mien en lui disant combien vous l'aimez, combien vous avez souffert. Allez! et, de temps en temps, dans vos pri��res, dites un mot de moi: ce sont les voix comme la v?tre qui ont l'oreille du Seigneur.
Cirillo voulut lui baiser les mains; mais Luisa lui jeta ses bras au cou.
--Oh! embrassez-moi comme un p��re embrasse sa fille, lui dit-elle.
Et, comme l'illustre docteur l'embrassait avec un respect m��l�� d'admiration:
--Oh! vous le lui direz! vous le lui direz! n'est-ce pas? murmura-t-elle tout bas �� son oreille.
Cirillo lui serra la main en signe de promesse.
San-Felice entra et trouva Luisa dans les bras de son ami.
--Eh bien, lui dit-il en riant, c'est donc en les embrassant que vous donnez des consultations �� vos malades, docteur?
--Non; mais c'est en les embrassant que je prends cong�� de ceux que j'aime, de ceux que j'estime, de ceux que je v��n��re. Ah! chevalier, chevalier, vous ��tes un homme heureux!
--Il est si digne de l'��tre, dit Luisa tendant la main �� son mari.
--Ce n'est pas toujours une raison, dit Cirillo. Et maintenant, au revoir, chevalier, car j'esp��re que nous nous reverrons. Allez! et servez votre prince. Moi, je reste et vais tacher de servir mon pays.
Puis, r��unissant la main du mari et celle de la femme dans la sienne:
--Je voudrais ��tre saint Janvier, leur dit-il, non pas pour faire un miracle deux fois par an, ce qui est bien joli cependant dans notre ��poque o�� les miracles sont rares, mais pour vous b��nir comme vous m��ritez de l'��tre. Adieu!
Et il s'��lan?a hors de la maison.
San-Felice le suivit jusqu'au perron, lui fit encore un signe d'adieu de la main; puis, revenant �� sa femme:
--A dix heures, lui dit-il, la voiture du prince vient nous prendre ici.
--A dix heures, je serai pr��te, r��pondit Luisa.
Elle l'��tait, en effet. Apr��s avoir dit adieu �� la chambre bien-aim��e, apr��s avoir pris cong�� de tous les objets qu'elle renfermait, apr��s avoir coup�� une boucle de ses beaux cheveux blonds, apr��s avoir nou�� avec eux, aux pieds du crucifix, un billet sur lequel elle avait ��crit ces quatre mots: ?Mon fr��re, je t'aime!? elle prit le bras de son mari, et, ��plor��e comme la Madeleine, mais pure comme la Vierge, elle monta avec lui dans la voiture du prince.
Michele monta sur le si��ge.
Nina, les l��vres fr��missantes de joie, baisa la main de sa ma?tresse.
Puis la porti��re se referma et la voiture partit.
Nous avons dit le temps qu'il faisait. Le vent, la gr��le et la pluie battaient les vitres de la voiture, et le golfe que, malgr�� l'obscurit��, l'on apercevait dans toute son ��tendue, n'��tait qu'une nappe d'��cume boursoufl��e par les vagues. San-Felice jeta un regard d'effroi sur cette mer furieuse, que Luisa, battue d'une temp��te bien autrement violente, ne voyait m��me pas. L'id��e du danger auquel il allait exposer la seule cr��ature qu'il aimat au monde, l'��pouvanta. Il tourna les yeux vers Luisa. Elle ��tait pale et immobile dans l'angle de la voiture. Ses yeux ��taient ferm��s, et, ne croyant pas ��tre vue dans l'obscurit��, elle laissait couler des larmes sur ses joues. Alors, pour la premi��re fois, l'id��e vint au chevalier que sa femme lui faisait quelque grand sacrifice qu'il ignorait. Il prit sa main et la porta �� ses l��vres. Luisa rouvrit les yeux, et, souriant �� son mari �� travers les larmes:
--Que vous ��tes bon, mon ami, lui dit-elle, et que je vous aime!
Le chevalier passa un bras autour de son cou, appuya la t��te de Luisa contre sa poitrine, et, relevant le capuchon de la mante de satin qui les couvrait, il baisa ses cheveux d'une l��vre fr��missante et plus que paternelle cette fois.
Luisa ne put retenir un g��missement.
Le chevalier fit semblant de ne pas l'entendre.
On arriva �� la descente de la Vittoria.
Une barque, mont��e de six rameurs, attendait, se maintenant �� grand'peine contre les vagues qui la poussaient vers la plage.
A peine les rameurs eurent-ils vu la voiture s'arr��ter, que, comprenant que ceux qu'ils attendaient ��taient dedans, ils cri��rent:
--Faites vite! la mer est mauvaise; �� peine sommes-nous ma?tres de la barque.
Et, en effet, San-Felice n'eut qu'�� jeter un coup d'oeil sur l'embarcation pour voir qu'elle et ceux qui la montaient ��taient en danger de perdition.
Le chevalier dit un mot tout bas au cocher, un mot tout bas �� Michele, prit Luisa par le bras et descendit avec elle jusqu'�� la plage.
Avant qu'ils fussent arriv��s au bord de la mer, une vague, en se brisant sur le sable, les avait couverts d'��cume.
Luisa jeta un cri.
Le chevalier la prit entre ses bras et la pressa contre son coeur.
Puis, appelant Michele d'un signe:
--Attends, dit-il �� Luisa; je descends dans la barque, et, une fois descendu, Michele et moi, nous t'aiderons �� descendre �� ton tour.
Luisa en ��tait �� ce point de la douleur qui pr��c��de le complet an��antissement des forces et qui laisse ��
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