naturel. Il approcha la pr��paration chimique du robinet en murmurant:
-- ? ma m��re!...
L'effet se fit un peu attendre; mais pour n'��tre pas instantan��, il n'en fut pas moins remarquable. Une explosion majestueuse et pareille �� plusieurs coups de tonnerre, fit trembler le sol, jusqu'�� la rue Saint-Antoine, situ��e non loin de l��. Toutes les vitres de la rue de S��vign��, sans en excepter une seule, furent mises en pi��ces. Quelques pav��s m��me, furent d��chauss��s comme des dents malades.
Une odeur naus��abonde et infectante se r��pandit dans l'air. Les maisons de la rue du sinistre furent macul��es du sol au fa?te et les ruisseaux roul��rent des flots de d��jections putrides et asphyxiantes.
Mais l��, ne se born��rent pas les d��gats.
Soixante-treize personnes des deux sexes et de tout age, trouv��rent la mort dans cette combinaison qui leur ��tait absolument ��trang��re. Outre la corruption f��tide, le ruisseau d��versa dans l'��gout des flots de sang, tandis que la chauss��e ��tait jonch��e de lambeaux humains en diff��rents endroits. Les amis, les parents, les domestiques vinrent pendant toute la journ��e du lendemain reconna?tre dans ce rouge fouillis, les morceaux de ceux qui leur ��taient chers. C'��tait horrible, mais int��ressant. Paris tout entier, voulut voir cela, et il vint des gens de province en quantit��. Les diff��rentes administrations de chemins de fer avaient eu l'excellente id��e d'improviser des trains de plaisir.
Anticipant sur les ��v��nements, nous dirons ici que par les soins de l'autorit��, ce hachis humain, ces rillettes de cadavres m��lang��s �� la vidange, ne tard��rent pas �� mettre la peste noire dans le quartier. Le nombre des victimes de cette cruelle maladie n'est pas venu �� notre connaissance, la pr��fecture de police en garda le secret avec un soin jaloux; mais il fut tellement consid��rable que 232 familles ais��es ��migr��rent �� Versailles, ville autrefois royale, qui gagne maintenant son pain �� faire croire qu'elle a pass�� un trait�� avec les ��pid��mies.
Telles peuvent ��tre les suites des briquets �� l'usage des fumeurs. Et chaque fois que vous d��tournez une institution de son but, vous pouvez vous attendre �� des d��sastres semblables.
Revenons sur nos pas: quelques d��tails de la catastrophe pourront r��jouir les dames.
Il ne restait plus vestige de la voiture de vidange. Le conducteur, les employ��s avaient ��t�� r��duits en poussi��re impalpable ainsi que les trois chevaux percherons.
C'est ici le lieu de r��pondre �� une lettre anonyme, fruit de la malveillance, qui nous demande comment le malheureux produit de l'incontinence d'un huissier, Gringalet, avait pu trouver un abri commode entre la croupe et la queue d'un cheval.
�� quoi servent ces plates objections? Qu'opposer �� un fait? Nous m��prisons les lettres anonymes. Tel est notre r��ponse.
D'ailleurs, Gringalet ��tait de petite nature. Il avait eu occasion de rendre un service futile au percheron... Bref, le percheron s'��tait pr��t�� �� la chose.
De ce cheval percheron, en particulier, il ne resta qu'une dent de la machoire inf��rieure. Gringalet, parvenu plus tard aux honneurs, la fit monter en ��pingle pour t��moigner du miracle qui pr��serva ses jours. Sa dame la porte.
Deux brevet��s, le marchand de cirage et le commer?ant en colle furent foudroy��s sur la porte de leur maison. Ils ��taient ennemis, en qualit�� de voisins: le tr��pas les r��unit. Seize jeunes enfants revenant de l'��cole �� cette heure avanc��e, par suite d'un gala qui avait c��l��br�� le jour de naissance de la pension Tr?cot, furent massacr��s p��niblement. Deux amoureux qui causaient, le mari qui les guettait, et la fille de la maison qui profitait de la circonstance pour risquer sa premi��re ��quip��e, re?urent la mort ��galement.
Enfin, ils ��taient soixante-treize, pas un centim��tre humain de moins.
Un fait curieux et qui rappelle l'aventure historique du fameux docteur Guillotin, tu�� par sa propre d��couverte, c'est que M. et madame Fabrice, brevet��s, inventeurs du briquet, furent trouv��s au nombre des victimes. Ils ��taient dans la force de l'age, et ils s'aimaient.
Bien entendu, nous ne faisons entrer dans ce fatal chiffre de 73, ni les chiens, ni les chats, ni les animaux secondaires.
Quant aux personnages de notre histoire, un instant avant l'explosion, Gringalet avait quitt�� son poste d'observation. Pourquoi? Parce que Messa, Sali et Lina avaient cess�� leur conf��rence pour chanter. Gringalet n'aimait pas la musique.
Ne l'en blamez pas, ce fut son salut. Au moment m��me de l'explosion, on avait pu voir mademoiselle de Hachecor, le R��mouleur et le Joueur d'orgues se plonger dans une all��e sombre qui faisait face �� la Maison du Repris de justice, tandis que Mustapha, plus rapproch�� de la machine infernale, disparaissait dans un tourbillon de flamme et de fum��e. Mustapha fut projet�� avec une violence excessive jusqu'�� la rue du Parc Royal o�� se termine la rue de S��vign��. Arriv�� l��, il eut la pr��sence d'esprit de se tater, car il croyait ��tre mort. Rien ne lui manquait, sinon une oreille emport��e par la roue de la voiture �� vidange. Il revint
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