roi en tombant sur un fauteuil.
Nelson n'eut besoin que de mettre le pied sur la dunette pour voir que non-seulement quelque chose de grave, mais encore quelque chose d'insolite se passait �� bord.
La chose grave, c'��tait non plus un grain, mais une temp��te qui s'amassait au ciel.
La chose insolite, c'��tait la boussole qui avait perdu sa fixit�� et qui variait du nord �� l'est.
Nelson comprit aussit?t que le voisinage du volcan cr��ait des courants magn��tiques, dont l'aiguille aimant��e subissait l'influence.
Par malheur, la nuit ��tait sombre; il n'y avait pas au ciel une ��toile sur laquelle le batiment p?t se guider, �� d��faut de la boussole, devenue insens��e.
Si le vent du sud continuait �� mollir, si la mer calmissait, le danger devenait moindre et m��me disparaissait. On mettait le batiment en panne et l'on attendait le jour. Mais, par malheur, il n'en ��tait point ainsi, et il ��tait ��vident que le vent ne tombait au sud que pour souffler d'un autre c?t��.
Les derni��res bouff��es du vent du sud s'affaiblirent par degr��s et s'��teignirent tout �� fait, et bient?t on entendit les lourdes voiles fouetter les mats. Un calme effrayant s'abattit sur les flots. Matelots et officiers se regard��rent avec angoisse. Et ce silence mena?ant du ciel semblait une tr��ve donn��e par un ennemi g��n��reux mais mortel, pour laisser �� ceux qu'il allait combattre le temps de se pr��parer �� la lutte. La flamme d'une lumi��re se f?t ��lev��e verticalement vers le ciel. L'eau clapotait tristement contre les flancs du navire, et il sortait des profondeurs de la mer des sons inconnus pleins d'une myst��rieuse solennit��.
--Voil�� une terrible nuit qui s'appr��te, milord, dit Henry.
--Bon! fit Nelson, pas si terrible que la journ��e d'Aboukir.
--Est-ce le tonnerre que l'on entend? et, dans ce cas, comment se fait-il que, l'orage venant �� l'arri��re, le tonnerre gronde �� l'avant?
--Ce n'est point le tonnerre, c'est le Stromboli. Nous allons avoir une saute de vent terrible. Ordonnez d'abattre les perroquets, les petits huniers, la grande voile et la misaine.
Henry r��p��ta l'ordre de l'amiral, et, surexcit��s par le danger, les matelots s'��lanc��rent dans les agr��s, et, en moins de cinq minutes, les vastes nappes de toile furent rendues inoffensives et assujetties sur leurs vergues.
Le calme devenait de plus en plus profond. Les vagues cessaient de se briser �� l'avant du vaisseau. La mer elle-m��me semblait avertie qu'un changement prochain et violent se pr��parait.
De l��gers rivolins commenc��rent �� voltiger autour des mats, pr��curseurs de la rafale. Tout �� coup, aussi loin que le regard pouvait s'��tendre au milieu des t��n��bres, on vit la superficie de la mer onduler. Cette ondulation se couvrit d'��cume, un rugissement terrible accourut de l'horizon, et le vent d'ouest, le plus puissant de tous, s'abattit sur les flancs du vaisseau, qui, le recevant en plein travers, inclina ses mats sous le choc irr��sistible.
--La barre au vent! cria Nelson, la barre au vent!
Puis, tout bas, et comme se parlant �� lui-m��me:
--Il y va de la vie! dit-il.
Le timonier ob��it; mais, pendant une minute qui parut un si��cle �� l'��quipage, le vaisseau resta inclin�� sur babord.
Pendant ce moment d'anxieuse attente, un canon de tribord rompit ses amarres, et, roulant dans toute la largeur du batiment, tua un homme et en blessa cinq ou six.
Henry fit un mouvement pour s'��lancer sur le pont; Nelson l'arr��ta par le bras.
--Du sang-froid! lui dit-il. Que des hommes se tiennent pr��ts avec des haches. Je raserai, s'il est n��cessaire, le navire comme un ponton.
--Il se rel��ve! il se rel��ve! cri��rent �� la fois les cent voix des matelots.
Et, en effet, le vaisseau se releva lentement et majestueusement, comme un courtois et courageux adversaire qui salue avant de combattre; puis, c��dant au gouvernail et pr��sentant sa haute poupe au vent, il fendit les vagues, courant devant la temp��te.
--Voyez si la boussole a repris sa fixit��, dit Nelson �� Henry.
Henry alla �� la boussole et revint.
--Non, milord, dit Henry, et j'ai peur que nous ne courions droit sur le Stromboli.
En ce moment, comme pour r��pondre �� un ��clat de tonnerre venant de l'occident, on entendit �� l'avant un de ces rugissements gui pr��c��dent les ��ruptions du volcan; puis un immense jet de flamme monta vers le ciel, et s'��teignit presque aussit?t.
Ce jet de flamme ��tait �� un mille �� peine �� l'avant. Comme l'avait craint Henry, on courait juste sur le volcan, qui sembla avoir tout expr��s allum�� son phare pour indiquer le danger �� Nelson.
--La barre �� tribord! cria l'amiral.
Le timonier ob��it, et le batiment, en passant de l'est-sud-est au sud-est, ob��it au timonier.
--Votre Seigneurie sait, dit Henry, que, de Stromboli �� Panaria, c'est-��-dire pendant pr��s de sept ou huit milles, la mer est couverte de petites ?les et de rochers �� fleur d'eau?
--- Oui, dit Nelson. Placez �� l'avant une de vos meilleures vigies, et dans les porte-haubans vos meilleurs contre-ma?tres, et envoyez
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