de le, é, masculin trouueront estrange, que ie repudie le, z, en ces
mots uoluptés, dignités, & aultres semblables. Mais s'ilz le trouuent
estrange, il leur procedera d'ignorance, & mauluaise coustume d'escrire:
laquelle il conuient reformer peu à peu.
[En marge: é Masculin ne se mect seulement en fin de diction.]
Oultre ce, qui est dict, saiche, que, é, de pronunciation masculine ne se
mect seulement en fin de diction, mais aussi deuant la fin. Exemple.
Iournée, renommée, meslée, assemblée, diffamée, affolée: & aultres
mots, qui se forment du masculin en feminin: comme est de despité,
despitée: de courroucé, courroucée: de suborné, subornée: &
semblables dictions tant au singulier nombre, qu'au plurier. Exemple.
du plurier. Contrées, iournées, assemblées, menées.
[En marge: e Feminin.]
L'aultre pronunciation de ceste lettre, e, est feminine: c'est adire de peu
de son, & sans uehemence. Estant feminine elle ne repcoit aulcun
accent. Exemple. Elle est notable femme, de bonne uie, de bonne
rencontre, & aultant prudente, & sage, que femme, qui se trouue en
ceste contrée.
Note aussi, que quand ceste lettre, e, est feminine, elle est de si peu de
force, que tousiours elle est mangée, s'il s'ensuict apres elle ung [En
marge: L'origine de synalelphe, & apostrophe en la langue Francoyse.]
mot commencant par uoyelle. De la ont leur origine les figures
appellées Sinalelphe, & Apostrophe. Entre lesquelles figures il y a
aulcune difference, comme nous demonstrerons maintenant.
[En marge: Synalelphe.]
La figure, que nous appellons synalelphe, ou collision, oste & mange la
uoyelle en proferant seulement, & non en escripuant: car ladicte uoyelle
se doibt escrire. Exemple en prose. I'ay esperance en luy, & me fie en
la grande amour, & largesse extreme, de laquelle il use enuers touts
gens scauants. En ceste exemple, la derniere lettre d'esperance, fie,
grande, largesse, laquelle, use, se perd en proferant, a cause des aultres
mots ensuiuants, qui commencent pareillement par uoyelle. Mais non
obstant la collision, il fault escrire tout au long tant en prose, qu'en uers.
Exemple en rhythme:
Tu es tant belle, & de grace tant bonne, Qu'a te seruir tout gentil cueur
s'addonne.
Necessairement en ce mot, belle, le dernier, e, est mangé: ou aultrement
le uers seroit trop long. Et les Factistes, qui composent rhythmes en [En
marge: Couppe feminine.] langage uulgaire, appellent cela couppe
feminine: c'est adire abolition de le, e, feminin, qui rencontre une aultre
uoyelle, par laquelle il est aboli apres la quatriesme syllabe du uers. De
cecy ie parleray plus amplement en l'art poëtique.
Ce dict, e, feminin est aulcunesfoys aultrement mangé par apostrophe.
[En marge: ' Apostrophe.] Or l'apostrophe oste du tout la uoyelle finale
de ce, qui precede la uoyelle du mot ensuiuant: & faict, qu'elle ne
s'escript, ne profere aulcunement: & suffist, que seulement on la
marcque au dessus par son petit poinct. Deuant que de t'en bailler
exemple, ie t'aduertis, [En marge: Apostrophe eschet sur monosyllabes.]
qu'apostrophe eschet principalement sur ces monosyllabes, ce, se, si, te,
me, que, ne, ie, re, le, la, de. Et combien que les Francoys n'ayent de
coustume de signer ledict apostrophe, si en usent ilz naturellement:
principalement aux monosyllabes dessusdicts, quand le mot ensuiuant
se commence semblablement par uoyelle.
[En marge: h N'empesche poinct l'apostrophe en quelcques dictions.]
Et si d'aduanture il se commence par, h, cela n'empesche poinct
quelcquefoys l'apostrophe: car nous disons, & escripuons sans uice,
l'honneur, l'homme, l'humilité: & non le honneur, le homme, la
humilité. Au contraire nous disons sans apostrophe le haren, la
harendiere, la haulteur, le houzeau, la housse, la hacquebute, le
hacquebutier, la hacquenée, le hazard, le hallecret, la hallebarde. Et si
ces mots se proferent sans grande aspiration, la faulte est enorme. De
laquelle [En marge: h Mal pronuncée par aulcunes prouinces.] faulte
sont pleins les Auuergnats, les Prouuencaulx, les Gascons, & toutes les
prouinces de la langue d'oc. Car pour le haren il disent l'aren: pour la
harendiere, l'arendiere: pour la haulteur, l'aulteur: pour le houzeau,
l'ouzeau: pour la housse, l'ousse: pour la honte, l'onte: pour la
hacquebute, l'acquebute: pour la hacquenée, l'acquenée: pour le hazard,
l'azard: pour le hallecret, l'allecret: pour la hallebarde, l'allebarde. Et
non seulement (qui pis est) font ceste faulte au singulier nombre de
telles dictions, mais aussi au plurier. Car pour des harens, il disent des
arens: pour les hacquenées, les acquenées, pour mes houzeaux, mes
ouzeaux: pour il me fault, ou ie me uois houzer, il me fault ouser. Or ie
laisse le uice de ces nations, & reuiens a ma matiere.
[En marge: ce Auec apostrophe.]
Exemple de, ce. C'est grand' follie, de prendre pied à ses paroles. Sans
apostrophe il fauldroit dire: Ce est grand' follie. Entends toutesfois, [En
marge: cest Sans apostrophe.] que souuent ce mot, cest, n'a point
d'apostrophe: comme quand nous parlons ainsi. Cest oeuure est digne
de louange. Cest
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