ressemblait au cri d'une femme qu'on ��gorge et disparut dans la for��t. Mon d��funt p��re n'osa pas la poursuivre, mais il mit la patte dans son sac et rentra au camp pour panser ses blessures qui, bien que douloureuses, ne pr��sentaient cependant aucun danger. Le lendemain, lorsqu'il s'informa de la sauvagesse, il apprit qu'elle ��tait partie, pendant la nuit, avec son p��re, et personne ne connaissait la route qu'ils avaient prise. Mais jugez de l'��tonnement de mon d��funt p��re lorsqu'en fouillant dans son sac pour y chercher une patte de loup, il y trouva une main de sauvagesse, coup��e juste au-dessus du poignet. C'��tait tout bonnement la main de la coquine qui s'��tait transform��e en loup-garou pour boire son sang et l'envoyer chez le diable sans lui donner seulement le temps de faire un acte de contrition. Mon p��re ne parla pas de la chose aux sauvages du camp, mais son premier soin, en descendant �� Saint-Fran?ois, le printemps suivant, fut de s'informer de la sauvagesse qui ��tait revenue au village, pr��tendant avoir perdu la main droite dans un pi��ge �� carcajou. La sc��l��rate ��tait disparue et courait probablement le farfadet parmi les ren��gats de sa tribu.
Voil�� mon histoire, monsieur l'incr��dule, termina le p��re Pierriche, et je vous assure qu'elle est diablement plus vraie que tout ce que vous venez nous raconter �� propos de Lector Langevin, de monsieur Morgan et du p'tit Baptiste Gu��vremont. Tachez seulement de vous d��livrer de Bruneau comme mon d��funt p��re s'��tait d��livr�� de la sauvagesse, mais, s'il faut en croire Baptiste Rouillard qui cabale de l'autre c?t��, j'ai bien peur que les rouges nous fassent tous courir le loup-garou, le soir de l'��lection. En attendant prenons un aut'coup �� la sant�� de notre candidat et allons nous coucher, chacun chez nous.
LA B��TE �� GRAND'QUEUE
I
C'est absolument comme je te le dis, insista le p'tit Pierriche Desrosiers, j'ai vu moi-m��me la queue de la b��te. Une queue poilue d'un rouge ��carlate et coup��e en sifflet pas loin du... trognon. Une queue de six pieds, mon vieux!
--Oui c'est ben bon de voir la queue de la b��te, mais c'vlimeux de Fanfan Lazette est si blagueur qu'il me faudrait d'autres preuves que ?a pour le croire sur parole.
--D'abord, continua Pierriche, tu avoueras ben qu'il a tout ce qu'il faut pour se faire poursuivre par la b��te �� grand'queue. Il est blagueur, tu viens de le dire, il aime �� prendre la goutte, tout le monde le sait, et ?a court sur la huiti��me ann��e qu'il fait des paques de renard. S'il faut ��tre sept ans sans faire ses paques ordinaires pour courir le loup-garou, il suffit de faire des paques de renard pendant la m��me p��riode pour se faire attaquer par la b��te �� grand'queue. Et il l'a rencontr��e en face du manoir de Dautraye, dans les grands arbres qui bordent la route o�� le soleil ne p��n��tre jamais, m��me en plein midi. Juste �� la m��me place o�� Louison Laroche s'��tait fait arracher un oeil par le maudit animal, il a environ une dizaine d'ann��es.
Ainsi causaient Pierriche Desrosiers et Maxime Sanssouci, en prenant clandestinement un p'tit coup dans la maisonnette du vieil Andr�� Lalibert�� qui vendait un verre par ci et par l�� �� ses connaissances, sans trop s'occuper des lois de patentes ou des remontrances du cur��.
--Et toi, Andr��, que penses-tu de tout ?a? demanda Pierriche. Tu as d? en voir des b��tes �� grand'queue dans ton jeune temps. Crois-tu que Fanfan Lazette en ait rencontr�� une, �� Dautraye?
--C'est ce qu'il pr��tend, mes enfants, et, comme le voici qui vient prendre sa nippe ordinaire, vous n'avez qu'�� le faire jaser lui-m��me si vous voulez en savoir plus long.
II
Fanfan Lazette ��tait un mauvais sujet qui faisait le d��sespoir de ses parents, qui se moquait des sermons du cur��, qui semait le d��sordre dans la paroisse et qui--cons��quence fatale--��tait la coqueluche de toutes les jolies filles des alentours.
Le p��re Lazette l'avait mis au coll��ge de L'Assomption, d'o�� il s'��tait ��chapp�� pour aller �� Montr��al l'aire un m��tier quelconque. Et puis il avait pass�� deux saisons dans les chantiers et ��tait revenu chez son p��re qui se faisait vieux, pour diriger les travaux de la ferme.
Fanfan ��tait un rude gars au travail, il fallait lui donner cela, et il besognait comme quatre lorsqu'il s'y mettait; mais il ��tait journalier, comme on dit au pays, et il faisait assez souvent des neuvaines qui n'��taient pas toujours sous l'invocation de saint Fran?ois-Xavier.
Comme il faisait tout �� sa t��te, il avait pris pour habitude de ne faire ses paques qu'apr��s la p��riode de rigueur, et il mettait une esp��ce de fanfaronnade �� ne s'approcher des sacrements qu'apr��s que tous les fid��les s'��taient mis en r��gle avec les commandements de l'��glise.
Bref, Fanfan ��tait un luron que les comm��res du village traitaient de pendard,
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