saurait indiquer, au besoin, comment elle peut être améliorée. Mais, en ce moment, par un phénomène inou?, l'armée n'est pas du même c?té que le gouvernement: muette comme toujours, elle est au fond de son coeur, elle aussi, avec tout le pays, ?dans l'opposition?, et elle ne peut pas n'y pas être. Or, elle ne peut être réformée avec fruit que par des mains qui l'aiment. Attendons.
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Second point du programme:--Nous voulons une république qui mérite ce nom et qui ne soit pas contradictoire à son principe. La république est le gouvernement de tous dans l'intérêt de tous. Les exceptions, les proscriptions, les actes arbitraires et tyranniques, odieux dans une monarchie, sont des crimes sans nom dans une république. C'est nous, les opposants, qui sommes les républicains et les démocrates: nos gouvernants et leurs complices ne sont, présentement, qu'une oligarchie factieuse.
Nous voulons la république de tout le monde, et non plus la république des francs-ma?ons. Plus de lois persécutrices, de ces lois qui restreignent les droits de telle ou telle catégorie de citoyens, et qui violent le principe sacré de l'égalité de tous devant la loi. Nous demandons le maintien, à nos risques et périls, de la liberté de la presse. Tout en respectant le privilège centenaire de l'Université, nous demandons le maintien de ce qui nous reste de la liberté d'enseignement, de cette liberté qu'on menace obliquement et avec la plus ignoble hypocrisie. Et nous demandons la liberté d'association, qui est de droit naturel. Ce droit, à vrai dire, devrait être sous-entendu, et, sans même être inscrit dans nos codes, s'exercer sous le régime du droit commun.
Ce droit d'association, toutes les monarchies d'Europe, même l'Espagne, même l'Autriche, le possèdent; et, nous, République, nous ne l'avons pas! ou plut?t,--ce qui est encore plus révoltant,--il n'existe chez nous, en fait, que pour un parti. Et quand on sait combien ce droit pourrait être bienfaisant; quand on sait qu'il permettrait à la démocratie de s'organiser, de se ?hiérarchiser? librement, et, peut-être, de résoudre une par une les questions sociales, on se sent pénétré de douleur et de colère en songeant qu'une faction ma?tresse des pouvoirs publics détient pour elle et nous refuse ce droit primordial, et transforme ainsi en instrument de tyrannie ce qui devrait être un agent de progrès et de salut national.
Enfin, depuis quinze ans, nos oppresseurs n'ont fait que de la politique, c'est-à-dire qu'ils se sont uniquement attachés à conquérir le pouvoir pour les bénéfices qu'il procure. Ils ont fait des lois politiques, c'est-à-dire des lois propres à leur faciliter, puis à leur assurer cette conquête. Ils n'ont pas fait de lois sociales, c'est-à-dire des lois qui profitent à tous et qui, sans prétendre changer la nature des choses, essayent d'en atténuer l'iniquité; ou, s'ils ont fait des lois sociales, c'étaient encore, par un détour, des lois politiques et qui, dans leur pensée, devaient profiter d'abord à leur parti.--Eh bien, dans cette ?République de tous? que nous rêvons, nous voudrions que le Parlement ne f?t plus de lois politiques (la Constitution elle-même, révisée ou non, l'en dispensera une fois pour toutes), mais qu'il s'occupat uniquement de législation économique et sociale; qu'il ne f?t plus de lois ma?onniques, mais des lois fran?aises, des lois populaires, des lois humaines.
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Troisième point du programme: conjurer la ruine financière.--Nos oppresseurs, depuis quinze ans, n'ont cessé de gaspiller l'argent du pays, le plus souvent dans un intérêt électoral. Nous avons, avec une dette de trente-cinq milliards qu'on n'amortit pas, un budget de trois milliards et demi, et qui, chaque année, s'accro?t de cinquante millions. Cela est fou. Et ce qui nous attend, ce à quoi nous marchons d'un pas régulier et s?r, c'est la banqueroute, ou, si vous voulez, la conversion du 3 0/0, c'est-à-dire l'épargne fran?aise ruinée au tiers ou à moitié. Et ainsi nos ma?tres, ces hommes sans bonne grace, sans charité intellectuelle, ont été, en outre, de détestables intendants de la fortune du peuple.
Tout le monde convient que cela ne saurait durer. Personne n'ose proposer les remèdes. Au fait, quels seraient-ils? Monopole de la rectification et de la vente des alcools assurés à l'Etat? Simplification des rouages administratifs? Suppression des sous-préfectures et des tribunaux d'arrondissement? Suppression, par voie d'extinction, d'une moitié de notre dévorante bureaucratie? Nouvelle répartition des imp?ts, à la fois plus équitable (par suite moins durement sentie) et aussi productive? Quel problème!... Peut-être cependant l'évidence grandissante du mal rendra-t-elle possible demain ce qui semble aujourd'hui impraticable. En attendant, il faudrait du moins que toute proposition d'accroissement des dépenses non compensé par une diminution correspondante f?t considérée comme un crime public.
En résumé, amour de la patrie et respect de l'armée; une République qui soit la chose de tous, et non plus le butin d'un parti; enfin, une République économe de nos deniers: voilà le
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