La fabrique de crimes | Page 7

Paul H. C. Féval
en arri��re pour la chercher, mais l'obscurit�� l'emp��cha de la rencontrer.
Pendant cela, Mandina et ses deux compagnons montaient un escalier ��troit, situ�� au fond de l'all��e sombre. Ils compt��rent cent seize marches et s'arr��t��rent devant une petite porte qui avait je ne sais quoi d'��nigmatique.
Mandina mit un doigt sur sa bouche et dit:
-- C'est l��! J'ai compt��!
-- Frappez, r��pliqua Pollux, vous connaissez la fa?on convenue.
La fianc��e du gendarme ob��it; elle frappa quinze coups, ainsi, espac��s, 5, 4, 3, 2, 1.
Derri��re la porte, on entendit un faible bruit...
-- Qui vive? demanda une voix imposante et cass��e.
Le R��mouleur r��pondit:
-- Les Malades du docteur Fandango!
Une clef grin?a dans la serrure et la porte laissa voir en s'ouvrant une noble t��te de vieillard.
C'��tait Silvio Pellico!
CHAPITRE III LES JARDINS DE BABYLONE
Il nous reste �� dire ce qui advint des trois personnages charg��s de crimes, contre lesquels ��tait dirig��e la machine infernale: Messa, Sali, Lina, Boulet-Rouge, Arbre-��-Couche et Carapace, autrement dit: les trois Pieuvres males de l'impasse Gu��m��n��e.
Quand la voiture charg��e de gaz d��l��t��re ��clata, leur premi��re pens��e fut de fuir, car jamais vous ne trouverez le vrai courage dans l'ame des tra?tres de m��lodrame, mais ils n'en eurent pas le temps. Ils ��taient, pour ainsi dire, au centre de l'explosion qui les surprit de la fa?on la plus facheuse. Les gaz, prenant de l'air, avec une fureur inou?e, les saisirent tous trois ensemble, les soulev��rent, les firent tournoyer dans l'espace comme des brins de paille, et les lanc��rent �� trente-deux m��tres au dessus de la maison.
Tancr��de, dit Chauve-Sourire enferm�� dans la chambre de Mandina, les vit passer devant la fen��tre avec une vitesse de projectiles. Il put croire que tout ��tait fini pour eux: juste chatiment de leurs trop nombreuses faiblesses.
Mais, parvenus �� trente-deux m��tres au-dessus du toit, leur pesanteur sp��cifique, combattant la force de projection, d��termina une triple bascule, qui s'ex��cuta simultan��ment; puis, apr��s ��tre rest��s un milli��me de seconde stationnaires dans l'infini, Messa, Sali et Lina commenc��rent �� tomber avec une vitesse gradu��e, tripl��e par le carr�� des distances parcourues, ou peut-��tre par le carr�� de leurs poids. Bref, c'est �� v��rifier.
Quoi qu'il en soit, ils ��taient bel et bien flamb��s. Chauve- Sourire qui les vit �� travers les vitres bris��es, repasser comme trois boulets de canon leur cria:
-- Il m'est impossible d'allumer la fus��e volante: m��fiez-vous!
Avertissement inutile et tardif.
Mais il y a en ce monde des choses bien bizarres. Ce que nous allons raconter est peut-��tre trop hardi. Que voulez-vous que nous y fassions? Les invraisemblances produisent des situations renversantes.
�� l'��tage au-dessous de la chambre de Mandina, momentan��ment habit��e par Tancr��de, il y avait un balcon. En passant pr��s de ce balcon, les trois Pieuvres males qui fendaient l'air c?te �� c?te, dans des attitudes diverses, ��tendirent leurs bras par un mouvement machinal. Leurs mains rencontr��rent la grille du balcon et s'y accroch��rent avec la t��nacit�� du d��sespoir.
La grille fl��chit sous leur triple poids, mais elle tint bon, en d��finitive, et ils se trouv��rent suspendus entre le trottoir et le ciel.
Ils ��taient un peu ��tourdis, quoiqu'ils eussent l'habitude des ��motions fortes et p��n��trantes. Au-dessous d'eux, tout ��tait silence, car la foule des curieux n'avait pas eu le temps de se masser sur le lieu du sinistre.
La premi��re voix qu'ils entendirent appartenait �� un sergent de ville, qui disait, mod��rant la fougue des premiers curieux:
-- Tout le monde verra. Pas d'encombrement. En voil�� une histoire!
Boulet-Rouge ouvrit enfin les yeux, et voyant la situation de ses deux coll��gues, Arbre-��-Couche et Carapace, il devina la sienne propre et pensa:
-- Ce balcon a ��t�� notre ange sauveur!
-- O�� suis-je? demanda Carapace avec trouble.
Arbre-��-Couche lacha un large soupir et gigotta[2]. Il se sentait mal �� son aise.
Boulet-Rouge d��posa sur la pierre, le cercueil d'enfant qu'il n'avait point abandonn�� pendant cette p��rip��tie. Il ��tait g��n�� par ce petit meuble. Ayant d��s lors ses deux mains libres, il ex��cuta un mouvement gymnastique, en trois temps, bien d��tach��s, et se trouva debout sur le balcon.
D��j��, en bas, le monde se battait pour voir les corps morts, des bras, des jambes, et l'oreille de Mustapha qu'un antiquaire vola pour l'empailler dans de l'esprit de vin.
Boulet-Rouge aida ses deux compagnons �� monter, et ils se trouv��rent bient?t, tous les trois, sains et saufs, en dedans de la balustrade.
Le balcon du second ��tage de la Maison du Repris de justice ��tait un de ces jardins suspendus, modeste imitation de ceux de Babylone, qui mettent ?a et l�� un sourire aux fa?ades rev��ches de nos maisons. Il y avait des capucines, des haricots fleurs rouges, des pois de senteur et des cob?as, ces lianes en miniature dont le mi��vre feuillage, console et repose les yeux rougis des travailleuses de Paris.
Elles n'ont pas beaucoup d'air, dans leurs mansardes, ces pauvres ouvri��res, mais elles c��dent volontiers �� ces chers cob?as la moiti�� de leur air et
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 39
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.