La chasse galerie | Page 8

Honoré Beaugrand
?a. Si la chose s'��tait pass��e l'automne dernier, je croirais que ce sont les membres du Club de p��che de Phaneuf et de Joe Riendeau de Montr��al que vous avez aper?us sur l'?le de Grace en train de courir la galipette. Vous avez dit vous-m��me que tous les rouges ��taient des coureux de loup-garou et vous savez bien, M. Brindamour, qu'il n'y a pas de bleus dans ce club-l��!
--Ah! vous vous moquez de mon histoire sans doute que c'��tait en temps d'��lection et que j'avais pris un coup de trop du whisky du candidat de ce temps-l��. Eh bien! arr��tez un peu, je n'ai pas fini et j'en ai une autre que mon d��funt p��re m'a racont��e, ce soir-l��, en montant �� Montr��al �� bord de son bateau. C'est une histoire qui lui est arriv��e �� lui-m��me et je vous avertis d'avance que je me facherai un peu s��rieusement si vous faites seulement semblant d'en douter.
Mon d��funt p��re, dans son jeune temps, faisait la chasse avec les sauvages de Saint-Fran?ois dans le haut du Saint-Maurice et dans le pays de la Matawan. C'��tait un luron qui n'avait pas froid aux yeux et, entre nous, j'peux bien vous dire qu'il n'ha?ssait pas les sauvagesses. Le cur�� de la mission des Ab��nakis l'avait averti deux ou trois fois de bien prendre garde �� lui, car les sauvages pourraient lui faire un mauvais parti, s'ils l'attrapaient �� r?der autour de leurs cabanes. Mais les coureurs des bois de ce temps-l�� ne craignaient pas grand-chose et, ma foi, vous autres, les godelureaux de Montr��al, vous savez bien qu'il faut que jeunesse se passe. Mon d��funt p��re ��tait donc parti pour aller faire la chasse au castor, au rat musqu�� et au carcajou dans le haut du Saint-Maurice. Une fois rendu l��, il avait camp�� avec les Ab��nakis, et sa cabane de sapinages ��tait �� peine couverte de neige qu'il avait d��j�� jet�� l'oeil sur une belle sauvagesse qui avait suivi son p��re �� la chasse. C'��tait une belle fille, une belle! mais elle passait pour ��tre sorci��re dans la tribu et elle se faisait craindre de tous les chasseurs qui n'osaient l'approcher. Mon d��funt p��re qui ��tait un brave se piqua au jeu et, comme il parlait couramment sauvage, il commen?a �� conter fleurette �� la sauvagesse. Le p��re de la belle faisait des absences de deux ou trois jours pour aller tendre ses pi��ges et ses attrapes, et pendant ce temps-l��, les choses allaient rondement. Il faut vous dire que la sauvagesse ��tait une v'limeuse de payenne qui n'allait jamais �� l'��glise de Saint-Fran?ois et on pr��tendait m��me qu'elle n'avait jamais ��t�� baptis��e. Pas besoin de vous dire tout au long comment les choses se pass��rent, mais mon d��funt p��re finit par obtenir un rendez-vous, �� quelques arpents du camp, sur le coup de minuit d'un dimanche au soir.
Il trouva bien l'heure un peu singuli��re et le jour un peu suspect, mais quand on est amoureux on passe par-dessus bien des choses. Il se rendit donc �� l'endroit d��sign�� avant l'heure et il fumait tranquillement sa pipe pour prendre patience, lorsqu'il entendit du bruit dans la fardoche. Il s'imagina que c'��tait sa sauvagesse qui s'approchait, mais il changea bient?t d'id��e en apercevant deux yeux qui brillaient comme des fifollets et qui le fixaient d'une mani��re ��trange. Il crut d'abord que c'��tait un chat sauvage ou un carcajou, et il eut juste le temps d'��pauler son fusil qu'il ne quittait jamais et d'envoyer une balle entre les deux yeux de l'animal qui s'avan?ait en rampant dans la neige et sous les broussailles. Mais il avait manqu�� son coup et, avant qu'il eut le temps de se garer, la b��te ��tait sur lui, dress��e sur ses pattes de derri��re et tachant de 'lentourer avec ses pattes de devant. C'��tait un loup, mais un loup immense, comme mon d��funt p��re n'en avait jamais vu. Il sortit son couteau de chasse et l'id��e lui vint qu'il avait affaire �� un loup-garou. Il savait que la seule mani��re de se d��barrasser de ces maudites b��tes-l��, c'��tait de leur tirer du sang en leur faisant une blessure, dans le front, en forme de croix. C'est ce qu'il tenta de faire, mais le loup-garou se d��fendait comme un damn�� qu'il ��tait, et mon d��funt p��re essaya vainement de lui plonger son couteau dans le corps, puisqu'il ne pouvait pas parvenir �� le d��livrer. Mais la pointe du couteau pliait chaque fois comme s'il eut frapp�� dans un c?t�� de cuir �� semelle. La lutte se prolongeait et devenait terrible et dangereuse. Le loup-garou d��chirait les flancs de mon d��funt p��re avec ses longues griffes lorsque celui-ci, d'un coup de son couteau qui coupait comme un rasoir, r��ussit �� lui enlever une patte de devant. La b��te poussa un hurlement qui
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