La Vita Nuova | Page 8

Dante Alighieri
(puerizia) je m'en allais souvent chercher apr��s elle. Et je lui voyais une apparence si noble et si belle que certes on pouvait lui appliquer cette parole d'Hom��re. ?Elle paraissait non la fille d'un homme mais celle d'un Dieu.?[11]
Et, bien que son image ne me quittat pas, m'encourageant ainsi �� me soumettre �� l'Amour, elle avait une fiert�� si noble qu'elle ne permit jamais que l'Amour me dominat par del�� des conseils fid��les de la raison tels qu'il est si utile de les entendre dans ces sortes de choses. Aussi, comme il peut para?tre fabuleux que tant de jeunesse ait pu ma?triser ainsi ses passions et ses impulsions, je me tairai et, laissant de c?t�� beaucoup de choses qui pourraient ��tre prises l�� d'o�� j'ai tir�� celles-ci[12], j'en arriverai �� ce qui a imprim�� les traces les plus profondes dans ma m��moire.
NOTES:
[1] Commentaire du chap. I.
[2] Le Soleil.
[3] Commentaire du ch. II.
[4] R��volution qui s'op��re en cent ans (Tutto quel cielo si muove seguendo il movimento della stellata spera, da occidente a oriente, in cento anni uno grado). Tous ces passages se rapportent �� la conception de la cosmographie c��leste qui se trouve longuement d��velopp��e dans, Il Convito (tratt. ii, ch. II et XV).
[5] Beatrice est toujours repr��sent��e, jusque dans les r��gions c��lestes, v��tue de rouge, couleur noble sans doute aux yeux du Po��te.
[6] Voici un Dieu plus fort que moi, qui viendra me dominer.
[7] Le cerveau.
[8] C'est votre B��atitude qui vous est apparue.
[9] Dans le texte: ove si ministrato nutrimento nostro. Je me suis permis de traduire autrement cette phrase. Fraticelli l'a ��galement interpr��t��e dans son commentaire par: lo spirito vocale.
[10] ?Malheureux que je suis, je vais me trouver souvent bien emp��ch��.? Nous trouvons plusieurs fois le mot impeditus employ�� dans le sens de embarrass��, troubl��.
[11] C'est d'H��l��ne passant devant la foule qu'Hom��re parlait ainsi.
[12] C'est-��-dire de mon esprit.

CHAPITRE III
Apr��s que furent pass��es neuf ann��es juste[1] depuis la premi��re apparition de cette charmante femme et le dernier jour, je la rencontrai v��tue de blanc, entre deux dames plus ag��es. Comme elle passait dans une rue, elle jeta les yeux du c?t�� o�� je me trouvais, craintif, et, avec une courtoisie infinie, dont elle est aujourd'hui r��compens��e dans l'autre vie[2], elle me salua si gracieusement qu'il me sembla avoir atteint l'extr��mit�� de la B��atitude. L'heure o�� m'arriva ce doux salut ��tait pr��cis��ment la neuvi��me de ce jour. Et comme c'��tait la premi��re fois que sa voix parvenait �� mes oreilles, je fus pris d'une telle douceur que je me sentis comme ivre, et je me s��parai aussit?t de la foule.
Rentr�� dans ma chambre solitaire, je me mis �� penser �� elle et �� sa courtoisie, et en y pensant je tombai dans un doux sommeil o�� m'apparut une vision merveilleuse.
Il me sembla voir dans ma chambre un petit nuage couleur de feu dans lequel je distinguais la figure d'un personnage d'aspect inqui��tant pour qui le regardait[3]; et il montrait lui-m��me une joie vraiment extraordinaire, et il disait beaucoup de choses dont je ne comprenais qu'une partie, o�� je distinguais seulement: ?Ego dominus tuus.?[4] Il me semblait voir dans ses bras une personne endormie, nue[5], sauf qu'elle ��tait l��g��rement recouverte d'un drap de couleur rouge. Et en regardant attentivement, je connus que c'��tait la dame du salut, celle qui avait daign�� me saluer le jour d'avant. Et il me semblait qu'il tenait dans une de ses mains une chose qui br?lait, et qu'il me disait: ?Vide cor tuum.?[6] Et quand il fut rest�� l�� un peu de temps, il me semblait qu'il r��veillait celle qui dormait, et il s'y prenait de telle mani��re qu'il lui faisait manger cette chose qui br?lait dans sa main, et qu'elle mangeait en h��sitant. Apr��s cela, sa joie ne tardait pas �� se convertir en des larmes am��res; et, prenant cette femme dans ses bras, il me semblait qu'il s'en allait avec elle vers le ciel.
Je ressentis alors une telle angoisse que mon l��ger sommeil ne put durer davantage, et je m'��veillai.
Je commen?ai aussit?t �� penser, et je trouvai que l'heure o�� cette vision m'��tait apparue ��tait la quatri��me de la nuit, d'o�� il r��sulte qu'elle ��tait la premi��re des neuf derni��res heures de la nuit.[7] Et tout en songeant �� ce qui venait de m'appara?tre, je me proposai de le faire entendre �� quelques-uns de mes amis qui ��taient des trouv��res fameux dans ce temps-l��. Et, comme je m'��tais d��j�� essay�� aux choses rim��es, je voulus faire un sonnet dans lequel je saluerais tous les fid��les de l'Amour, et les prierais de juger de ma vision. Je leur ��crivis donc ce que j'avais vu en songe:
A toute ame ��prise et �� tout noble coeur[8] A qui parviendra ceci Afin qu'ils m'en retournent leur avis, Salut dans la personne de leur Seigneur, c'est-��-dire l'Amour. D��j�� ��taient
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