La femme du mort, Tome I | Page 7

Alexis Bouvier
d'assurer �� Annette, la cuisini��re, qu'il avait mang�� des biftecks de sauvages, et que cela ��tait d��licieux. La servante le repoussait avec d��go?t, et alors le matelot s'esclaffait de rire.
Pierre Davenne ��tait un brave et beau gar?on de trente ans, aux yeux bleus, au teint pale, portant toute sa barbe fine et soyeuse qui, au soleil, avait des reflets d'or; ��l��gant, il paraissait un peu faible; mais il cachait sous cette apparence d��licate une force extraordinaire. Apr��s ��tre rest�� quelques minutes �� la fen��tre, il revint dans la chambre, se laissa tomber dans un fauteuil et, les coudes sur ses genoux, la t��te dans ses mains, vaincu par la douleur, il se mit �� sangloter.
En entendant pleurer son ma?tre, le matelot se retourna d'un saut et s'��cria:
--Eh! bon Dieu! qu'est-ce qu'il y a?... Mon lieutenant, monsieur Pierre, vous pleurez... vous pleurez... mais, qu'est-ce qu'on vous a fait?... carcasse de chien!... Vous n'allez pas vous mouiller comme ?a!... En v'l�� des affaires!...
Et comme Pierre sanglotait en g��missant, le vieux matelot dit, pleurant �� son tour:
--Ah! si vous avez des douleurs comme ?a �� vous seul... moi aussi alors je vas pleurer... C'est-y du bon sens, un homme qui pleure... Mais, il y a quelque chose... je vas r��veiller madame.
--Tais-toi malheureux..., tais-toi, dit vivement Pierre, pendant que le matelot maugr��ait:
--C'est cette femme de malheur qui a fait tout ?a... Esp��re... esp��re!
--Simon, ��coute-moi, reprit Pierre Davenne apr��s s'��tre efforc�� d'arr��ter ses sanglots... ��coute-moi, mon vieux fid��le... Un malheur, un grand malheur me frappe... Es-tu homme si je disparaissais �� veiller et prot��ger mon enfant?
--Qu'est-ce que vous dites l��, monsieur... qu'est-ce que vous dites l��?... Ah! je comprends! nom d'un tonnerre! Vous, un homme, vous pensez �� vous tuer... Ah! mais vous ne ferez pas ?a... Comment, j'ai sacrifi�� ma vie, �� vous, apr��s ��tre rest�� dix ans pr��s de votre p��re et puis, pour r��compense, vous me laisserez seul... moi... Vous ��tes jeune, riche... et pour des... des... gourgandines, vous voulez vous tuer...
--De qui parles-tu? fit Pierre le sourcil fronc��.
--De la femme de ce soir...
--��coute, mon vieux camarade... ��coute; je puis tout te dire �� toi, car ma vie doit changer d'aujourd'hui et je te sais incapable de r��p��ter un mot de ce que je te dirai.
--Je me ferai plut?t hacher...
--Simon, tu sais comment je me suis mari��, tu sais quel amour profond je ressentais lorsque j'allai demander la main de Genevi��ve... tu sais de quelle tendresse je l'ai entour��e, je l'aimais plus que tout au monde... J'��tais heureux qu'elle f?t pauvre parce que je me disais: Ainsi elle me devra tout... Tu sais si un jour, une heure, mon cerveau a eu d'autre pens��e...
--Eh bien, mon lieutenant, mais Mme Davenne vous aime toujours...
--Ah! malheureux! que dis-tu l��! dit Pierre fondant en larmes...
--Qu'y a-t-il donc?...
--Mme Davenne n'est plus... fit en se domptant Davenne.
--Hein!
--Mme Davenne est la ma?tresse de Fernand S��glin...
--Fernand, votre ami. Ah! le coquin! exclama le matelot... Mme Davenne...
--Oui, le mis��rable! lui que j'ai fait ce qu'il est, dit avec rage le jeune homme... Puis, la douleur reprenant le dessus, il retomba an��anti et g��mit en pleurant:
--Que faire, mon Dieu? Tout ce qui me vient au cerveau, c'est le malheur de Jeanne.
Le vieux matelot rongeait ses l��vres et rageait tout seul. Apr��s un long silence, il dit:
--Si j'avais su que la p��ronnelle qui est venue ce soir venait raconter ?a... je l'aurais ��trangl��e... Mais ce n'est pas tout ?a. Est-ce s?r? C'est pas des m��chancet��s de femme?
Pierre se contenta d'affirmer de la t��te.
Simon se promenait �� grand pas dans la chambre, regardant son ma?tre, et terrifi�� de ce d��sespoir, de ces larmes. Ah! qu'il aurait pr��f��r�� la col��re... Et c'��tait un triste spectacle que cet homme jeune, accabl�� de douleur, et pleurant comme un enfant, et auquel chaque mot de consolation semblait une blessure nouvelle.
--Mon lieutenant, fit tout �� coup le matelot,... l'honneur d'un homme est au-dessus de la conduite d'une femme... Il faut en finir cette nuit, nous allons aller chez M. Fernand, je l'��veille, il fera jour dans une heure, nous emportons des armes... et je vous ai vu �� l'oeuvre, je sais la suite. Si je me trompe, je vous venge et je le tue comme un chien... Vite, appr��tez-vous.
--Ce n'est pas une vengeance ?a...
--Comment, ce n'est pas une vengeance? exclama le matelot ��tonn��.
--Si je me bats avec Fernand, je le tuerai, je le sais... et apr��s...
--Comment apr��s? r��p��ta Simon abruti. Apr��s il ne revient plus.....
--Crois-tu donc que de ce jour je reverrai ma femme...
--?a, ce n'est pas une difficult��... Vous vous s��parez, et tout est dit.
Pierre eut un amer sourire.
--Simon, on m'a bris�� le coeur; en une heure j'ai v��cu dix ans... Je suis de l'avis de cette femme. Je veux d'abord me venger et je les tuerai apr��s...
Simon ��carquillait les yeux, ouvrait la bouche, plissait son front,
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 100
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.