C'est pas tout ?a, faut l'enlever et qu'on ne se doute de rien l�� dedans... Elles ont eu peur et elles se l��vent.
Et Simon, prenant son lieutenant dans ses bras, l'enleva et le porta dans sa chambre qui se trouvait en face de celle de sa femme;--il ferma doucement la porte et coucha son ma?tre toujours ��vanoui.
II
OU SIMON SE PROMET DE NE SE MARIER JAMAIS.
Le matelot, en apportant la carte de Madeleine �� son ma?tre, entrait dans le vestibule, lorsque celui-ci, le pistolet �� la main, le traversait. Se pr��cipitant derri��re lui, il vit l'arme, il entendit les cris inarticul��s que poussait le malheureux; il s'��lan?a sur ses pas et arriva assez �� temps pour lever l'arme au moment juste o�� le coup partait. Il avait aussit?t saisi Pierre, l'avait entra?n�� hors de la chambre.
Et Genevi��ve, en se r��veillant effray��e par le coup de tonnerre, ne vit rien du danger auquel elle venait d'��chapper.
Quand Simon Rivet eut ��tendu son ma?tre sur son lit, il alluma la lampe, et, afin de n'��veiller personne, il ?ta ses chaussures; il retira ensuite le pistolet que Pierre tenait encore dans sa main crisp��e et le cacha. Puis, s'occupant de son ma?tre, comme un p��re soignerait son enfant, il d��tacha son col, mouilla ses tempes, essaya de lui glisser dans la bouche un peu de rhum; quand il vit qu'il commen?ait �� respirer plus facilement, que ses yeux s'entr'ouvraient, il dit, pour que l'id��e de ce qui s'��tait pass�� ne lui rev?nt pas aussit?t:
--Quel chien de temps! On ��touffe, quoi! Tout le monde est malade par des temps comme ?a. Esp��re esp��re! ?a revient.
Le tonnerre ne grondait plus et l'orage paraissait s'��loigner. Simon entre-bailla la fen��tre, et quand l'air fra?chi par la pluie entra dans la chambre, Pierre dit:
--Ouvre la fen��tre toute grande, cela me fait du bien... Viens ici, Simon.
--Pr��sent, lieutenant.
--Que s'est-il pass��?
--Rien du tout; reposez-vous donc.
--R��ponds-moi, je me souviens de tout. Quand je me suis ��vanoui, que s'est-il pass��? Et Jeanne?
--Mlle Jeanne? Elle dort. Il n'y a pas de mal. ��coutez.
Et le matelot lui raconta comment il l'avait suivi et tout ce que nous avons vu.
Pierre serra la main de son matelot et lui dit avec ��motion:
--Mon vieux Simon, tu es le protecteur de la famille; tu m'as deux fois sauv�� la vie, et aujourd'hui je te dois la vie de mon enfant.
--Allons, parlons pas de ?a, monsieur Pierre.
Pierre se leva et alla se placer �� la fen��tre: il ��tait sombre; le matelot le suivait des yeux et grognait tout bas:
--Qu'est-ce que cette gourgandine-l�� est venue faire ici? C'est �� cause d'elle qu'il a eu cet acc��s de fi��vre chaude.
Car Simon attribuait �� un acc��s de folie l'��pouvantable sc��ne dont il avait emp��ch�� le terrible d��nouement.
Simon Rivet, le matelot de Pierre Davenne, avait pass�� la quarantaine; c'��tait un grand gaillard, long comme un mat et maigre comme une ar��te; il avait les cheveux rares, mais bruns, les yeux bruns, les favoris bruns qui formaient le collier, la peau brune, les l��vres rouges et ��paisses, la bouche immense; les dents ��taient brunes aussi, les narines toujours ouvertes; ses oreilles plates et sans ourlet ��taient orn��es de deux anneaux d'or, grands comme des bracelets; il avait au-dessus des yeux deux touffes de poils fauves qui ressemblaient �� une brosse �� dents; ses sourcils et l'ensemble de tout ?a ��tait gai. Quand il faisait risette �� la petite Jeanne, celle-ci se tordait de rire. Quand sa petite ma?tresse s'avisait de tirer sur ses boucles d'oreilles, il riait comme un fou.
Quoique habill�� en civil, il avait toujours l'allure du matelot; son pantalon ��troit au genou faisait le pied d'��l��phant sur la chaussure. Il portait en ceinture un vieux chale �� ramage, et sa chemise �� col lache tombait sans empois sur sa poitrine, rattach��e par des ancres d'or et laissant voir un tricot �� raies bleues ou rouges; par-dessus il avait une jaquette droite semblable �� une vareuse. �� la maison, il se coiffait du toquet; mais, pour aller en ville, il avait un petit chapeau bas qu'il portait par un prodige d'��quilibre sur le derri��re de la t��te; quand le vent enlevait la coiffure des passants, Simon, droit et fier, marchait et son petit chapeau restait viss�� comme un chignon.
Il avait navigu�� avec son ma?tre pendant les dix ann��es que celui-ci avait pass��es dans la marine. Le jour o�� Pierre avait donn�� sa d��mission, Simon avait obtenu son cong��; il avait fait les malles du lieutenant en faisant la sienne. Dans la malle du matelot, il y avait son uniforme, qu'il gardait soigneusement et qu'il endossait les grands jours... Il l'avait mis deux fois d��j��, le jour du mariage de Pierre et le jour du bapt��me de Jeanne. Simon aimait beaucoup �� raconter ses voyages, et alors il mentait comme un candidat; son grand plaisir ��tait
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