La deux fois morte | Page 7

Jules Lermina
r��sultat. Le battant avait ��t�� enlev��. Ceci me contraria, car cette hypoth��se se pr��senta pour la premi��re fois �� mon esprit que je me trouverais, la nuit venant, stupidement arr��t�� �� cette porte, ayant manqu�� le but de mon voyage et presque perdu dans un pays que je ne connaissais pas.
Cependant je ne me tins pas pour battu. Je m'��loignai un peu, m'effor?ant de voir quelque chose dans le chateau ou dans le petit parc. Il n'y avait pas apparence de vie ni de mouvement. Je suivis l'��tang, pensant �� le tourner et �� atteindre Pierre-S��che par quelque autre point, mais je m'aper?us bient?t qu'il enveloppait la propri��t�� de tous les c?t��s.
L'esp��ce de rocher sur lequel le castel ��tait construit formait une ?le v��ritable. De plus, le terrain ��tait mar��cageux �� ce point que je risquais �� chaque pas de m'enliser dans la vase.
Il faut avouer que ma situation ��tait assez ��trange, voire m��me ridicule.
Je me trouvais en pleine France, �� la porte d'un ami, cent fois plus embarrass�� que je ne l'aurais ��t�� en pays barbare. Le pis, c'est que la tension c��r��brale qui m'��nervait nuisait �� la lucidit�� de mon esprit et que j'eus grand'peine �� trouver un exp��dient, pourtant d'une imagination bien simple.
La cloche n'avait pas de battant, mais elle existait: de plus elle ��tait fix��e au poteau m��me de la grille, en dedans, il est vrai, mais non hors de port��e. Je me hissai aux barreaux d'une main et, de l'autre, brandissant ma canne, j'ass��nai sur le m��tal un coup vigoureux. Cette fois, je fus servi �� souhait: le son vibra tr��s clair, et le succ��s couronna mon ing��niosit�� tardive.
A peine deux minutes s'��taient-elles ��coul��es que je vis quelqu'un para?tre au bout de l'all��e qui descendait du tertre; seulement le personnage, qui sans doute ��tait en d��fiance, me parut placer ses mains au-dessus de ses yeux pour examiner l'intrus, puis avec de grands gestes tr��s significatifs lui enjoindre de s'��loigner.
Ceci ne faisait pas mon affaire. Je compris que, si l'homme disparaissait, il me serait inutile de le rappeler de nouveau, et, me souvenant que, d'apr��s l'aubergiste, le seul habitant de la maison, avec mon ami, ��tait son vieux serviteur que j'avais fort bien connu nagu��re, j'appelai de toutes mes forces:--Jean! eh Jean, c'est moi!
Et le ?c'est moi!? n'��tant pas suffisamment suggestif, je lan?ai mon nom �� pleins poumons.
Victoire! Je ne m'��tais pas tromp��. L'homme d��vala rapidement, atteignit le petit pont, arriva �� la grille et me dit:
--Vous! c'est bien vous! Ah! quel hasard! mon Dieu, pourquoi n'��tes-vous pas venu plus t?t?
--T?t ou tard, r��pliquai-je, me voici. Ouvre cette porte, mon brave, et, si je puis rendre ici quelque service, tu sais que l'on peut compter sur moi.
Jean ��tait un vieillard, presque septuag��naire, maigre et vo?t��. De la main, il me fit signe de mod��rer les ��clats de ma voix.
--��coutez, me dit-il, j'ai l'ordre formel, absolu, de ne jamais laisser entrer personne. Mais vous, c'est autre chose, je prends sur moi de violer ma consigne. Seulement promettez-moi de m'ob��ir... oui, oui, je dis de m'ob��ir. Il y a eu de la mort ici, et je ne suis pas s?r qu'il n'y en ait plus...
L'accent du bonhomme respirait une ��motion profonde. Je fis de mon mieux pour lui donner confiance, la grille s'ouvrit et j'entrai.
--Voyez-vous, reprit-il, avant tout il faut que je vous parle: j'ai beaucoup, beaucoup de choses �� vous dire. Vous ��tes plus savant que moi, vous comprendrez peut-��tre. Moi, j'ai bien peur que mon pauvre ma?tre ait la cervelle d��traqu��e... Pas par l��, fit-il brusquement au pied du chateau, il ne faut pas qu'il vous voie. S'il se doutait que vous ��tes ici, peut-��tre qu'il s'enfuirait. Suivez-moi; dans un instant, nous allons ��tre tranquilles.
Il prenait les plus grandes pr��cautions pour ne faire aucun bruit, et je l'imitai. Nous atteign?mes une petite porte, seule ouverture sur la fa?ade de l'Ouest, et nous nous trouvames dans une sorte d'office, de fruitier plut?t. La nuit ��tait presque compl��te.
--Asseyez-vous, me dit Jean. Je vous demande pardon de vous recevoir ainsi, mais il le faut... il le faut, r��p��ta-t-il en secouant la t��te. Je vais voir si tout est en ordre et surtout... s'il ne se doute de rien.
J'��tais impatient: apr��s tout, je connaissais assez mon ami Paul pour ne rien redouter d'une premi��re entrevue. D?t-il avoir en me revoyant une crise de d��sespoir, je prendrais sur lui l'empire n��cessaire, et m��me cette explosion, trop longtemps contenue, lui serait salutaire.
Jean revint bient?t.
--Monsieur ne s'est aper?u de rien. Il est dans son cabinet, comme toujours �� cette heure. En voil�� pour jusqu'�� demain matin. Nous sommes seuls, bien seuls, nous pouvons causer. Tenez, je me demande maintenant si vous avez bien fait de venir.
--Que j'aie eu tort ou raison, repris-je assez vivement, c'est ce qu'il sera temps d'examiner lorsque je t'aurai
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