le jeune homme. Il ��tait trop tard... tu ��tais mari��e... J'ai souffert!... Mais �� quoi bon parler des souffrances pass��es, quand la f��licit�� me verse sa coupe d'ambroisie... Oh! qu'ils sont boas, qu'ils sont suaves, tes baisers! Encore, ma bien-aim��e, encore...
--Non, assez... assez... Maurice... ��pargnez-moi... Si vous m'aimez, respectez-moi!
--Vous ��pargner! C'est vrai! dit le jeune homme en changeant de ton et devenant brusque, c'est vrai, vous avez un mari!
--Maurice! Maurice! Oh! ne me dites pas cela! ne me rudoyez pas ainsi; je ne le m��rite pas. Je n'ai pas cess�� de vous aimer, pas cess�� de vous ��tre fid��le.
--Fid��le! r��p��ta ironiquement le jeune homme.
--Je vous le jure devant Dieu, Maurice; je n'ai pas cess�� un seul instant de vous ��tre fid��le! s'��cria madame de Grandfroy avec un accent qui ��mut profond��ment son amant. Jamais, ajouta-t-elle en se faisant un voile de ses longues paupi��res pour cacher l'��clat qui animait ses pupilles, jamais, depuis que je l'habite, le baron n'a mis le pied dans cette chambre.
Maurice s'��tait retourn��. Il se souleva sur les genoux, pressa la jeune femme ��plor��e contre son coeur, et, la contemplant avec une tendresse idolatre:
--Pardonne, je t'aime! soupira-t-il.
--Oh! pourvu que vous m'aimiez, que vous m'aimiez toujours, Maurice!
--Toujours! dit-il en ��cho.
Et leurs haleines se confondirent
Le lendemain, madame de Grandfroy avait disparu du chateau de T..., dans la Basse-Bourgogne, o�� elle r��sidait avec son mari.
On se perdit en conjectures sur cette disparition subite, qui ne laissa aucune trace, et jamais dans le pays, l'on ne sut ce qu'��tait devenue la baronne.
PREMI��RE PARTIE
DANS LA NOUVELLE ��COSSE
I
LA CATASTROPHE
Halifax, colonie anglaise, dans l'Am��rique septentrionale, est une jolie ville de vingt-cinq �� trente mille ames.
Les navires �� vapeur, affect��s au service trans-atlantique, y font g��n��ralement escale, et s'y ravitaillent de charbon, eau, provisions diverses.
Capitale de la Nouvelle-��cosse (p��ninsule �� la pointe est du Nouveau-Monde, et qui offre sur l'Oc��an un front de deux cent quatre-vingts milles environ d'��tendue), Halifax a ��t�� batie, en 1749, au fond d'une baie, par trois mille huit cents ��migrants anglo-saxons, sur l'emplacement d'un poste fran?ais c��l��bre, sous le nom de Chibouctou, dans l'histoire de nos guerres avec la Grande-Bretagne.
Son port est beau, spacieux, commode, mais l'entr��e on est encore difficile, quoiqu'on l'ait fort am��lior��e, dans ces derniers temps surtout.
En 1811, �� l'��poque o�� commence notre r��cit, l'acc��s de ce port pr��sentait une foule d'��cueils redout��s par les marins qui, dans leur langage imag��, l'avaient baptis��e l'Avenue du Diable (Old Nick's Avenue.)
On y voyait des rochers ��normes, �� fleur d'eau, contre lesquels plus d'un vaisseau s'��tait bris��, et que les l��gendes terribles rendaient fameux dans tout le golfe de Saint-Laurent.
Construite en bois, �� l'exception de la maison du Gouvernement, et d'un tr��s-petit nombre d'habitations particuli��res, appartenant �� des armateurs, la ville faisait d��j�� un commerce consid��rable, dont le hareng, la morue et les huiles de poisson formaient les articles principaux.
La p��che ��tait donc l'occupation par excellence de ses habitants, qui y consacraient la plus grande partie de leur temps.
La population, y compris la garnison, s'��levait �� dix ou douze mille individus. Elle se composait g��n��ralement d'Anglais; mais on y remarquait quelques Canadiens,--descendants de ces malheureux Acadiens qui furent si indignement pers��cut��s par la Grande-Bretagne, �� la fin du XVIIe si��cle,--et m��me quelques Fran?ais d'outre-mer.
Parmi ces derniers se trouvait une famille riche et tr��s-consid��r��e dans le pays.
Son chef se nommait M. du Sault. Il ��tait arriv�� dans la Nouvelle-��cosse, quelque vingt ans auparavant, avec sa femme et deux enfants en bas age.
Aujourd'hui, Bertrand, l'a?n�� de ces enfants, ��tait ag�� de vingt-deux ans; Emmeline, sa soeur, en comptait vingt.
Ils vivaient chez leurs parents, dans une belle campagne sur les bords de la mer, �� un demi-mille environ d'Halifax.
Jamais fr��re et soeur ne s'aim��rent plus qu'eux; jamais natures sensibles ne furent mieux faites pour s'entendre. Toujours ensemble, toujours d'accord, ils n'avaient point de secrets l'un pour l'autre. Ils ch��rissaient ��galement M. et madame du Sault, qui leur rendaient cette tendresse avec usure.
Cette famille paraissait aussi heureuse qu'on peut l'��tre en ce monde, et chacun se la proposait pour mod��le, chacun enviait sa f��licit��.
M. du Sault ��tait pauvre en d��barquant �� Halifax, vers 1792. Ceux-ci disaient qu'il avait fait naufrage, ceux-l�� qu'il avait ��t�� assailli et d��pouill�� par des pirates; mais on ne savait �� laquelle des deux versions s'arr��ter. Quant �� lui, il ��tait muet sur ce sujet, laissait volontiers causer les gens, et savait ��luder la question quand on l'interrogeait directement.
Depuis lors, il avait fait fortune, une fortune princi��re, ��valu��e �� plusieurs millions. Pr��voyant l'importance que les p��cheries ne tarderaient pas �� acqu��rir, il avait, un des premiers, organis�� un ��tablissement sur une vaste ��chelle, et le succ��s ��tait venu couronner son entreprise. Plus tard, il acheta du gouvernement britannique des terres �� vil prix, les engraissa avec des bancs de poissons en d��composition, que le flux avait jet��s sur la
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