La fabrique de crimes | Page 4

Paul H. C. Féval
faite femme coupable pour nous ��pier. Bien plus, dans cet unique but, elle a m��me accueilli l'amour d'un simple gendarme! La multiplicit�� de nos ennemis commande une circonspection croissante. M. le duc n'est pas estim�� dans son quartier. Toi, Carapace, sais-tu comment on nomme la demeure, ici pr��s? on l'appelle la Maison du Repris de justice! Toi, Arbre-��-Couche, tu passes pour avoir ��t�� mal guillotin��! Moi- m��me, je n'ai pas conserv�� au nom de Boulet Rouge toute la consid��ration dont l'avaient entour�� mes anc��tres. Ainsi donc, soyons muets comme des soles normandes, et pour le vain plaisir de faire des mots, ne risquons pas notre aisance!
Comme tous les braves, le c��l��bre Boulet-Rouge, l'homme �� l'emplatre, avait de ces aphorismes et parlait avec facilit��; ses compagnons, moins lettr��s, restaient sous le charme de sa faconde et oubliaient d'ouvrir l'oeil de lynx.
Gringalet, au contraire, dans l'int��r��t de son bienfaiteur le docteur Fandango, ��tait tout oreilles. Il classait dans sa jeune m��moire, avec soin, les renseignements obtenus. Ainsi donc, le v��ritable nom de Messa ��tait Boulet-Rouge; Lina s'appelait Carapace; Sali se nommait Arbre-��-Couche et devait avoir au cou le vestige particulier �� la guillotine. Tous trois poss��daient un ��lixir farouche et travaillaient pour un charnier inconnu du vulgaire.
Hier encore, Gringalet n'��tait qu'un enfant naturel, vendant les listes des loteries autoris��es, ou ouvrant la porti��re des fiacres, �� l'entr��e des lieux de r��jouissance, tels que spectacles, bals et restaurants; aujourd'hui, la connaissance de tant de secrets le m?rissait de plusieurs lustres.
Il se cramponnait �� son poste bien qu'il en sentit les inconv��nients.
Cette nature abrupte, mais d��vou��e, pr��f��rait sa cachette incommode �� un lit de roses, o�� il ne lui eut pas ��t�� donn�� de se rendre utile, il voulait mettre un terme aux soixante-treize meurtres quotidiens qui d��solaient la France.
Ces caract��res se font tr��s rares.
Les trois Pieuvres males de l'impasse Gu��m��n��e (puisque nous connaissons d��sormais leur position sociale), avaient d'excellents motifs pour causer en toute s��curit�� sur le trottoir de la rue de S��vign��. Outre la voiture, d��j�� nomm��e, qui les isolait de la chauss��e, sur les toits de la Maison du Repris de justice, une sentinelle active surveillait pour eux les alentours, pr��te �� signaler le moindre danger �� l'aide d'une fus��e volante.
C'��tait Tancr��de, dit Chauve-Sourire, parce que les sourcils lui manquaient, ex-enfant de choeur de Saint-Eustache, cong��di�� pour abus de burettes. Il ��tait le neveu propre de Dinah T��te-d'Or, concubine d'Arbre-��-Couche. Il aurait pu passer pour incorruptible, sauf sa bouche, sur laquelle il ��tait port��.
Nous avons besoin de poser ces d��tails, en apparence indiff��rents, pour rendre compr��hensible la catastrophe vraiment neuve qui va clore ce second chapitre.

�� onze heures treize minutes, Mandina de Hachecor, ?l'Escarboucle de Charenton-le-Pont? comme l'appelait Brissac son gendarme et son esclave, ouvrit avec pr��caution la porte du r��duit modeste o�� elle abritait son talent et sa beaut��. Vous n'auriez pu la voir sans l'aimer; elle portait son galant d��shabill�� de nuit et tenait �� la main une carafe de cassis et un verre �� patte.
Elle monta deux ��tages. Tout en haut de l'escalier, elle passa sa t��te charmante �� une lucarne qui donnait sur le toit, et d'une voix douce elle appela Tancr��de, surnomm�� Chauve-Sourire.
Celui-ci veillait. Il avait soif, comme toujours et reconnut bien la voix douce qui l'avait appel�� plus d'une fois d��j�� pour lui offrir du vesp��tro ou de l'anisette, car Mandina appartenait au docteur Fandango et ne reculait devant aucun sacrifice pour servir les int��r��ts de cet homme remarquable.
Tancr��de vint, Mandina lui offrit un verre de cassis, puis, usant des innocentes s��ductions de son sexe, elle l'entra?na dans sa chambre o�� elle l'enferma �� double tour, en ayant soin de mettre aussi le verrou et plusieurs barres de fer tr��s solides.
D��s lors, Messa, Sali et Lina manquaient de factionnaire. Leur s��curit�� devenait chim��rique.
Mandina avait ses projets. Elle se coiffa d'un chapeau de berg��re, ?ta sa crinoline et mit un faux nez. Ainsi travestie, elle descendit l'escalier quatre �� quatre. En descendant et par surcro?t de pr��caution, elle posa sur son faux nez, une paire de lunettes vertes, propri��t�� d'un jeune ��crivain d��j�� c��l��bre qui portait ombrage �� Brissac. Il avait tort. On peut avoir sur soi les lunettes vertes d'un jeune homme d��pourvu d'aisance, sans pour cela manquer aux lois de l'honneur.
Parvenue au rez-de-chauss��e de la Maison du Repris de justice, Mandina de Hachecor enfila l'all��e et se glissa comme un vent coulis derri��re les trois Pieuvres males qui causaient toujours. Boulet-Rouge la vit, il avait un oeil d'aigle, mais, tromp�� par son d��guisement, il la prit pour un bas-bleu.
Mandina franchit la chauss��e et s'��lan?a sur le trottoir oppos�� o�� se trouvaient ��galement trois hommes, bien diff��rents de Messa, Sali, Lina.
Peu de personnes ont eu connaissance de cette grande lutte entre le duc de Rudelame-Carthag��ne et le docteur Fandango. L'autorit�� ��tendit un voile prudent sur
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