pour l'��tat civil, il ��tait mort. Sa femme ��tait veuve, veuve d'un vivant. Elle l'avait oubli��, assur��ment, et elle ne devait avoir qu'une pens��e: sa Jeanne. L��, peut-��tre, ��tait l'att��nuation.
S'il consentait �� se s��parer de son enfant, �� la placer dans un pensionnat, il ferait, par une lettre et par l'entremise de son matelot, pr��venir Genevi��ve que, sous la condition de laisser l'enfant dans la maison o�� elle ��tait plac��e, on lui dirait o�� ��tait Jeanne, et elle serait autoris��e �� l'aller voir. Mais rien ne pouvait emp��cher la m��re de r��clamer son enfant, et si, malgr�� ses promesses, Genevi��ve ramenait sa fille chez elle, il lui devenait impossible de la reprendre, surtout l��galement, et que deviendrait-il sans l'��tre ador�� pour lequel il vivait?
Ne valait-il pas mieux conduire l'enfant devant le caveau de famille, et continuer le lugubre mensonge? Mais aujourd'hui Jeanne savait lire... et le nom de son p��re sur les dalles rendait cette supercherie impossible...
--Au reste, pensa-t-il tout �� coup, qu'est-elle devenue? Est-elle vivante seulement?... S'est-elle arr��t��e dans la voie honteuse o�� elle s'engageait... Est-elle digne encore de l'int��r��t qu'ils semblent maintenant lui porter?... Qu'est-elle devenue enfin?
Et, quoi qu'il f?t pour chasser cette pens��e, elle revenait sans cesse... Aussi ennuy��, nerveux, il dit:
--Il faut que je sache ce qu'elle est devenue.
Il fit appeler Simon. On lui dit que le matelot venait de sortir.
--Bah! demain, je ne penserai plus �� tout cela...
Et il se retira dans sa chambre, cherchant toujours �� ��loigner cette aga?ante id��e... Il eut beau faire, rien ne put la chasser de son cerveau. Il voulut voir Jeanne: l'enfant dormait; il monta dans sa chambre et redevint plus gai en voyant le charmant baby endormi, calme, dans le flot de ses cheveux blonds, qui formaient comme une aur��ole autour de son visage rose. Il se pencha pour l'embrasser doucement, afin de ne pas l'��veiller. Jeanne souriait, et ses l��vres rouges remuaient, elle r��vait. Il ��couta et il l'entendit dire:
--Petite m��re aim��e...
Pierre se releva aussit?t; il sortit de la chambre, agit��, fi��vreux; il alla se jeter sur son lit, croyant avoir le sommeil et l'oubli; mais ce fut en vain.
Le jour le retrouva, pleurant et g��missant.
--Mais que vais-je faire alors,... malheureux que je suis?
Lorsqu'il fut lev��, il fit appeler son matelot. Simon, lui r��pondit-on, ��tait parti au petit jour. Pierre fut ennuy��, mais non ��tonn��. Simon, depuis qu'on ��tait �� Charonne, ��tait consid��r�� comme un compagnon: c'��tait le confident de son lieutenant; il vivait libre, et il en prenait �� son aise. Lorsque la maison ��tait triste, il disait:
--Esp��re! esp��re!... je vas me mener �� l'air...
Et il passait sa journ��e dehors; aussi ��tait-on habitu�� dans la maison �� ces absences.
Davenne remonta chez lui en donnant l'ordre qu'au retour de Simon on le lui envoyat imm��diatement...
Mais Simon n'��tait pas pr��s de rentrer; il avait pris des munitions de bouche, avait garni sa bourse et ��tait parti en disant:
--Je vas faire un coup de ma t��te... ?a ne peut nuire �� personne! Esp��re! esp��re!
Et le chapeau viss�� sur l'arri��re de la t��te, fredonnant une chanson de bord, faisant la chaloupe en marchant, il descendit l'avenue de Charonne, la rue, et se dirigea vers la rue Payenne.
Et vingt minutes apr��s il entrait chez le marchand de vin du coin de la rue, une vieille connaissance �� lui.
C'��tait l�� que le matin, lorsque Pierre Davenne habitait le petit pavillon, il venait pour tuer le ver. Il se fit servir une bouteille de vin blanc, invita le marchand de vin �� en prendre sa part, et l'interrogea sur le quartier. Simon savait mentir, nous l'avons vu, et quand son ancien fournisseur lui demanda ce qu'il avait fait depuis la mort de son ma?tre, il r��pondit sans sourciller:
--Moi, je me suis rembarqu��, et j'ai fait le tour du monde!...
Et il donna les plus scrupuleux d��tails sur ce qu'il avait vu; jamais, assur��ment, le digne commer?ant n'avait suppos�� qu'il existait dans la cr��ation des choses aussi surprenantes. Quand il eut fini son histoire et qu'on lui demanda:
--Et maintenant, est-ce que vous avez quitt�� le service tout �� fait?
--Peut-��tre bien que oui... peut-��tre bien que non. ?a va d��pendre, je me suis amen�� dans le quartier parce que je voudrais retrouver mon ancienne ma?tresse...
--Ah! oui, la veuve!
--Sait-on ce qu'elle est devenue?
--Ma foi, non! Vous avez su qu'on l'a ramass��e quasiment morte devant sa porte, le soir de l'enterrement...
--Ah!
--Oui, et on l'a relev��e, rentr��e chez elle. Mais, le lendemain, on l'a transport��e dans une maison de sant��... Elle ��tait tout �� fait malade. Dans le quartier, on croit qu'elle est morte, ou qu'elle est folle..., car jamais on ne l'a revue.
Il passa un frisson dans le corps du matelot... Morte ou folle! il n'avait pas pens�� �� cela. Morte seule! sans savoir ce qu'��tait devenue son enfant... ou folle: cherchant toujours sa Jeanne!!!... D��cid��ment, son lieutenant
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