caisse et le chargement sur les camions, -- Laurent ne tarda pas �� attribuer une influence occulte, fatidique et perverse au milieu m��me, �� cet appareil, �� cet outillage o�� se trouvaient appliqu��s tous les perfectionnements de la m��canique et les r��centes inventions de la chimie.
Il descendait dans les chambres de chauffe, louvoyait dans les salles des machines, passait des cuves o�� l'on ��pure la mati��re brute en la fondant et en la refondant encore, aux presses o��, d��pouill��e de substances viles, comprim��e en des peaux de b��tes, elle se solidifie �� nouveau.
Au nombre des ateliers o�� se trituraient les graisses, le plus mal fam�� ��tait celui des acr��olines, substance incolore et volatile dont les vapeurs corrosives s'attaquaient aux yeux des pr��parateurs. Les patients avaient beau se relayer toutes les douze heures et prendre de temps en temps un cong�� pour neutraliser les effets du poison, �� la longue l'odieuse essence d��jouait leurs pr��cautions et leur crevait les prunelles.
C'��tait comme si la Nature, l'��ternel sphynx furieux de s'��tre laiss�� ravir ses secrets, se vengeait sur ces infimes auxiliaires des d��faites que lui infligeaient les savants.
Plus exp��ditive que les vapeurs corrodantes, mais aussi lache, aussi sournoise, la force dynamique cache son jeu et, ne parvenant pas toujours �� se venger en bloc, par une explosion, des hommes qui l'ont asservie, guette et atteint, une �� une, ses victimes. Le danger n'est pas �� l'endroit o�� la machine en pleine activit�� gronde, mugit, tr��pigne, met en tr��pidation les ��paisses cages de ma?onnerie, dans lesquelles sa masse d'acier, de cuivre et de fonte, plonge jusqu'�� mi-corps, comme un g��ant emmur�� vif. Ses rugissements tiennent en ��veil la vigilance de ses gardiens. Et m��me pr��t �� se lib��rer de ses entraves, �� ��clater, �� tout faire sauter autour de lui, le monstre est trahi par son flotteur d'alarme et la vapeur accumul��e s'��chappe inoffensive par les soupapes de s?ret��. Mais, c'est loin du g��n��rateur, des volants et des bielles que la machine conspire contre ses servants. De simples rubans de cuir se d��tachent de la masse principale, comme les longs bras d'un poulpe, et, par des trous pratiqu��s dans les parois, actionnent les appareils tributaires. Ces bandes sans fin se bobinent et se d��bobinent avec une grace et une l��g��ret�� ��loignant toute id��e de s��vices et d'agressions. Elles vont si vite qu'elles en semblent immobiles. Il y a m��me des moments qu'on ne les voit plus. Elles s'��chappent, s'envolent, retournent �� leurs point de d��part, repartent sans se lasser, accomplissent des milliers de fois la m��me op��ration, ��voluent en faisant �� peine plus de bruit qu'un battement d'ailes ou le ronron d'une chatte caline, et lorsqu'on s'en approche leur souffle vous effleure ti��de et z��phyr��en.
�� la longue l'ouvrier qui les entretient et les surveille ne se d��fie pas plus de leurs atteintes que le dompteur ne suspecte l'apparente longanimit�� de ses f��lins. Aux intervalles de la besogne, elles le bercent, l'induisent en r��verie; ainsi, murmures de l'eau et nasillements de rouet. Mais chattes veloureuses sont panth��res �� l'aff?t. Toujours d'aguets, dissimul��es elles profiteront de l'assoupissement, d'une simple d��tente, d'un furtif nonchaloir, d'un geste indolent du manoeuvre, du besoin qu'il ��prouvera de s'adosser, de s'��tirer en ��vaguant...
Elles profiteront m��me de son d��braill��. Une chemise bouffante, une blouse lache, un faux pli leur suffira. Ma?tresses d'un bout de v��tement, les courroies de transmission, adh��sives ventouses, les cha?nes sans fin, tentacules pr��hensiles, tirent sur l'��toffe et, avant qu'elle se d��chire, l'aspirent, la ram��nent �� eux; et le pauvre diable �� sa suite. Vainement il se d��bat. Le vertige l'entra?ne. Un hurlement de d��tresse s'est ��trangl�� dans sa gorge. Les tortionnaires ��puisent sur ce patient la s��rie des supplices obsol��tes. Il est ��tendu sur les roues, ��piaut��, scalp��, charcut��, d��pec��, projet�� membre �� membre, �� des m��tres de l�� comme la pierre d'une fronde, ou exprim�� comme un citron, entre les engrenages qui aspergent de sang, de cervelle et de moelles les ��quipes ameut��es, mais impuissantes. Rarissime l'holocauste rachet�� au minotaure ivre de repr��sailles! S'il en r��chappe, c'est avec un membre de moins, un bras r��duit en bouillie, une jambe fractur��e en vingt endroits. Mort pour le travail, vivant d��risoire!
Courir sus �� la tueuse? Arr��ter le mouvement? L'homme est estropi�� ou exp��di�� avant qu'on ait seulement eu le temps de s'apercevoir de l'in��gal corps �� corps.
Laurent assimila aux pires engins de torture et aux plus mal��fiques ��lixirs des inquisiteurs les merveilles tant vant��es de la physique et de la chimie industrielles; il ne vit plus que les revers de cette prosp��rit�� manufacturi��re dont Gina, de son c?t��, n'apercevait que la face radieuse et brillante. Il devina les mensonges de ce mot Progr��s constamment publi�� par les bourgeois; les impostures de cette soci��t�� soi-disant fraternelle et ��galitaire, fond��e sur un tiers ��tat plus rapace et plus d��natur�� que les
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