c?te, et obtint des r��coltes merveilleuses.
C'��tait un homme audacieux, mais ��clair��, et sage autant que progressiste.
Bertrand et Emmeline re?urent une ��ducation excellente et une instruction aussi bonne qu'on se la pouvait alors procurer dans les colonies de l'Am��rique septentrionale.
On leur apprit l'anglais, le fran?ais, un peu de dessin, un peu de musique, l'histoire et les math��matiques.
Bertrand t��moignait du go?t pour la marine. A quinze ans, on l'envoya �� l'��cole navale en Angleterre. Il revint, au bout de trois ann��es, avec le grade d'enseigne.
Monsieur du Sault demanda et obt?nt qu'il f?t plac�� sur un des navires de la station d'Halifax.
De la sorte, le jeune midshipman demeura pr��s des siens, �� la grande joie d'Emmeline, que son absence avait plong��e dans une m��lancolie profonde.
Le service n'est point p��nible dans les colonies.
Riche et influent par son p��re, Bertrand ��tait �� peu pr��s le ma?tre de ses actions. Il ne montait gu��re �� bord que pour les revues extraordinaires, et passait tout son temps avec sa soeur.
La journ��e, ils lisaient ou faisaient de longues promenades, soit �� cheval, soit en canot, soit m��me �� pied; quelques visites et quelques r��ceptions occupaient leurs soir��es.
Ils voyaient peu de monde, mais des personnes choisies ou du moins qui semblaient l'��tre.
Depuis quelques mois, le nombre de leurs amis s'��tait accru d'un jeune homme ��tranger, fort ��l��gant, fort brave, fort aimable, dont la pr��sence avait r��volutionn�� Halifax et tourn�� la t��te �� la plus charmante moiti�� de ses habitants.
Cavalier accompli, il parlait avec une facilit�� ��gale l'anglais et le fran?ais. On ignorait son origine; mais �� ses avantages personnels, il joignait des revenus fabuleux, s'il en fallait juger par ses prodigalit��s, et nul ne songeait �� lui faire un crime du myst��re dont il enveloppait son existence.
N'avait-il pas, d'ailleurs, ses entr��es �� l'h?tel du Gouvernement? n'��tait-il pas cousin du secr��taire particulier de sir George Pr��vost, qui, lui-m��me, l'avait pr��sent�� �� la haute soci��t�� civile et militaire de la Nouvelle-��cosse? Et sir George Pr��vost ��tait gouverneur-g��n��ral, c'est-��-dire vice-roi de la colonie.
Ce mortel fortun�� se faisait appeler le comte Arthur Lancelot, nom qui pouvait ��tre anglais, comme il pouvait ��tre fran?ais.
Le comte Arthur Lancelot s'��tait donc li�� avec la famille du Sault; et si les jeunes misses �� marier jalousaient furieusement Emmeline, les jeunes dandys d'Halifax en voulaient s��rieusement au comte Arthur de ses pr��f��rences pour Bertrand, ?apr��s tout un maudit Fran?ais d��nationalis�� (a damn'd denationalized French-man),? disaient-ils.
Cependant, Arthur Lancelot n'avait pas �� une r��sidence fixe. Il voyageait beaucoup, paraissait et disparaissait subitement. On l'avait ��pi��; on avait cherch�� �� savoir o�� il allait, d'o�� il venait. Peines perdues. A bout de perquisitions, ses envieux assuraient, sous le sceau du secret, que c'��tait un espion du gouvernement anglais, qu'il surveillait les ��tats-Unis, avec lesquels la Grande-Bretagne ��tait alors en hostilit��s, et qu'il avait ��tabli provisoirement son quartier g��n��ral dans la capitale de la Nouvelle-��cosse.
Malgr�� ces rumeurs, et bien d'autres, que nous nous abstiendrons de reproduire, aucun des colons ne pouvait se flatter d'avoir des renseignements exacts sur le comte Arthur, quoique les plus notables courtisassent avidement ses faveurs. Lorsqu'il habitait Halifax, c'��tait �� qui l'aurait �� d?ner, en soir��e, �� qui pourrait se vanter, le lendemain, de l'avoir poss��d�� pendant une heure. On copiait sa mise, sa tournure, ses mani��res; on se disputait ses bons mots. Le journal de la localit��, la Nova-Scotia, lui consacrait r��guli��rement une colonne, chaque semaine, dans ses Weekly Reports.
Enfin, il ��tait, dans ce petit coin du Nouveau-Monde, ce que le beau Brummel fut un peu plus tard �� Londres.
Vers la fin de mai 1811, pendant une absence du comte Arthur, le repos de la famille du Sault fut tout �� coup troubl�� par une de ces catastrophes ��pouvantables, toujours suspendues sur nos t��tes, et qui nous frappent sans piti��, alors que, pleins de qui��tude pour le pr��sent, d'esp��rance pour l'avenir, nous nous abandonnons sans crainte, sans appr��hension, au bonheur de vivre en r��pandant le bien et la paix autour de nous.
Bertrand tomba subitement malade.
Ce fut une maladie ��trange, rapide, qui le paralysa d��s sa premi��re atteinte, confondit la science enti��re des plus vieux chirurgiens de marine, et mit au d��fi les soins empress��s dont on entoura le jeune homme.
Le lendemain, il ne pouvait plus parler, plus bouger; le jour suivant, il ��tait raide, insensible, glac��.
Les m��decins d��clar��rent �� ses parents qu'il avait cess�� d'exister.
Je n'essaierai point de peindre la douleur de ces derniers. Elle fut immense. Emmeline fut prise d'une attaque de nerfs qui mit ses jours en danger, et sa m��re faillit devenir folle.
Avant l'ensevelissement, M. du Sault voulut que le corps f?t soumis �� un nouvel examen. D'autres praticiens furent mand��s. Leur rapport ne se rapporta que trop, h��las! avec le premier.
Bertrand ��tait mort: la vie ��tait ��teinte depuis plus de vingt-quatre heures.
Le jeune homme avait conquis l'estime ou l'affection de tous ceux qui
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