La fabrique de crimes | Page 3

Paul H. C. Féval
locutions. Il les r��unit, les d��doubla et dit en lui-m��me:
-- ?a fait Messalina!
C'��tait un impub��re vif, gr��l��, gracieux, rieur et bancroche comme tous les gamins de Paris.
�� la voiture de vidange �� air comprim��, trois grands chevaux percherons ��taient attel��s.
Gringalet, souple comme un serpent, eut l'id��e de se glisser entre la queue et la croupe de l'un de ces animaux.
Une fois install�� l��, convenablement, il pr��ta l'oreille. Sa curiosit�� ��tait ��veill��e. Son intelligence pr��coce l'avertissait que ce nom coup�� en trois ��tait le sympt?me d une situation saisissante.
En effet, celui qui avait prononc�� le mot Messa, tendit ses mains aux deux autres. Ils ��chang��rent aussit?t plusieurs signes ma?onniques, connus d'eux seuls. Apr��s quoi Sali tira de son sein un pli scell�� aux armes de Rudelame de Carthag��ne, anciens seigneurs du pays, ruin��s par des cataclysmes, et Lina montra une bouteille, bouch��e �� l'aide d'un parchemin vert.
-- Dix-huit! pronon?a-t-il �� voix basse.
-- Vingt-quatre! r��pliqua Sali.
-- Trente-trois! gronda Messa d'un accent caverneux: tous clients du docteur Fandango!
-- Tous clients du docteur Fandango! r��p��t��rent Sali et Lina.
Gringalet croyait r��ver.
Messa poursuivit, en soulevant un peu son emplatre pour respirer plus commod��ment l'air de la nuit:
-- Total g��n��ral soixante-treize! c'est notre compte.
Les deux autres firent ��cho, r��p��tant:
-- Soixante-treize! c'est notre compte.
Et Messa avec une gaiet�� farouche ajouta:
-- M. le duc sera content, je lui en apporte un petit par-dessus le march��.
En m��me temps, il frappa le cercueil d'enfant, qui rendit un son lugubre. Gringalet comprenait vaguement.
La moelle de ses os se figeait dans ses veines!
-- C'est donc bien vrai! ce que disent les romans �� un sou, pensa- t-il. Paris contient d'��pouvantables myst��res!
Ces inconnus sont peut-��tre les trois Pieuvres males de l'impasse Gu��m��n��e.
Sa voix s'arr��ta dans son gosier, tout son corps trembla.
Si c'��tait vrai, une simple queue de cheval percheron le s��parait d'un tr��pas in��vitable.
Sali, cependant, toucha son pli, scell�� d'armes nobiliaires et murmura:
-- Le Fils de la Condamn��e nourrit des projets. M. le duc nous convoque pour cette nuit dans les galeries qui s'��tendent sur le fleuve.
-- C'est bien, dit Messa. Depuis la derni��re assembl��e, trois cents et quelques squelettes nouveaux ornent ces souterrains, dont Paris, ville de plaisirs insouciants, ne soup?onne pas m��me l'existence.
-- Cette nuit, fit Sali avec un sarcasme cruel, il s'agit de la jeune et belle Elvire.
Un triple ��clat de gaiet�� sinistre ponctua cette communication et Lina, d��bouchant sa bouteille de fer-blanc, ajouta:
-- Donnez vos fioles; pendant que la voiture de vidange �� air comprim�� nous prot��ge contre tous les regards, je vais faire la distribution de l'��lixir funeste!
CHAPITRE II LA MACHINE INFERNALE
Gringalet avait lu un grand nombre de romans criminels. Il n'��tait pas sans conna?tre les innombrables et horribles dangers que Paris dissimule sous le riant manteau de ses f��tes.
Mais �� onze heures du soir, dans la rue de S��vign��, une distribution d'��lixir funeste, destin�� sans nul doute �� d��cimer les populations! ceci d��passait toutes les bornes!
Pour lui d��montrer qu'il n'��tait pas le jouet d'une vaine illusion, il fallut un fait mat��riel.
Au moment o�� Lina enlevait le parchemin qui fermait sa bouteille, afin de remplir les fioles de ses deux complices, une odeur se r��pandit dans l'atmosph��re, une odeur ind��finissable et si p��n��trante que les trois Pieuvres males, malgr�� l'habitude inv��t��r��e qu'ils avaient de cet aromate, ��ternu��rent �� l'unanimit��.
Gringalet en eut envie, mais il se contint, craignant de d��voiler sa pr��sence. En d��pit de sa jeunesse, il avait de la perspicacit��. Loin de se laisser abattre par la position pr��caire qu'il occupait entre la croupe et la queue du cheval, il se mit �� fixer dans sa m��moire le nom �� compartiment des trois inconnus: Messa, Sali, Lina et les divers d��tails de cette sc��ne inconcevable afin de les r��v��ler au docteur Fandango qui ��tait son bienfaiteur et son parrain.
En effet, l'huissier de la place des Vosges, dont il avait le malheur d'��tre le fils ill��gitime, l'avait abandonn�� d��s sa plus tendre enfance aux soins du hasard.
Nous n'aimons pas les digressions, mais nous d��clarons qu'un homme comme il faut ne doit jamais d��tailler le fruit de ses d��bauches, surtout lorsqu'il est officier minist��riel.
Messa et Sali, cependant, avaient atteint chacun une fiole en m��tal d'Alger qu'ils portaient, attach��e �� leur cha?ne de montre. Lina emplit les flacons et dit avec une horrible ironie:
-- Voil�� de quoi meubler le charnier de l'arche Notre-Dame!
-- Silence! ordonna Messa qui semblait avoir sur les deux autres une autorit�� morale. Nous avons une position agr��able chez M. le duc. Ne la perdons pas par de pu��riles ��tourderies. Bien des oreilles nous guettent, bien des yeux nous observent. Nous avons contre nous, outre les agents du pouvoir, toutes les cr��atures du docteur Fandango: le Joueur d'orgues, le R��mouleur, et surtout Mustapha qui dissimule, sous sa profession de cocher de fiacre, une naissance f��odale et une ��ducation de premier ordre. Nous avons Mandina de Hachecor qui s'est
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