La capitaine | Page 7

Émile Chevalier
mer sur les gr��ves sablonneuses.
Les deux hommes furent bient?t au cimeti��re, situ�� aux portes de la ville.
En approchant, ils per?urent des sons de voix, et distingu��rent une faible lumi��re qui semblait voltiger au milieu des arbres dont les tombeaux sont ombrag��s.
--On dirait un feu follet, murmura le comte qui n'avait pas desserr�� les dents pendant tout le trajet.
--Oui, ma?tre.
--Mais, vois-tu ces ombres qui remuent l��-bas?
--Oui; ma?tre!
--Ah! je parierais que ce sont quelques mis��rables ��tudiants on m��decine, qui pour avoir un cadavre profanent la s��pulture... Qu'est-ce que cela?
Un cri de frayeur s'��tait ��lev�� du cimeti��re et un spectre se dressait au milieu.
Trois ou quatre individus, fuyant �� toutes jambes, pass��rent presque aussit?t pr��s de Lancelot et de son domestique.
Le spectre avait l'air de marcher sur eux.
--C'est extraordinaire, dit Arthur. Mais tu n'as pas peur?
--Non, ma?tre.
Ils entr��rent dans le lieu saint. L'apparition s'��tait ��vanouie, comme, si elle ��tait rentr��e soudainement en terre.
Samson alluma sa lanterne et ils s'avanc��rent vers la tombe de Bertrand.
La fosse ��tait d��couverte; elle ��tait vide!
--Mon Dieu! ces jeunes gens, ces r��surrectionnistes[1] auraient-ils emport�� le cadavre, pour le diss��quer! s'��cria Lancelot avec une expression d'angoisse.
--Non, ma?tre.
Et Samson montra, avec sa lanterne, un corps envelopp�� d'un suaire, ��tendu dans des touffes de hautes herbes.
[Note 1: En Am��rique on nomme ainsi les ��tudiants qui d��terrent en cachette les cadavres, pour les faire servir �� leurs ��tude? m��dicales.]

II
LE RESSUSCIT��
L'habitation de M. du Sault se composait d'un gros pavillon carr��, bati �� la cime d'un cap ��norme, que battaient incessamment les flots de la mer.
Ce pavillon avait trois ��tages, couronn��s par une terrasse, du haut de laquelle se d��roulaient des tableaux sublimes ou charmants. Ici, l'Oc��an avec toutes ses grandeurs, ses ab?mes, ses myst��res, sa vie prodigieuse, mais �� peine soup?onn��e, l'Oc��an avec ses infinis horizons; l��, des campagnes nouvellement ouvertes �� l'industrie humaine, et d��j�� f��cond��es par son travail ing��nieux, ��gay��es par ses maisons, ses troupeaux; plus loin de sombres for��ts vierges encore, que le pied de l'homme civilis�� ne foula jamais; �� droite une c?te d��coup��e et taillad��e comme de la dentelle qui serpente, blanche ligne de d��marcation, entre le bleu fonc�� des eaux et le vert ��blouissant des prairies salines; �� gauche, la ville d'Halifax, avec son port plein de mouvement, sa for��t de mats, les rochers pittoresques et les forts qui la d��fendent, les vastes entrep?ts, les chantiers, pr��sages certains d'un florissant avenir, les ��difices publics dont elle s'enorgueillit d��j��, les beaux massifs d'arbres desquels on lui a fait une ceinture, et la gracieuse colline qui l'abrite contre les froides haleines de la bise.
O�� que vous vous tourniez, sur la terrasse de M. du Sault, le spectacle enchantait.
La maison ��tait construite, sur fondations en pierre de taille, avec des briques rouges, stri��es de filets blancs, qui lui donnaient un air de f��te et conviaient le voyageur fatigu�� �� s'y venir reposer.
On arrivait au premier ��tage par une double rang��e d'escaliers formant �� leur sommet un perron, sur lequel quatre colonnes en marbre vert servaient d'assises �� un balcon, plac�� au deuxi��me ��tage.
Le reste de la fa?ade ��tait tout uni.
Devant cette fa?ade se d��ployait une pelouse, arros��e par un jet d'eau et entour��e d'une haute grille en fer qui enveloppait aussi, dans son corset, plusieurs batiments adjacents: une belle m��tairie, avec ses ��curies, ses granges, ses cour et basse-cour, son pigeonnier, tout son mat��riel d'exploitation; puis l'��tablissement de p��cherie de M. du Sault, consistant en une s��rie de hangars et s��choirs en bois qui n'avait pas moins d'un quart de mille de longueur.
La m��tairie et la p��cherie se trouvaient entre la villa et Halifax; mais, de l'autre c?t��, s'��talait un parterre d��licieux, suivi d'un parc immense, longeant la mer o�� il baignait son pied.
Un ruisseau, d��riv�� de son cours naturel, l'arrosait par cent festons capricieux et lui communiquait une fra?cheur avidement recherch��e pendant les ardeurs de l'��t��.
Quelques kiosques, tapiss��s de lierre, liserons, cl��matites et autres plantes grimpantes, s'enchassaient ?a et l�� dans le parc, soit sur le bord du ruisseau, soit sur une haute falaise, dominant l'Atlantique.
Dans ces kiosques, tant?t sous les ombrages, au concert de mille oiseaux aimables, tant?t sur la roche nue, aride, au formidable solo de l'Oc��an dont les fureurs rejaillissaient, en blanche ��cume, jusque sur eux, que de douces et rapides heures Bertrand et Emmeline avaient coul��es! que de projets d'avenir, de bonheur ils avaient fait ��clore et miroiter au souffle de leur vive imagination, comme ces bulles de savon que les ��coliers lancent en jouant dans l'air!
Autant en emporte le vent, mais autant en retrouve notre esprit quand il est jeune, enflamm�� par l'amour ou l'ambition.
En l'un de ces adorables r��duits, devant une pi��ce d'eau o�� s'��battaient deux beaux cygnes, par une chaude apr��s-midi du mois de juillet, Emmeline et Bertrand causaient, tendrement enlac��s l'un �� l'autre.
L'endroit ��tait ravissant. Aussi avait-il la pr��dilection des doux
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 59
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.