subir.
Quoique gu��rie, elle demeurait toujours dans la maison de sant�� o�� elle avait ��t�� soign��e. Le lendemain de sa visite chez le notaire, ayant pass�� la nuit enti��re �� chercher comment elle pourrait gagner sa vie, elle s'��tait r��solue �� redevenir ce qu'elle ��tait lorsque son mari l'avait connue. ?Genevi��ve ��tait orpheline d'un officier qui avait ��t�� l'ami de Pierre Davenne; c'��tait une petite ouvri��re bien modeste, bien sage...?
Genevi��ve se rendit au Temple; elle voulait acheter ses v��tements de deuil, et c'est en parlant avec la femme qui lui vendait sa coiffure, qu'elle eut l'id��e de lui demander si elle ne connaissait pas une place dans le deuil.
La femme lui demanda si elle savait le m��tier, Genevi��ve lui r��pondit,--c'��tait la v��rit��,--qu'au Havre o�� elle habitait avec son p��re, elle ��tait employ��e dans un magasin, o�� elle faisait plus sp��cialement les deuils, la marchande lui dit alors:
--Mon enfant, si vous avez du go?t, si vous savez, si vous voulez faire l'article bon march��..., n'allez donc chez personne; achetez un peu de marchandise, mettez-vous �� travailler chez vous, apportez-moi votre ouvrage, et si vous ��tes une travailleuse; si, faisant tout de vos mains, vous pouvez me donner meilleur march�� que d'autres..., ne f?t-ce que d'un sou par coiffure..., vous m'en vendrez tant que vous voudrez... Et, ajouta-t-elle, le deuil c'est bon, voyez-vous...; pas de morte-saison... ?a va toujours...
Genevi��ve soupira sans se plaindre de la cruaut�� commerciale de la remarque, et elle sortit. Elle avait trouv��. Le lendemain elle se mit �� l'oeuvre, et, huit jours apr��s, elle louait en face du Temple un petit logement de trois pi��ces, sa chambre, son atelier, une salle �� manger et une cuisine... Le m��tier dans le noir seyait �� l'��tat de son ame.
Six mois apr��s, elle occupait des ouvri��res et avait plac�� aux c?t��s de la grande porte de la rue du Temple des ��cussons que Simon n'avait pas remarqu��s, sur lesquels on lisait: _Au troisi��me, Modes et coiffures pour deuil_. C'��tait l'enseigne de la petite maison de la veuve Davenne.
Genevi��ve, en peu de temps, s'��tait fait une maison qui lui permettait de vivre bien ind��pendante. Chacun s'��tonnait autour d'elle de sa vie absolument retir��e; mais on l'attribuait �� la perte r��cente d'un ��poux ador��, et, dans ses fa?ons, dans ses mani��res, dans son langage, on devinait que la jeune femme ��tait, �� cause de ce malheur, tomb��e dans la situation difficile qui l'obligeait �� un travail journalier. Genevi��ve, plus tranquille sur son existence, consacrait tous les jours quelques heures �� la recherche de son enfant.
Ses seules sorties en dehors de son travail ��taient consacr��es �� ce but et �� sa visite au cimeti��re. Absolument douce, r��sign��e, bonne avec celles qu'elle occupait, elle ��tait toujours r��serv��e; jamais un mot n'��tait sorti de sa bouche sur le pass��; jamais elle n'avait parl�� de son enfant perdu, et si ce n'est le grand portrait en pied de Pierre qu'elle avait fait racheter apr��s la vente, pour le placer en face de son lit, et les longs habits de deuil qu'elle portait, elle n'aurait jamais parl�� de son mari...
En somme, comme une femme courageuse qu'elle ��tait, Mme Davenne ne s'��tait pas laiss�� abattre par le triple malheur qui l'avait punie: la perte de sa fille, la mort de son mari et la mis��re. Toute sa vigueur, toute sa force, toute sa volont�� ��taient revenues avec le chatiment; elle avait faut��, elle acceptait le chatiment; elle le subissait et voulait, par sa conduite, racheter le pass��. Toute son honn��tet�� native revivait enfin! Avant l'aube elle ��tait lev��e et travaillait sans arr��ter une minute, ne parlant jamais, vivant tout enti��re dans ses pens��es, dans l'espoir de retrouver son enfant...
Les premi��res d��marches qu'elle avait faites avaient ��t�� au minist��re de la marine, car elle ��tait convaincue que sa fille avait ��t�� recommand��e �� Simon Rivet, ce qui la rassurait; elle savait quelle adoration le matelot avait pour celle qu'il appelait ?sa petite lieutenante.? Au minist��re, on lui avait r��pondu que le marin Simon Rivet, lib��r�� depuis longtemps du service, ne s'��tait pas rengag��. Et cela lui fit penser que Simon habitait le pays o�� sa fille ��tait plac��e.
Elle avait alors ��t�� elle-m��me au pays natal de Simon.
L��, on lui apprit que, depuis la mort de la m��re Rivet, jamais le matelot n'avait remis les pieds au pays... et toujours elle esp��rait qu'un hasard heureux la mettrait en pr��sence du matelot... Le hasard avait ��t�� cruel: une fois il l'avait plac��e en face de Fernand; il ��tait en voiture d��couverte, ayant Iza �� ses c?t��s.
Alors, en le voyant, elle avait senti en elle une haine qui lui ��tait inconnue; elle s'��tait surprise �� d��sirer pour cet homme les plus grands supplices; il lui avait sembl�� qu'il ��tait son mauvais g��nie et que la mort de Fernand la d��livrerait de ses angoisses... Elle
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