La reine Margot - Tome I | Page 6

Alexandre Dumas
lumi��re disparaisse pour faire place �� l��obscurit��, car c��est dans l��obscurit�� que nous attend le bonheur.
-- Ce bonheur, mauvaise, vous savez bien qu��il est aux mains d��une seule personne, et que cette personne se rit et se joue du pauvre Henri.
-- Oh! reprit la baronne, j��aurais cru, au contraire, moi, que c����tait cette personne qui ��tait le jouet et la ris��e du roi de Navarre.
Henri fut effray�� de cette attitude hostile, et cependant il r��fl��chit qu��elle trahissait le d��pit, et que le d��pit n��est que le masque de l��amour.
-- En v��rit��, dit-il, ch��re Charlotte, vous me faites l�� un injuste reproche, et je ne comprends pas qu��une si jolie bouche soit en m��me temps si cruelle. Croyez-vous donc que ce soit moi qui me marie? Eh! non, ventre saint gris! ce n��est pas moi!
-- C��est moi, peut-��tre! reprit aigrement la baronne, si jamais peut para?tre aigre la voix de la femme qui nous aime et qui nous reproche de ne pas l��aimer.
-- Avec vos beaux yeux n��avez-vous pas vu plus loin, baronne? Non, non, ce n��est pas Henri de Navarre qui ��pouse Marguerite de Valois.
-- Et qui est-ce donc alors?
-- Eh, sang-diou! c��est la religion r��form��e qui ��pouse le pape, voil�� tout.
-- Nenni, nenni, Monseigneur, et je ne me laisse pas prendre �� vos jeux d��esprit, moi: Votre Majest�� aime madame Marguerite, et je ne vous en fais pas un reproche, Dieu m��en garde! elle est assez belle pour ��tre aim��e.
Henri r��fl��chit un instant, et tandis qu��il r��fl��chissait, un bon sourire retroussa le coin de ses l��vres.
-- Baronne, dit-il, vous me cherchez querelle, ce me semble, et cependant vous n��en avez pas le droit; qu��avez-vous fait, voyons! pour m��emp��cher d����pouser madame Marguerite? Rien; au contraire, vous m��avez toujours d��sesp��r��.
-- Et bien m��en a pris, Monseigneur! r��pondit madame de Sauve.
-- Comment cela?
-- Sans doute, puisque aujourd��hui vous en ��pousez une autre.
-- Ah! je l����pouse parce que vous ne m��aimez pas.
-- Si je vous eusse aim��, Sire, il me faudrait donc mourir dans une heure!
-- Dans une heure! Que voulez-vous dire, et de quelle mort seriez- vous morte?
-- De jalousie... car dans une heure la reine de Navarre renverra ses femmes, et Votre Majest�� ses gentilshommes.
-- Est-ce l�� v��ritablement la pens��e qui vous pr��occupe, ma mie?
-- Je ne dis pas cela. Je dis que, si je vous aimais, elle me pr��occuperait horriblement.
-- Eh bien, s����cria Henri au comble de la joie d��entendre cet aveu, le premier qu��il e?t re?u, si le roi de Navarre ne renvoyait pas ses gentilshommes ce soir?
-- Sire, dit madame de Sauve, regardant le roi avec un ��tonnement qui cette fois n����tait pas jou��, vous dites l�� des choses impossibles et surtout incroyables.
-- Pour que vous le croyiez, que faut-il donc faire?
-- Il faudrait m��en donner la preuve, et cette preuve, vous ne pouvez me la donner.
-- Si fait, baronne, si fait. Par saint Henri! je vous la donnerai, au contraire, s����cria le roi en d��vorant la jeune femme d��un regard embras�� d��amour.
-- ? Votre Majest��! ... murmura la belle Charlotte en baissant la voix et les yeux. Je ne comprends pas... Non, non! il est impossible que vous ��chappiez au bonheur qui vous attend.
-- Il y a quatre Henri dans cette salle, mon ador��e! reprit le roi: Henri de France, Henri de Cond��, Henri de Guise, mais il n��y a qu��un Henri de Navarre.
-- Eh bien?
-- Eh bien, si vous avez ce Henri de Navarre pr��s de vous toute cette nuit...
-- Toute cette nuit?
-- Oui; serez-vous certaine qu��il ne sera pas pr��s d��une autre?
-- Ah! si vous faites cela, Sire, s����cria �� son tour la dame de Sauve.
-- Foi de gentilhomme, je le ferai. Madame de Sauve leva ses grands yeux humides de voluptueuses promesses et sourit au roi, dont le coeur s��emplit d��une joie enivrante.
-- Voyons, reprit Henri, en ce cas, que direz-vous?
-- Oh! en ce cas, r��pondit Charlotte, en ce cas je dirai que je suis v��ritablement aim��e de Votre Majest��.
-- Ventre-saint-gris! vous le direz donc, car cela est, baronne.
-- Mais comment faire? murmura madame de Sauve.
-- Oh! par Dieu! baronne, il n��est point que vous n��ayez autour de vous quelque cam��ri��re, quelque suivante, quelque fille dont vous soyez s?re?
-- Oh! j��ai Dariole, qui m��est si d��vou��e qu��elle se ferait couper en morceaux pour moi: un v��ritable tr��sor.
-- Sang-diou! baronne, dites �� cette fille que je ferai sa fortune quand je serai roi de France, comme me le pr��disent les astrologues.
Charlotte sourit; car d��s cette ��poque la r��putation gasconne du B��arnais ��tait d��j�� ��tablie �� l��endroit de ses promesses.
-- Eh bien, dit-elle, que d��sirez-vous de Dariole?
-- Bien peu de chose pour elle, tout pour moi.
-- Enfin?
-- Votre appartement est au-dessus du mien?
-- Oui.
-- Qu��elle attende derri��re la porte. Je frapperai doucement trois coups; elle ouvrira, et vous aurez la preuve que je vous ai offerte.
Madame
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 134
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.