenots au milieu de la foule qui grondait sur leur passage. Puis Henri de Guise, avec les seigneurs lorrains et les catholiques, sortirent �� leur tour, escort��s des cris de joie et des applaudissements du peuple.
Quant �� Marguerite de Valois, �� Henri de Navarre et �� madame de Sauve, on sait qu��ils demeuraient au Louvre m��me.
II La chambre de la reine de Navarre
Le duc de Guise reconduisit sa belle-soeur, la duchesse de Nevers, en son h?tel qui ��tait situ�� rue du Chaume, en face de la rue de Brac, et apr��s l��avoir remise �� ses femmes, passa dans son appartement pour changer de costume, prendre un manteau de nuit et s��armer d��un de ces poignards courts et aigus qu��on appelait une foi de gentilhomme, lesquels se portaient sans l����p��e; mais au moment o�� il le prenait sur la table o�� il ��tait d��pos��, il aper?ut un petit billet serr�� entre la lame et le fourreau.
Il l��ouvrit et lut ce qui suit:
?J��esp��re bien que M. de Guise ne retournera pas cette nuit au Louvre, ou, s��il y retourne, qu��il prendra au moins la pr��caution de s��armer d��une bonne cotte de mailles et d��une bonne ��p��e.?
-- Ah! ah! dit le duc en se retournant vers son valet de chambre, voici un singulier avertissement, ma?tre Robin. Maintenant faites- moi le plaisir de me dire quelles sont les personnes qui ont p��n��tr�� ici pendant mon absence.
-- Une seule, Monseigneur.
-- Laquelle?
-- M. du Gast.
-- Ah! ah! En effet, il me semblait bien reconna?tre l����criture. Et tu es s?r que du Gast est venu, tu l��as vu?
-- J��ai fait plus, Monseigneur, je lui ai parl��.
-- Bon; alors je suivrai le conseil. Ma jaquette et mon ��p��e.
Le valet de chambre, habitu�� �� ces mutations de costumes, apporta l��une et l��autre. Le duc alors rev��tit sa jaquette, qui ��tait en cha?nons de mailles si souples que la trame d��acier n����tait gu��re plus ��paisse que du velours; puis il passa par-dessus son jaque des chausses et un pourpoint gris et argent, qui ��taient ses couleurs favorites, tira de longues bottes qui montaient jusqu��au milieu de ses cuisses, se coiffa d��un toquet de velours noir sans plume ni pierreries, s��enveloppa d��un manteau de couleur sombre, passa un poignard �� sa ceinture, et, mettant son ��p��e aux mains d��un page, seule escorte dont il voul?t se faire accompagner, il prit le chemin du Louvre.
Comme il posait le pied sur le seuil de l��h?tel, le veilleur de Saint-Germain-l��Auxerrois venait d��annoncer une heure du matin.
Si avanc��e que f?t la nuit et si peu s?res que fussent les rues �� cette ��poque, aucun accident n��arriva �� l��aventureux prince par le chemin, et il arriva sain et sauf devant la masse colossale du vieux Louvre, dont toute les lumi��res s����taient successivement ��teintes, et qui se dressait, �� cette heure, formidable de silence et d��obscurit��.
En avant du chateau royal s����tendait un foss�� profond, sur lequel donnaient la plupart des chambres des princes log��s au palais. L��appartement de Marguerite ��tait situ�� au premier ��tage.
Mais ce premier ��tage, accessible s��il n��y e?t point eu de foss��, se trouvait, grace au retranchement, ��lev�� de pr��s de trente pieds, et, par cons��quent, hors de l��atteinte des amants et des voleurs, ce qui n��emp��cha point M. le duc de Guise de descendre r��solument dans le foss��.
Au m��me instant, on entendit le bruit d��une fen��tre du rez-de- chauss��e qui s��ouvrait. Cette fen��tre ��tait grill��e; mais une main parut, souleva
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