ma?tres f��odaux. Et, d��s ce moment, une piti�� profonde, une affection instinctive et absorbante, une sympathie quasi maternelle, presque amoureuse, dont les expansions c?toieraient l'hyst��rie, le prit, au tr��fond, des entrailles, pour l'immense l��gion des parias, �� commencer par ceux de ses entours, les braves journaliers de l'usine Dobouziez appartenant pr��cis��ment �� cette excentrique et m��me interlope pl��be faubourienne grouillant autour du ?Moulin de pierre?; il prit �� jamais le parti de ces lurons d��lur��s et si savoureusement p��tris, peinant avec tant de cranerie et bravant chaque jour la maladie, les v��n��fices[1], les mutilations, les outils formidables qui se retournaient contre eux, sans perdre, un instant leurs mani��res rudes et libres, leur familiarit�� dont le rago?t excusait l'ind��cence.
Avec eux, le gamin devenait communicatif. Lorsqu'il les rencontrait, noircis, en sueur, haletants, et qu'ils lui tiraient leur casquette, il s'enhardissait �� les accoster et �� les interroger. Apr��s les petites pers��cutions �� mots couverts, les ironies, les r��ticences et les tortures sourdes subies dans les salons de ses tuteurs, il lui semblait inhaler des bouff��es d'air vif et agreste au sortir d'une serre chaude peupl��e de plantes forc��es et de senteurs qui ent��tent. Il en vint �� se consid��rer comme le solidaire de ces infimes. Sa faiblesse opprim��e communiait avec leur force passive. Il se conciliait ces chauffeurs, machinistes, chargeurs, manoeuvres. Eux r��pondaient aux avances touchantes de cet enfant rebut��, moralement n��glig��, m��connu, sevr�� de tendresse familiale, dont les larbins et la valetaille, cette lie de la pl��be, prenant exemple sur F��licit��, parlaient en haussant les ��paules, comme d'une charge pour la maison, comme d'un ?quart de monsieur?.
IV. LE ROBINSON SUISSE
-- Duss��-je vivre jusqu'�� la fin du monde, racontait �� Laurent le machiniste, ancien cavalier de l'arm��e, en train de fourbir, d'astiquer ou plut?t de bouchonner le monstre m��tallique de la force de trois cents chevaux-vapeur que je n'oublierai jamais cette sc��ne! ... Oui, monsieur, la rosse que voici ex��cuta de jolie besogne ce jour-l��! ... Aussi, au lieu de la panser comme �� pr��sent, suis-je souvent tent�� d'en faire autant de morceaux qu'elle en fit de mon b��nin camarade! ... Dire qu'il n'avait pas encore tir�� au sort, mon chauffeur! Et robuste, et sain qu'il ��tait le blond ?Fris��?. Pas une tare. En voil�� un conscrit que le conseil de milice n'e?t pas r��form��! ... Il ��tait tellement bien fait, qu'un de ces messieurs de l'Acad��mie l'a sculpt�� en marbre blanc, comme les ?postures? du Parc, -- des idoles, m'a-t-on affirm��! Peut-��tre cette ressemblance avec les faux dieux lui a-t- elle port�� malheur!... C'est ��gal, il aurait pu se promener nu comme nos premiers parents sans choquer la pudeur de personne... Eh bien, ce n'est pas en dix, c'est en cent morceaux que la machine d��coupa ce chr��tien... Lorsqu'il s'agit d'ensevelir ces tron?ons rassembl��s �� grand'-peine, je commen?ai avec deux autres hommes de bonne volont��, -- je vous assure qu'il en fallait! -- par avaler coup sur coup, cinq d��s �� coudre de pur geni��vre... Nous roulames, comme chair �� saucisses dans une cr��pine, cette charcuterie humaine dans une demi-douzaine de draps de lit, sacrifi��s en rechignant par Mlle F��licit��... Et ce n'��tait pas encore assez de ces six larges linceuls: au sixi��me le sang giclait encore �� travers la toile!
Tandis que cette narration si ��vocative dans sa candeur barbare irritait p��niblement les nerfs du jeune Paridael, il s'entendait appeler par une grosse voix, qui essayait de se faire toute menue.
-- H��, monsieur Laurent... monsieur Lorki... Lorki! On ne lui donnait plus ce petit nom depuis la maison paternelle. Il se retourna non sans angoisse, s'attendant �� voir surgir un revenant. Et quelle ne fut sa joie en reconnaissant le particulier trapu, basan��, �� l'oeil brun clignotant, �� la barbiche annel��e.
-- Vincent! s'��cria-t-il, pale d'��motion... Vous ici!
-- �� vos ordres, monsieur Lorki!... Mais remettez-vous. On dirait, ma parole, que je vous ai fait peur... Je suis contrema?tre de la ?coulerie?... Vous savez, l'atelier des femmes...
Cette coulerie ��tait pr��cis��ment le seul quartier de l'usine o�� Laurent ne se f?t pas encore aventur��. Les faubouriennes, plus effront��es, plus tapageuses, moins endurantes m��me que leurs compagnons, ne laissaient pas de l'intimider. Souvent, de son lit, le soir, Laurent entendait sonner la cloche de d��livrance. Aux femmes on rendait la vol��e, un quart d'heure avant les hommes. C'��tait aussit?t, vers la porte charreti��re, une tr��pign��e, une galopade, un vacarme de pouliches d��brid��es. Au dehors, cependant, elles lambinaient, tra?naient la semelle. La cloche tintait de nouveau. Les hommes d��talaient �� leur tour, plus lourdement, mais en se ralliant d'une voix moins aigre. Et, apr��s quelques instants, au bout de la rue, s'��levaient, confondues, des clameurs de femmes violent��es et de galants bourrus. Laurent en gagnait la chair de poule. ?Ah, les cruels, voil�� qu'ils les empoignent!? L'innocent ne comprenait rien encore �� ces jurons, �� ces
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