de granit, sa colonnade, sa terrasse italienne, et le soleil qui la colorait la rendait ��blouissante, comme un de ces temples d'or o�� demeuraient les dieux Scandinaves.?
Spectacle enchanteur, unique, que l'on admire dans cette partie du monde seulement, comme si la nature e?t voulu la consoler, par des magnificences sans rivales, des duret��s si grandes qu'elle a eues, d'ailleurs, pour elle, �� tous autres ��gards!
Malgr�� sa faiblesse, malgr�� les besoins pressants qui le tenaillaient, Dubreuil contemplait, ��bloui, ravi, du fond de son esquif, le magique panorama d��roul�� sous ses regards.
Mais il fallait songer �� aborder; car, en supposant que ce ne f?t pas la rive d'une terre, cette barri��re de glace devait procurer au capitaine l'eau qui lui ��tait si n��cessaire et peut-��tre quelque chose �� manger!
L'op��ration pr��sentait de grandes difficult��s, notre marin ��tant fort d��bile; il n'avait �� sa disposition d'autre outil qu'un croc �� lance, trouv�� dans le canot, et la muraille se dressait perpendiculairement �� des hauteurs extraordinaires.
Mais elles ��taient d��chiquet��es en anses, baies, fiords; et Guillaume esp��ra trouver une entr��e o�� son canot serait �� l'abri des coups de mer et o�� lui-m��me pourrait d��barquer.
Cette fois, son attente ne fut pas tromp��e.
Dans un goulet profond, creus�� entre deux promontoires de glace, dont le sommet surplombait �� plus de trois cents pieds d'��l��vation, il d��couvrit une sorte d'escalier naturel, conduisant, par une pente douce, �� la cr��te de ces falaises.
La brise le poussait droit dans le goulet. Il n'eut donc besoin de se servir du croc que pour emp��cher le canot de heurter trop violemment, quand il loucha au rivage.
Apr��s l'avoir amarr�� �� une saillie de glace, Dubreuil, s'appuyant au f?t de son croc, descendit sur la plage et se mit �� genoux, pour remercier Dieu de l'assistance inesp��r��e qu'il venait de lui accorder.
Il n'y a point d'ath��es dans les grandes infortunes. Jamais l'��tre Supr��me ne manque de se r��v��ler �� elles avec sa sublime ��loquence.
Pour courte qu'elle eut ��t��, la pri��re de Guillaume n'en fut pas moins fervente.
Montant ensuite quelques marches de l'escalier, il but �� longs traits, avec cette volupt�� inexprimable que seuls connaissent ceux qui ont souffert les atroces br?lements de la soif, il but l'eau fra?che qui, sous l'ardeur du soleil, coulait par des rigoles du faite de la banquise.
L'apaisement de ce premier besoin lui rendit une partie de ses forces. Pour surcro?t de bonheur, au bout de cinq minutes, et en arrivant �� la cime de l'iceberg, il aper?ut, dans une crevasse, un nid d'oiseau aquatique, contenant cinq oeufs gros comme ceux du canard. Je laisse �� penser si cet aliment sain et nourrissant fut vite aval��!
Un peu restaur��, le capitaine examina alors le lieu o�� il ��tait parvenu.
C'��tait une plaine de glace sans bornes,--glace �� droite, glace �� gauche, glace en avant,--qui allait se fondre dans un incalculable lointain, avec la d��gradation progressive de l'azur c��leste. Pourtant, ?a et l��, des monticules ��tincelant au soleil, et, �� une longue distance, quelques vapeurs l��g��res, se tordant en spirales dans l'espace, rompaient l'uniformit�� de ce champ d'albatre.
Les vapeurs ��taient-elles produites par la fum��e d'un feu ou par l'un de ces vastes lacs qui, en ��t��, se forment fr��quemment au-dessus des banquises? Question bien int��ressante pour notre marin! Il tachait de la r��soudre, quand un grondement sourd et caverneux attira son attention d'un autre c?t��.
Guillaume se tourne avec vivacit�� et voit, �� cinquante pas de lui, un monstre qui s'��bat amoureusement sur la glace.
De couleur grisatre mouchet�� de brun, mont�� sur deux pattes fort courtes, qu'on jugerait incapables de porter le poids de son corps, l'animal avait vingt pieds de longueur, autant de grosseur et la figure g��n��rale d'un poisson, sauf la t��te, ovale; garnie aux coins de la gueule de soies piquantes et arm��e de deux d��fenses, comme celles d'un ��l��phant?.
Son mufle hideux ��tait ��clair�� par des yeux rouge-vif, qui lui donnaient un air de cruaut�� sanglante.
C'��tait une vache marine, morse, walrus ou hippopotame septentrional.
Dubreuil n'en avait pas encore vu; mais il avait lu assez de descriptions de ce gigantesque amphibie pour le reconna?tre, il savait aussi que, inoffensif si on le laisse en repos, le morse devient terrible lorsqu'il est attaqu��, surtout en mer, o��, plus d'une fois, il a renvers�� et fait chavirer, avec ses redoutables dents crochues, des embarcations charg��es d'hommes.
Sans ��tre un mets d��licat, sa chair est mangeable. Plusieurs tribus sauvages en font leurs d��lices, et les p��cheurs europ��ens ne la d��daignent pas.
Guillaume savait encore cela, et il avait faim!
C'est la pire des conseill��res que la faim! Mais aussi elle donne de la vigueur �� l'impotent, du courage au poltron, de l'habilet�� au niais. Que ne fait-elle-pas pour celui qui poss��de naturellement ces qualit��s! Dubreuil les poss��dait, les deux derni��res du moins, �� un degr�� sup��rieur:--avec celles-l��, on suppl��e ais��ment �� la premi��re, quand elle ne fait pas absolument
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