bien punie maintenant. Pierre, grace!... grace! Fais-moi retrouver mon enfant!
L'��motion secouait le matelot; il eut un mouvement si brusque pour se reculer qu'il en avala sa praline. C'��tait trop! Il avait deux grosses larmes sur ses joues tann��es.
--Esp��re! esp��re! grogna-t-il, je ne te quitte plus...
Et il se blottit dans un coin, attendant patiemment le d��part de celle qu'on appelait la veuve. Simon voulait la suivre et savoir ainsi sa demeure.
II
�� L'OEUVRE, SIMON!
Lorsque la veuve de Pierre Davenne, apr��s avoir remplac�� par des fleurs nouvelles les fleurs fan��es dans les vases qui ornaient le petit autel du monument consacr�� �� son ��poux, sortit calme et recueillie, Simon, pour n'��tre pas vu et reconnu dans l'all��e directe du cimeti��re, se dirigea �� travers les tombes. Il ��tait furieux contre lui, le matelot; il s'��tait v��tu le matin du costume dont il ��tait si fier, et il comprenait �� cette heure combien il ��tait absolument g��nant pour n'��tre pas remarqu�� dans la mission qu'il s'��tait impos��e.
Lorsque Genevi��ve eut pass�� la porte du cimeti��re, le matelot la suivit en longeant les murs, et il ��tait le plus malheureux du monde, car son d��sir de n'��tre pas vu l'obligeait �� se dissimuler �� chaque minute dans les portes, en m��me temps que son costume singulier attirait l'attention. Mais Genevi��ve ne voyait pas autour d'elle; tout enti��re �� sa pens��e, elle marchait droite et calme dans ses habits de deuil, sous son voile de veuve, indiff��rente et inconsciente de ce qui l'entourait.
--Bon Dieu de sang! s'��criait Simon, c'est la coquetterie qui me perdra! Est-ce que j'avais besoin de me gr��er comme ?a?... Il ne me manque qu'un pavillon... A mon age!... Vieux serin, va, tu ne peux donc pas te d��guiser comme tout le monde...;--car c'��tait le fond de la pens��e de Simon, il ��tait habill��, et, autour de lui, le monde ��tait d��guis��.--Faut que tu aies toujours l'air distingu��: tu ne pouvais pas pour une fois retirer tes bijoux... Ous qu'elle est? bon Dieu! exclamait-il.
Genevi��ve, qui avait suivi la rue de la Roquette, puis le boulevard Voltaire, tournait sur la place du Chateau-d'Eau.
C'��tait jour de march�� aux fleurs et elle s'��tait perdue. Simon s'��lan?a aussit?t, il aper?ut sa silhouette qui tournait au coin de la rue du Temple; bousculant tout, il courut, et il la vit entrer dans une maison d'assez pauvre apparence, presque en face du Temple; le Temple, ce march�� qui fut autoris�� pour y faire le commerce des vieilleries, et qui, maintenant, n'a plus gu��re que des boutiques qui peuvent rivaliser avec toutes celles o�� s'��talent les nouveaut��s et les derni��res modes sur nos boulevards.
Presque vis-��-vis du nouveau march��, disons-nous, se trouvait la maison dans laquelle entra Genevi��ve, une haute batisse portant presque sous chacune de ses fen��tres l'enseigne d'une industrie diff��rente. C'��tait comme la fabrique de tous les produits dissemblables qui se vendaient dans le march�� qui ��tait en face. Sur la fa?ade jaunie de la vieille maison, on lisait le travail qu'elle rec��lait; la plupart des fen��tres ��taient sans rideaux, ce qui indiquait les ateliers avides de jour.
Sur l'appui des autres s��chait le linge ou s'a��rait la literie; en se levant, on s'��tait mis �� l'��tabli, jetant les draps, les oreillers pr��s de la fen��tre en disant:
--Il ne faut pas perdre de temps: on fera la chambre ce soir �� la brune, le lit prendra l'air...
Dans la cour on ��tait moins r��serv��; le linge s��chait aux fen��tres,--et il y en avait presque cent, qui donnaient sur la cour avec cinq escaliers.--Aux ��tages plus haut, les coudi��res ��tant trop ��troites pour porter toute la lessive, de longues perches sortaient des crois��es toutes charg��es de loques multicolores...; si bien que lorsque Simon se glissa sous le porche, qu'il entra dans la cour et qu'il leva les yeux en l'air, il exclama...
--C'est une f��te...; ils ont hiss�� les pavillons!...
Il resta assis sur la borne, regardant la vieille maison... De tout le rez-de-chauss��e s'exhalaient des odeurs qui le bouleversaient. C'��tait un vernisseur sur m��taux qui passait le cuivre �� l'eau-forte et il toussait �� en perdre la respiration; puis c'��tait l'odeur, presque le parfum des pi��ces vernies qui, sur le feu, �� la porte, prenaient des tons d'or, qui lui montait au cerveau..., et ses oreilles se secouaient sous le vacarme, et les ferblantiers, et les ciseleurs, et l'estampeur..., et les cris et les chants... Il restait abruti.
Et pensant que celle qu'il avait suivie et qui demeurait l�� avait ��t�� autrefois si choy��e dans le calme petit pavillon de la rue Payenne, qu'elle n'ouvrait ses fen��tres que pour respirer l'odeur des fleurs, qu'elle n'ouvrait les yeux que pour voir le sourire de son enfant et l'amour de son mari, il dit malgr�� lui:
--Ah! bon Dieu de Dieu! la pauvre femme!
Et comme �� ce moment le vernisseur jetait dans le ruisseau l'eau qui lui avait
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.