La femme du mort, Tome II | Page 9

Alexis Bouvier
ne pouvait comprendre le sentiment indigne qui l'avait avilie jusqu'�� lui...; non seulement elle avait du remords..., elle avait honte... et elle avait de la haine. Ses baisers l'avaient souill��e, et sa mort seule en att��nuerait la fl��trissure.
Et ce jour elle ��tait rentr��e chez elle, sombre, d��sesp��r��e; elle avait pleur��, g��mi; elle avait pri��..., elle s'��tait tra?n��e �� genoux devant le portrait de son mari en lui demandant pardon, grace!
Le jour o�� Simon avait vu Genevi��ve au cimeti��re et l'avait suivie, celle-ci, en rentrant chez elle, s'occupa aussit?t des petites commandes survenues en son absence; elle s'appr��tait pour descendre au Temple, faire la petite tourn��e qu'elle faisait chaque jour chez ses clientes, prenant les commissions pour le lendemain... On frappa �� la porte. Une ouvri��re alla ouvrir. Un commissionnaire entra, tenant une lettre �� la main.
--Mme veuve Davenne?
--C'est ici, dit l'ouvri��re, voulant lui prendre la lettre.
Mais le commissionnaire recula aussit?t sa main en disant:
--Je dois la remettre �� Mme Davenne en personne.
Genevi��ve ��tait dans sa chambre, se coiffant; on alla lui r��p��ter ce que le Savoyard avait dit; elle vint aussit?t et, g��n��e de la curiosit�� maligne qu'attachaient les ouvri��res �� la lettre recommand��e, elle dit haut:
-C'est moi qui suis Mme veuve Davenne... Que voulez-vous?
--Madame, c'est une lettre.
--Je ne connais personne, en dehors de mes clients, qui puisse m'adresser des lettres.
Les ouvri��res paraissaient travailler avec ardeur, la t��te baiss��e; elles ��changeaient des regards en souriant.
Genevi��ve l'avait vu; elle reprit calme:
--Qui vous envoie?...
--Madame, je ne connais pas la personne; mais je ne puis vous la remettre qu'apr��s vous avoir fait une question.
--Une question? fit Genevi��ve ��tonn��e.
--Je dois vous demander si vous ��tes bien madame Davenne, Genevi��ve, veuve du lieutenant Pierre Davenne?
Cette fois Genevi��ve ne s'occupa plus de ses ouvri��res; tout �� fait intrigu��e et esp��rant toujours un renseignement sur ce qu'elle cherchait, elle dit:
--Oui, monsieur, oui! c'est moi!
--Je dois vous demander, madame..., avant de vous remettre la lettre, o�� vous demeuriez avec votre mari.
--Rue Payenne!...
--C'est cela, madame! Alors voici la lettre; il y a une r��ponse, et il pr��senta la lettre; il lui en resta encore une autre dans la main. Genevi��ve le remarqua,--le commissionnaire dit:
--Madame, il y a une r��ponse.
Genevi��ve ouvrit la lettre; elle tenait �� ce que ses ouvri��res en vissent autant qu'elle, ne voulant pas pr��ter �� la m��disance... A peine eut-elle jet�� les yeux sur les quelques lignes qu'elle contenait qu'elle devint d'une paleur livide. Toutes les ouvri��res la regardaient; mais, en voyant le changement de son visage, elles ne riaient plus: elles se regardaient avec inqui��tude.
Et Genevi��ve se soutenait �� l'��tabli, tant ce qu'elle avait lu l'avait frapp��e... La lettre disait:
?Si vous ��tes la veuve de Pierre Davenne, un ami vous demande de fixer un jour et une heure pour vous voir..., o�� vous voudrez... Il vous dira o�� est votre enfant... Il veut vous voir seule.
Donnez une r��ponse ��crite au porteur, qui devra devant vous la mettre sous enveloppe.
UN AMI.?
Haletante, suffoqu��e par l'��motion, Genevi��ve ne trouvait pas un mot �� dire... A un moment, ses yeux se ferm��rent et elle devint si pale, si pale, que les ouvri��res, ��mues �� leur tour, se lev��rent pour la soutenir. Il ��tait temps!... ils la firent asseoir sur une chaise et l'entour��rent. Le commissionnaire, ��tourdi, regardait la sc��ne, ��tonn�� d'avoir apport�� une nouvelle capable de faire un tel bouleversement. Les ouvri��res, secourant leur patronne, disaient:
--Madame, qu'avez-vous?... C'est un malheur?
--C'est donc bien terrible... Madame, du courage!...
--Quel malheur vous arrive encore, pauvre madame! Du courage.
Et Genevi��ve, revenant bien vite �� elle, eut un sourire pale en leur disant:
--Non, non! c'est du bonheur, au contraire, et je n'y suis plus habitu��e.
Et toutes la regardaient ��tonn��es...
--Merci, mesdemoiselles... Laissez-moi... Ce n'est rien..., vous voyez...
Et en disant ces mots elle se levait... Chacune des demoiselles retourna �� l'��tabli, et Genevi��ve, remise de son ��motion, domptant sa faiblesse, interrogea le commissionnaire pour savoir qui lui avait remis la lettre; mais celui-ci ne savait absolument rien. Un monsieur ��tait venu �� sa place, lui avait expliqu�� la commission qu'il devait faire, dit ce qu'il devait dire, l'avait pay�� en prenant son num��ro pour ��tre s?r qu'il ferait ce qui ��tait convenu.
--Et cette autre lettre? demanda Genevi��ve en montrant celle qui lui restait dans la main.
--Ce n'est pas une lettre, madame, c'est une enveloppe pr��par��e, dans laquelle je dois mettre votre r��ponse, ou que je dois jeter �� la poste telle qu'elle est, si on s'est tromp�� ou si vous refusez d'��crire.
--Vous a-t-on recommand�� de ne pas me laisser lire l'adresse ��crite dessus?
--Non, madame, fit le commissionnaire en la tendant.
Genevi��ve la prit et lut d��sappoint��e:
C. L., poste restante. 132. Paris.
--Y a-t-il une r��ponse? demanda le commissionnaire, g��n��, honn��te et pur Savoyard, que le regard effront�� de ces demoiselles embarrassait et faisait rougir.
--Oui, attendez! fit f��brilement Genevi��ve, et elle courut dans sa chambre et ��crivit:
?Mme veuve Davenne attendra
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