le second mouvement qui est le
bon!... Quand je pense que, tout d'abord, j'avais cru à la blague de
l'accouchement!
Ensuite, presque aussitôt:
--Bon! fit-il, je comprends pourquoi il a acheté son rat-de-cave!
En effet, à travers les fissures des volets délabrés, on voyait filtrer la
lumière du rat-de-cave que le docteur venait d'allumer.
--Ah çà! mais je suis aussi de la fête, moi! ricana le baron.
Alors, quittant sa cachette, il se dirigea d'une marche prudente vers la
maison.
Le baron avait le pas léger. Sans le moindre bruit, il se glissa dans la
maison dont Gustave avait laissé la porte entre-bâillée derrière lui.
Bien lui en prit d'avoir usé de précaution, car, pour un peu, il tombait,
pour ainsi dire, sur le dos du docteur qui, son rat-de-cave à la main,
suivait un couloir partageant l'habitation et conduisant à un escalier
dont la double évolution desservait l'étage supérieur et la cave.
--Que va-t-il chercher en bas? se demanda le baron en voyant le
médecin s'engager dans la descente de la cave.
Avec une prestesse de chat maigre, il s'élança sur la trace de Gustave
avant que la lumière, qui disparaissait à la main de son porteur, en
s'enfonçant dans la profondeur de la cave, l'eût laissé en pleine
obscurité.
Sur les dernières marches, il s'arrêta dans l'ombre, sans dépasser
l'entrée d'un caveau où avait pénétré le médecin.
--Part à deux, s'il vient déterrer un trésor, pensa le baron en voyant
Gustave coller, à l'aide de suif fondu, son rat-de-cave sur une paroi
humide du caveau.
Délivré du soin de tenir sa lumière, le médecin promena son regard
dans le caveau. Se croyant bien seul, nulle méfiance ne l'empêchait de
parler tout haut.
--Maintenant, cherchons! prononça-t-il.
Dans un angle, sur le sol, se trouvait une courte solive en chêne qui
avait dû, jadis, faire partie du chantier sur lequel se plaçaient les pièces
de vin.
--Voici ce qui fera bien mon affaire, dit-il en ramassant le lourd
morceau de bois.
Et, du bout de cette solive qu'il soulevait et laissait ensuite retomber, il
se mit pas à pas, à faire sonner le sol du caveau.
Aux deux tiers de sa tâche, il s'arrêta.
--M'aurait-il trompé? dit-il d'un ton qui semblait se désespérer.
Immobile, retenant son souffle, le baron attendait, tout impatient de
savoir ce que cherchait le médecin.
Gustave s'était remis à l'oeuvre.
--Voici! voici! s'écria-t-il, quand, à la troisième tentative, son coup
retentit plus sonore qu'aux essais précédents.
Alors, se servant de son bois en guise de pelle, il se mit à creuser la
terre en se répétant:
--C'est là! c'est là!
Un moment le baron plia sur ses jarrets pour prendre son élan et fondre
sur le chercheur. Mais il se rappela que, tout à l'heure, l'expérience lui
avait prouvé que c'est toujours le second mouvement qui est le bon. En
conséquence, il suspendit son attaque.
--Sachons d'abord ce qu'il va déterrer, se dit-il.
Cependant le docteur avait continué son travail. Bientôt il se baissa sur
le trou qu'il venait de creuser; puis, en poussant un: Ouf! pénible, il se
releva avec effort, soulevant, au bout de ses bras tendus, par un anneau
qui s'y trouvait scellé, une lourde dalle carrée.
--Voilà le moment! pensa le baron qui se ramassa sur ses jambes, tout
prêt à s'élancer sur Gustave quand il s'accroupirait à nouveau pour vider
la cachette ainsi mise à découvert.
Mais, au lieu de se baisser, le docteur resta debout, regardant, de son
haut, le trou béant à ses pieds.
--Est-ce bien profond? prononça-t-il bientôt.
Alors, de son portefeuille, il tira une lettre qu'il déplia en son entier. Il
en approcha un coin de la lumière et, quand le papier eut pris feu, il le
laissa tomber dans le trou.
--Une jolie petite oubliette! murmura-t-il après que, penché sur
l'ouverture, il eut constaté, à la lueur du papier en flammes, l'existence,
sous ses pieds, d'un second caveau.
Il fit entendre un petit rire cruel, puis ajouta:
--Le fait est que celui qu'on descendrait là dedans cesserait d'être une
pratique pour le boulanger.
Et tout gaiement:
--Allons, fit-il, je n'ai pas perdu mon temps à écouter cet imbécile
bavard.
--Quel est celui qui lui a indiqué ce caveau? se demanda le baron,
revenu de son espérance que Gustave allait découvrir un trésor.
Oui, qui lui avait appris l'existence de ce caveau? Quel était, suivant
Gustave, l'imbécile bavard qui lui avait révélé cette cachette dans
laquelle on pouvait faire disparaître un homme?
Pour le savoir, il faut remonter au moment où Gustave, reconduisant
Ducanif et Camuflet, après avoir quitté le premier à sa porte, était
reparti avec l'homme aux trois belles-mères.
Depuis qu'à la table de M. Grandvivier le docteur avait reconnu
Camuflet pour l'individu que, certain jour, il avait enfermé chez le
baron, il n'avait plus eu qu'une seule préoccupation,
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.