La dame de Monsoreau, vol 2 | Page 4

Alexandre Dumas, père
lui.
--Ah! c'est vous! s'��cria le fr��re portier, venez vite, vite, le r��v��rend prieur Joseph Foulon vous demande.
Et le fr��re portier, prenant Gorenflot par la main, le conduisit ou plut?t le tra?na jusque dans la chambre du prieur.
L�� aussi les portes se referm��rent.
Gorenflot baissa les yeux, craignant de rencontrer le regard courrouc�� de l'abb��; il se sentait seul, abandonn�� de tout le monde, en t��te-t��te avec un sup��rieur qui devait ��tre irrit��, et irrit�� justement.
--Ah! c'est vous enfin! dit l'abb��.
--Mon r��v��rend... balbutia le moine.
--Que d'inqui��tudes vous nous avez donn��es! dit le prieur.
--C'est trop de bont��s, mon p��re, reprit Gorenflot, qui ne comprenait rien �� ce ton indulgent auquel il ne s'attendait pas.
--Vous avez craint de rentrer apr��s la sc��ne de cette nuit, n'est-ce pas?
--J'avoue que je n'ai point os�� rentrer, dit le moine, dont le front distillait une sueur glac��e.
--Ah! cher fr��re, cher fr��re, dit l'abb��, c'est bien jeune et bien imprudent ce que vous avez fait l��.
--Laissez-moi vous expliquer, mon p��re....
--Et qu'avez-vous besoin de m'expliquer? Votre sortie....
--Je n'ai pas besoin de vous expliquer, dit Gorenflot, tant mieux, car j'��tais embarrass�� de le faire.
--Je le comprends �� merveille. Un moment d'exaltation, l'enthousiasme vous a entra?n��; l'exaltation est une vertu sainte; l'enthousiasme est un sentiment sacr��; mais les vertus outr��es deviennent presque vices, les sentiments les plus honorables, exag��r��s, sont r��pr��hensibles.
--Pardon, mon p��re, dit Gorenflot; mais, si vous comprenez, je ne comprends pas bien, moi. De quelle sortie parlez-vous?
--De celle que vous avez faite cette nuit.
--Hors du couvent? demanda timidement le moine.
--Non pas, dans le couvent.
--J'ai fait une sortie dans le couvent, moi?
--Oui, vous.
Gorenflot se gratta le bout du nez. Il commen?ait �� comprendre qu'il jouait aux propos interrompus.
--Je suis aussi bon catholique que vous; mais cependant votre audace m'a ��pouvant��.
--Mon audace! dit Gorenflot, j'ai donc ��t�� bien audacieux?
--Plus qu'audacieux, mon fils; vous avez ��t�� t��m��raire.
--H��las! il faut pardonner aux ��carts d'un temp��rament encore mal assoupli; je me corrigerai, mon p��re.
--Oui, mais, en attendant, je ne puis m'emp��cher de craindre pour vous et pour nous les cons��quences de cet ��clat. Si la chose s'��tait pass��e entre nous, ce ne serait rien.
--Comment! dit Gorenflot, la chose est sue dans le monde?
--Sans doute, vous saviez bien qu'il y avait l�� plus de cent la?ques qui n'ont pas perdu un mot de votre discours.
--De mon discours? fit Gorenflot de plus en plus ��tonn��.
--J'avoue qu'il ��tait beau, j'avoue que les applaudissements ont d? vous enivrer, que l'assentiment unanime a pu vous monter la t��te; mais, que cela en arrive au point de proposer une procession dans les rues de Paris, au point d'offrir de rev��tir une cuirasse et de faire appel aux bons catholiques, le casque en t��te et la pertuisane sur l'��paule, vous en conviendrez, c'est trop fort.
Gorenflot regardait le prieur avec des yeux qui passaient par toutes les expressions de l'��tonnement.
--Maintenant, continua le prieur, il y a un moyen de tout concilier. Cette s��ve religieuse qui bout,dans votre coeur g��n��reux vous ferait tort �� Paris, o�� il y a tant d'yeux m��chants qui vous ��pient. Je d��sire que vous alliez la d��penser....
--O�� cela, mon p��re? demanda Gorenflot, convaincu qu'il allait faire un tour de cachot.
--En province.
--Un exil? s'��cria Gorenflot.
--En restant ici, il pourrait vous arriver bien pis, tr��s-cher fr��re.
--Et que peut-il donc m'arriver?
--Un proc��s criminel, qui am��nerait, selon toute probabilit��, la prison ��ternelle, sinon la mort.
Gorenflot palit affreusement; il ne pouvait comprendre comment il avait encouru la prison perp��tuelle et m��me la peine de mort pour s'��tre gris�� dans un cabaret et avoir pass�� une nuit hors de son couvent.
--Tandis qu'en vous soumettant �� cet exil momentan��, mon tr��s-cher fr��re, non-seulement vous ��chappez au danger, mais encore vous plantez le drapeau de la foi en province; ce que vous avez fait et dit cette nuit, dangereux et m��me impossible sous les yeux du roi et de ses mignons maudits, devient en province plus facile �� ex��cuter. Partez donc au plus vite, fr��re Gorenflot; peut-��tre m��me est-il d��j�� trop tard, et les archers ont-ils re?u l'ordre de vous arr��ter.
--Ouais! mon r��v��rend p��re, que dites-vous l��? balbutia le moine en roulant des yeux ��pouvant��s; car, �� mesure que le prieur, dont il avait d'abord admir�� la mansu��tude, parlait, il s'��tonnait des proportions que prenait un p��ch��, �� tout prendre, tr��s-v��niel.--Les archers, dites-vous, et qu'ai-je affaire aux archers, moi?
--Vous n'avez point affaire �� eux; mais ils pourraient bien avoir affaire �� vous.
--Mais on m'a donc d��nonc��? dit fr��re Gorenflot.
--Je le parierais. Partez donc, partez.
--Partir! mon r��v��rend, dit Gorenflot atterr��. C'est bien ais�� �� dire; mais comment vivrai-je quand je serai parti?
--Eh! rien de plus facile. Vous ��tes le fr��re qu��teur du couvent; voil�� vos moyens d'existence. De votre qu��te vous avez nourri les autres jusqu'�� pr��sent; de votre qu��te vous vous nourrirez. Et puis, soyez tranquille, mon Dieu! le syst��me que vous avez d��velopp�� vous fera assez
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