au soleil; elle courut le ramasser et l'apporta joyeusement à sa
mère.
«Voyez donc, maman, le joli collier que j'ai trouvé; je le mettrai
dimanche à mon cou.
--Ma fille, ceci est un bijou qui se porte autour du bras et qu'on appelle
bracelet. Il n'est pas à nous, et nous ne pouvons pas le garder.
--Pourquoi donc, maman? Puisque je l'ai trouvé, c'est bien à nous.
--Non, ma fille; ce qu'on trouve ne nous appartient pas; il y a toujours
quelqu'un qui l'a perdu.
--Mais, maman, si personne ne l'a perdu?
--Ce n'est pas possible, mon enfant: les bijoux ne poussent pas comme
l'herbe dans les champs.
--Et si personne ne le redemande?
--Ça ne doit pas nous empêcher de chercher à qui ce bracelet peut
appartenir; nous nous en informerons dans tout le pays.
--Et s'il n'est à personne?
--Eh bien, nous le garderons soigneusement, et l'on finira par venir le
réclamer.»
Jeanne ne paraissant pas très-contente, sa mère lui dit: «Écoute-moi, ma
Jeanne: si tu avais perdu ton bissac en chemin, ne serais-tu pas contente
qu'on te le rendît?
--Oui, maman, car il m'est bien utile pour mettre le pain qu'on me
donne.
--Eh bien! la dame qui a perdu ce joyau en est en peine; elle le regrette
comme tu regretterais ton bissac. Dès que nous saurons où elle demeure,
nous le lui reporterons.»
Quand elles furent rentrées chez la mère Nannette, elles lui montrèrent
ce qu'elles avaient trouvé et lui demandèrent si elle savait qui pouvait
avoir perdu un si beau bijou.
«Ce ne peut être que Mme Dumont; il n'y a qu'elle dans le pays qui
porte des choses pareilles. Elle demeure dans le voisinage, derrière les
beaux arbres que l'on voit d'ici. Il faut aller le lui reporter tout de suite,
si vous n'êtes point trop lasses; suis sûre qu'elle en est fort inquiète.
--Je suis trop fatiguée pour marcher encore; mais demain matin j'irai
chez cette dame avec Jeanne, et je lui rendrai ce qui est à elle. Comme
on nous a beaucoup donné aujourd'hui et que je suis très-lasse, je me
reposerai demain toute la journée, pour avoir la force d'aller samedi
dans notre village, prier maître Guillaume de m'apporter mon lit.»
Catherine et sa fille rapportent le bracelet.
Le lendemain matin, Catherine peigna les grands cheveux noirs de sa
petite fille avec encore plus de soin qu'à l'ordinaire; elle lui lava le
visage et les mains, l'habilla le plus proprement qu'elle le put, et elles
partirent pour aller chez Mme Dumont.
Elles arrivèrent devant une grille qui servait de porte à un beau jardin;
mais, comme il n'y avait personne, Catherine suivit le mur et vit une
grande porte qui donnait dans la cour et qui était ouverte. Une servante,
qui l'aperçut, lui apporta un morceau de pain et deux sous.
«Merci, mademoiselle, dit Catherine; mais je voudrais parler à votre
dame.
--Ma pauvre femme, on ne peut guère la voir à cette heure-ci.
--Eh bien! voulez-vous lui demander si c'est elle qui a perdu ce que j'ai
trouvé hier sur la grande route?»
Et elle montra le bijou, qu'elle avait enveloppé d'un chiffon bien blanc.
«Justement! c'est le bracelet que madame a perdu hier en se promenant
avec les enfants! Elle va être bien contente de le retrouver; car nous
l'avons cherché jusqu'à la nuit. Je vais le lui porter: en attendant, ma
brave femme, asseyez-vous sur le banc. Petite, viens avec moi, tu
rendras toi-même le bracelet à madame.»
La petite Jeanne regarda sa mère, qui lui dit:
«Va, ma fille, et sois bien honnête.»
Madame Dumont.
La servante prit Jeanne par la main et la fit entrer dans la maison. Elles
montèrent un grand escalier et traversèrent une chambre pleine de
beaux meubles. Jeanne ouvrait de grands yeux, car elle n'avait jamais
rien vu de semblable. Elles entrèrent dans une autre chambre où il y
avait deux lits tout blancs. Mme Dumont était occupée à peigner les
cheveux blonds d'une petite demoiselle qui était de l'âge de Jeanne, et
qui se mit à dire:
«Ah! maman, la jolie petite fille; voyez donc!»
Mme Dumont leva les yeux, et sa servante lui dit:
«Cette enfant a trouvé le bracelet de madame et vient le lui rapporter.
Allons, petite, avance donc; madame est bien bonne; n'aie pas peur!»
Jeanne se laissa mener par la servante en tenant la tête baissée et sans
oser seulement lever les yeux.
La dame lui dit:
«Tu ne sais pas tout le plaisir que tu me fais, mon enfant, en me
rapportant ce bracelet. Qui es-tu donc?»
Comme Jeanne ne disait rien, la servante répondit pour elle:
«Madame, sa mère est en bas à la porte; c'est une pauvre femme qui
demande son pain.
--Je descendrai la voir aussitôt que j'aurai relevé les cheveux d'Isaure.
--Madeleine, s'écria
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