La chasse galerie | Page 6

Honoré Beaugrand
d��pens du diable.
Et Joe le cook plongea sa micouane dans la m��lasse bouillonnante aux reflets dor��s, et d��clara que la tire ��tait cuite �� point et qu'il n'y avait plus qu'�� l'��tirer.

LE LOUP-GAROU
Oui! Vous ��tes tous des fins-fins, les avocats d Montr��al, pour vous moquer des loups-garous. Il es vrai que le diable ne fait pas tant de c��r��monies avec vous autres et qu'il est si s?r de son affaire, qu'il n'a pas besoin de vous faire courir la pr��tentaine pour vous attraper par le chignon du cou, �� l'heure qui lui conviendra.
--Voyons, p��re Brindamour, ne vous fachez pas, et si vous avez vu des loups-garous, racontez-nous ?a.
C'��tait pendant la derni��re lutte ��lectorale de Richelieu, entre Bruneau et Morgan, dans une salle du comit�� du Pot-au-beurre, en bas de Sorel. Les cabaleurs r��visaient les listes et faisaient des cours d'��conomie politique aux badauds qui pr��tendaient s'int��resser �� leurs arguments, pour attraper de temps en temps un p'tit coup de whisky blanc �� la sant�� de monsieur Morgan.
Dans une salle basse, remplie de fum��e, assis sur des bancs grossiers autour d'une table de bois de sapin brut, vingt-cinq �� trente gaillards des alentours causaient politique sous la haute direction d'un ��tudiant en droit qui pontifiait, flanqu�� de quatre ou cinq exemplaires du Hansard et des derniers livres bleus des minist��res d'Ottawa.
Le p��re Pierriche Brindamour en ��tait rendu au paroxysme d'un enthousiasme ��chevel�� et criait comme un poss��d��:
--Hourrah pour monsieur Morgan! et que le diable emporte tous les rouges de Sorel; c'est une bande de coureux de loup-garoux.
Un ��clat de rire formidable accueillit cette frasque du p��re Pierriche et comme on le savait bavard, �� ses heures d'enthousiasme, on r��solut de le faire causer.
--Des coureux de loup-garou! Allons donc M. Brindamour, est-ce que vous croyez encore �� ces blagues-l��, dans le rang du Pot-au-beurre?
C'est alors que le vieillard riposta en s'attaquant au manque de vertu et d'orthodoxie des avocats en g��n��ral et de ceux de Montr��al en particulier.
--Ah ben oui! vous ��tes tous pareils, vous autres les avocats, et si je vous demandais seulement ce que c'est qu'un loup-garou, vous seriez ben en peine de me le dire. Quand je dis que tous les rouges de Sorel courent le loup-garou, c'est une mani��re de parler, car vous devriez savoir qu'il faut avoir pass�� sept ans sans aller �� confesse, pour que le diable puisse s'emparer d'un homme et lui faire pousser du poil en dedans. Je suppose que vous ne savez m��me pas qu'un homme qui court le loup-garou a la couenne comme une peau de loup revir��e �� l'envers, avec le poil en dedans. Un sauvage de Saint-Fran?ois conna?t ?a, mais un avocat de Montr��al, ?a peut bavasser sur la politique, mais en dehors de ?a, faut pas lui demander grand-chose sur les choses s��rieuses et sur ce qui concerne les habitants.
--C'est vrai, r��pondirent quelques farceurs qui se rangeaient avec le p��re Pierriche, contre l'avocat en herbe.
--Oui! tout ?a, c'est tr��s bien, riposta l'��tudiant dans le but de pousser Pierriche �� bout, mais ?a n'est pas une v��ritable histoire de loup-garou. En avez-vous jamais vu, vous, un loup-garou, M. Brindamour? C'est cela que je voudrais savoir.
--Oui, j'en ai vu un loup-garou, pas un seul, mais vingt-cinq, et si je vous rencontrais seulement sur le bord d'un foss��, dans une talle de hart-rouge apr��s neuf heures du soir, je gagerais que vous auriez le poil aussi long qu'un loup, vous qui parlez, car ?a vous emb��terait ben de me montrer votre billet de confession. Le plus que ?a pourrait ��tre ce serait un mauvais billet de paques de renard. Ah! on vous conna?t les gens de Montr��al. Faut pas venir nous pousser des pointes, parce que vous ��tes plus ��duqu��s que nous autres.
--Oui! oui, tout ?a, c'est bien beau mais c'est pour nous endormir que vous blaguez comme ?a. Allez dire ?a aux gens de Bruneau. Ce qui me faut �� moi c'est des preuves, et si vous savez une histoire de loup-garou, racontez-la, car on va finir par croire que vous n'en savez pas et que vous voulez vous moquer de nous autres.
--Oui-da! oui. Eh ben j'en ai une histoire et je vas vous la conter, mais �� une condition: vous allez nous faire servir un gallon de whisky d'��lection pour que nous buvions �� la sant�� de monsieur Morgan, notre candidat.
La proposition fut agr����e et le p'tit lait ��lectoral fut vers�� �� la ronde, haussant d'un cran l'enthousiasme d��j�� surchauff�� de cet auditoire d��sint��ress��!
Et apr��s avoir constat�� qu'il ne restait plus une goutte de liquide au fond de la mesure d'un gallon qu'on avait plac�� sur une pile de litt��rature ��lectorale, au beau milieu de la table, Pierriche Brindamour prit la parole:
C'est pas pour un verre de whisky du gouvernement que je voudrais vous conter une menterie. Il me faudrait
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