La Vita Nuova | Page 9

Dante Alighieri
pass��es les heures O�� les ��toiles brillent de tout leur ��clat, Quand m'apparut tout a coup l'Amour Dont l'essence me remplit encore de terreur. L'Amour me paraissait joyeux. Il tenait mon coeur dans sa main Et dans ses bras une femme endormie et envelopp��e d'un manteau. Puis il la r��veillait et, ce coeur qui br?lait, Il le lui donnait �� manger, ce qu'elle faisait, craintive et docile, Puis je le voyais s'en aller en pleurant.[9]
Il vint plusieurs r��ponses �� ce sonnet, et des opinions diverses furent exprim��es. Parmi elles fut la r��ponse de celui que j'appelle le premier de mes amis. Il m'adressa un sonnet qui commence ainsi: ?Il me semble que tu as vu la perfection....?[10] Et de l�� date le commencement de notre amiti�� mutuelle, quand il sut que c'��tait moi qui lui avais fait cet envoi. La v��ritable interpr��tation de ce sonnet ne fut alors saisie par personne. Mais aujourd'hui elle est saisie par les gens les moins perspicaces.[11]
NOTES:
[1] Dante avait alors 18 ans et B��atrice �� peu pr��s 17.
[2] Nel gran secolo.
[3] Ce personnage ��tait l'Amour.
[4] Je suis ton ma?tre.
[5] On a vu dans cette nudit�� un symbole de virginit��. L'opinion exprim��e par quelques auteurs que B��atrice ��tait d��j�� mari��e �� cette ��poque, ne saurait se concilier avec cette attribution symbolique.
[6] Vois ton coeur.
[7] Voir au ch. XXX pour ce qui concerne le nombre 9.
[8] A ciascun' alma presa, e gentil cuore....
[9] Commentaire du ch. III.
[10] Cet ami ��tait Guido Cavalcanti, l'un des po��tes les plus r��put��s de cette ��poque. Il avait r��pondu: Vedesti al mio parer ogni valore....
[11] On trouvera plusieurs de ces r��ponses dans le Commentaire du ch. III.

CHAPITRE IV
Apr��s cette vision, ma sant��[1] commen?a �� ��tre troubl��e dans ses fonctions parce que mon ame ne cessait de penser �� cette beaut��; de sorte que je devins en peu de temps si fr��le et si faible que mon aspect ��tait devenu p��nible pour mes amis. Et beaucoup pouss��s par la malice cherchaient �� savoir ce que je tenais �� cacher aux autres. Et moi, m'apercevant de leur mauvais vouloir, je leur r��pondais que c'��tait l'Amour qui m'avait mis dans cet ��tat. Je disais l'Amour parce que mon visage en portait tellement les marques que l'on ne pouvait s'y m��prendre. Et quand ils me demandaient: ?Pourquoi l'Amour t'a-t-il d��fait �� ce point?? Je les regardais en souriant, et je ne leur disais rien.
NOTE:
[1] Dans le texte: mon esprit naturel.

CHAPITRE V
Il arriva un jour que cette beaut�� ��tait assise dans un endroit o�� l'on c��l��brait la Reine de la gloire[1], et de la place o�� j'��tais je voyais ma B��atitude. Et entre elle et moi en ligne droite ��tait assise une dame d'une figure tr��s agr��able, qui me regardait souvent, ��tonn��e de mon regard qui paraissait s'arr��ter sur elle; et beaucoup s'aper?urent de la mani��re dont elle me regardait. Et l'on y fit tellement attention que, en partant, j'entendais dire derri��re moi: ?Voyez donc dans quel ��tat cette femme a mis celui-ci.? Et, comme on la nommait, je compris qu'on parlait de celle qui se trouvait dans la direction o�� mes yeux allaient s'arr��ter sur l'aimable B��atrice.[1]
Alors je me rassurai, certain que mes regards n'avaient pas ce jour-l�� d��voil�� aux autres mon secret; et je pensai �� faire aussit?t de cette gracieuse femme ma protection contre la v��rit��. Et en peu de temps, j'y r��ussis si bien que ceux qui parlaient de moi crurent avoir d��couvert ce que je tenais �� cacher.
Grace �� elle, je pus dissimuler pendant des mois et des ann��es.[2] Et pour mieux tromper les autres, je composai �� son intention quelques petits vers que je ne reproduirai pas ici, ne voulant dire que ceux qui s'adresseraient �� la divine B��atrice, et je ne donnerai que ceux qui seront �� sa louange.
NOTES:
[1] La f��te de la Vierge.
[2] Il para?t difficile de croire que ce man��ge ait dur�� des ann��es.

CHAPITRE VI
Je dirai que pendant que cette femme servait ainsi de protection �� mon grand amour, pour ce qui me concernait, il me vint �� l'id��e de vouloir rappeler le nom de celle qui m'��tait ch��re, en l'accompagnant du nom de beaucoup d'autres femmes, et parmi les leurs du nom de celle dont je viens de parler. Et, ayant pris les noms des soixante plus belles femmes de la ville, o�� ma Dame a ��t�� mise par le Seigneur, j'en composai une ��p?tre sous la forme de Sirvente[1], que je ne reproduirai pas. Et si j'en fais mention ici, c'est uniquement pour dire que, par une circonstance merveilleuse, le nom de ma Dame ne put y entrer pr��cis��ment que le neuvi��me parmi ceux de toutes les autres.
NOTE:
[1] Sirvente, sorte de po��sie usit��e par les trouv��res et les troubadours. C'est peut-��tre quelque convenance de rime qui aura plac�� le nom de B��atrice au neuvi��me rang, sans
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