lui semblait bien cruel.
Apr��s avoir longuement interrog�� pour ne rien savoir, sinon que le pavillon avait ��t�� lou�� �� un sculpteur qu'on ne voyait presque jamais, qui ne sortait que le soir, Simon dit au revoir �� son ami, vida son verre, passa sa manche sur sa bouche et sortit en se disant:
--Comment que je pourrais bien avoir de ses nouvelles?... savoir si elle est encore de ce monde? Et il gratta son crane de ses ongles durs, tachant de faire jaillir une id��e de son cerveau. Il marchait, grognant, jurant et ne trouvait rien.
Pour ��claircir ses id��es, il renouvela sa ?praline? et se mit �� marcher avec rage... Il ��tait remont�� vers les boulevards, avait pris la rue du Chemin-Vert, et s'engageait dans la rue de la Roquette; un convoi passait qui l'obligea �� s'arr��ter; il regarda machinalement autour de lui pour voir o�� il ��tait. En face de lui se trouvait la boutique d'un marbrier-jardinier, sp��cialiste de monuments fun��raires... Une ancre servait d'enseigne; il lut ce qu'il y avait au-dessous, et remarqua cette phrase: Entretien de tombes �� l'ann��e.
--Esp��re! esp��re! exclama-t-il alors; j'ai mon id��e...
Et content de lui, il se dirigea vers le cimeti��re du P��re-Lachaise.
L'id��e de Simon ��tait la plus simple du monde: il allait dans le cimeti��re; assur��ment le caveau de la famille Davenne devait ��tre confi�� aux soins d'un des marbriers sp��ciaux; il allait donc s'adresser au conservateur du P��re-Lachaise o�� on lui donnerait les renseignements qu'il d��sirait, ou bien o�� on lui indiquerait le moyen de les avoir.
D��s qu'il fut entr��, il se dirigea vers le monument. Simon ��tait un croyant; il savait pertinemment que son lieutenant n'��tait pas enterr�� l��, mais cela n'y fit rien: il ?ta respectueusement son petit chapeau, expectora, se mit �� genoux et fit avec conviction une courte pri��re pour le repos de l'ame de son ma?tre. Simon ��tait pour la forme. Ayant fait sa pri��re, il regarda �� travers la grille de la porte, dans l'int��rieur du monument... Les couronnes ��taient neuves, des vases ��taient pleins de fleurs naturelles, toutes fra?ches...
--Ah! mais! fit Simon, c'est bien entretenu, ?��!...
Et, apercevant un gardien qui s'��tait arr��t�� et semblait le surveiller, ��tonn�� sans doute de la curiosit�� irrespectueuse du matelot, il alla vers lui:
--Dites donc, monsieur, est-ce que vous ne pourriez pas me dire le nom et me donner l'adresse de celui qui est charg�� d'entretenir ce caveau?
Le gardien le regarda, trouvant singuli��re la question, singuli��re la curiosit�� et singulier le personnage.
--Pourquoi me demandez-vous ?a?
Simon vit tout de suite qu'on le prenait pour un autre, c'est-��-dire pour un de ces gredins sacril��ges qui r?dent dans les cimeti��res et volent dans les monuments fun��bres les flambeaux des chapelles... Il s'empressa de r��pondre:
--Dites donc, eh! camarade, il ne faut pas se tromper... C'est Simon Rivet qui vous parle, le matelot de... celui qui est l��... du lieutenant Pierre Davenne... Je reviens de faire le tour du monde (il y tenait), et ma premi��re pens��e au retour a ��t�� pour mon pauvre ma?tre.
Le gardien changea aussit?t de ton et il dit:
--Il est confi�� aux soins d'une femme qui probablement connaissait la famille; elle vient tous les deux ou trois jours, elle est toujours en deuil.
--Une femme! De quel age?
--Environ vingt-cinq ans.
--Merci bien, je tacherai de la voir ici.
Et le gardien s'��tant ��loign��, Simon s'��cria:
--Esp��re! esp��re! je m'amarre ici... et quand je devrais y venir tous les jours... faudra bien que je la voie... Vingt-cinq ans... c'est elle! Elle vient tous les deux ou trois jours. Pauvre ch��re femme!... Ah! c'est bien, ?a!... c'est bien!
Et il essuyait brutalement une larme qui coulait sur sa joue.
--Je me vas embosser l��, �� l'ombre!...--Et il se pla?ait derri��re le monument, de fa?on �� ne pas ��tre vu,--et j'esp��re... Ainsi, cette pauvre malheureuse se d��sole pendant que l'autre est vivant!... Et elle vient l�� comme une sainte... Elle vient s'ab?mer �� force de pleurer... Cr��di��! elle n'est pas la seule qui ait fait ce qu'elle a fait... ?a me fait quelque chose d'��tre ici.
Simon ��tait l�� depuis deux grandes heures; il s'��tait �� son tour racont��, pour se distraire, son voyage autour du monde..., lorsqu'il vit descendre par la grande avenue une femme v��tue de deuil; il se cacha aussit?t. Malgr�� son long voile de veuve, il la reconnut, c'��tait elle! Genevi��ve Davenne..., la veuve du vivant. Elle avan?a lentement, recueillie; elle portait un bouquet de fleurs nouvelles; elle passa sans le voir pr��s du matelot; ��tant entr��e dans le monument et en ayant ferm�� la porte, elle s'agenouilla et se mit �� prier. Simon se glissa sans bruit pr��s de la grille; ne pouvant voir sans risquer d'��tre vu, il appliqua sa large oreille sur la serrure de la porte.
Apr��s une longue pri��re, il entendit la voix suppliante de la jeune femme qui disait:
--Pierre..., mon Pierre..., je suis
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