sur ses administr��s en balbutiant: ?Foutez-moi le camp... foutez-moi le camp... tas de brutes... foutez-moi le camp....? En une seconde le cordon de curieux s'��largit de deux cents m��tres.
La Roque s'��tait relev��e, retourn��e, assise, et elle pleurait maintenant dans ses mains jointes sur sa face.
Dans la foule, on discutait la chose; et des yeux avides de gar?ons fouillaient ce jeune corps d��couvert. Renardet s'en aper?ut, et, enlevant brusquement sa veste de toile, il la jeta sur la fillette qui disparut tout enti��re sous le vaste v��tement.
Les curieux se rapprochaient doucement; la futaie s'emplissait de monde; une rumeur continue de voix montait sous le feuillage touffu des grands arbres.
Le maire, en manches de chemise, restait debout, sa canne �� la main, dans une attitude de combat. Il semblait exasp��r�� par cette curiosit�� du peuple et r��p��tait: ?Si un de vous approche, je lui casse la t��te comme �� un chien.?
Les paysans avaient grand'peur de lui; ils se tinrent au large. Le docteur Labarbe, qui fumait, s'assit �� c?t�� de la Roque, et il lui parla, cherchant �� la distraire. La vieille femme aussit?t ?ta ses mains de son visage et elle r��pondit avec un flux de mots larmoyants, vidant sa douleur dans l'abondance de sa parole. Elle raconta toute sa vie, son mariage, la mort de son homme, piqueur de boeufs, tu�� d'un coup de corne, l'enfance de sa fille, son existence mis��rable de veuve sans ressources avec la petite. Elle n'avait que ?a, sa petite Louise; et on l'avait tu��e; on l'avait tu��e dans ce bois. Tout d'un coup, elle voulut la revoir, et, se tra?nant sur les genoux jusqu'au cadavre, elle souleva par un coin le v��tement qui le couvrait; puis elle le laissa retomber et se remit �� hurler. La foule se taisait, regardant avidement tous les gestes de la m��re.
Mais, soudain, un grand remous eut lieu; on cria: ?Les gendarmes, les gendarmes!?
Deux gendarmes apparaissaient au loin, arrivant au grand trot, escortant leur capitaine et un petit monsieur �� favoris roux, qui dansait comme un singe sur une haute jument blanche.
Le garde champ��tre avait justement trouv�� M. Putoin, le juge d'instruction, au moment o�� il enfourchait son cheval pour faire sa promenade de tous les jours, car il posait pour le beau cavalier, �� la grande joie des officiers.
Il mit pied �� terre avec le capitaine, et serra les mains du maire et du docteur, en jetant un regard de fouine sur la veste de toile que gonflait le corps couch�� dessous.
Quand il fut bien au courant des faits, il fit d'abord ��carter le public que les gendarmes chass��rent de la futaie, mais qui reparut bient?t dans la prairie, et forma haie, une grande haie de t��tes excit��es et remuantes tout le long de la Brindille, de l'autre c?t�� du ruisseau.
Le m��decin, �� son tour, donna des explications que Renardet ��crivait au crayon sur son agenda. Toutes les constatations furent faites, enregistr��es et comment��es sans amener aucune d��couverte. Maxime aussi ��tait revenu sans avoir trouv�� trace des v��tements.
Cette disparition surprenait tout le monde, personne ne pouvant l'expliquer que par un vol; et, comme ces guenilles ne valaient pas vingt sous, ce vol m��me ��tait inadmissible.
Le juge d'instruction, le maire, le capitaine et le docteur s'��taient mis eux-m��mes �� chercher deux par deux, ��cartant les moindres branches le long de l'eau.
Renardet disait au juge: ?Comment se fait-il que ce mis��rable ait cach�� ou emport�� les hardes et ait laiss�� ainsi le corps en plein air, en pleine vue??
L'autre, sournois et perspicace, r��pondit: ?H��! h��!? Une ruse peut-��tre? Ce crime a ��t�� commis ou par une brute ou par un madr�� coquin. Dans tous les cas, nous arriverons bien �� le d��couvrir.?
Un roulement de voiture leur fit tourner la t��te. C'��taient le substitut, le m��decin et le greffier du tribunal qui arrivaient �� leur tour. On recommen?a les recherches tout en causant avec animation.
Renardet dit tout �� coup: ?Savez-vous que je vous garde �� d��jeuner??
Tout le monde accepta avec des sourires, et le juge d'instruction, trouvant qu'on s'��tait assez occup��, pour ce jour-l��, de la petite Roque, se tourna vers le maire:
--Je peux faire porter chez vous le corps, n'est-ce pas? Vous avez bien une chambre pour me le garder jusqu'�� ce soir.
L'autre se troubla, balbutiant: ?Oui, non... non.... A vrai dire, j'aime mieux qu'il n'entre pas chez moi... �� cause... �� cause de mes domestiques... qui... qui parlent d��j�� de revenants dans... dans ma tour, dans la tour du Renard.... Vous savez.... Je ne pourrais plus en garder un seul.... Non.... J'aime mieux ne pas l'avoir chez moi.?
Le magistrat se mit �� sourire: ?Bon.... Je vais le faire emporter tout de suite �� Ro��y, pour l'examen l��gal.? Et se tournant vers le substitut: ?Je peux me servir de votre voiture, n'est-ce pas?
--Oui, parfaitement.?
Tout le monde revint vers le cadavre.
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