poitrine.
Nous avons d��j��, dans une autre circonstance, et quand c'��tait Salvato et non Luisa qui quittait Naples, suivi de l'oeil le mouvement lent et in��gal de l'aiguille sur la pendule. Ce mouvement, en m��me temps que nous, deux coeurs le suivaient; mais, appuy��s l'un �� l'autre, il leur paraissait �� coup sur moins douloureux qu'�� ce pauvre coeur isol�� qui n'avait d'autre soutien que le sentiment du devoir accompli.
Luisa n'avait, comme d'habitude, fait que passer par sa chambre et avait regagn�� sur la pointe du pied celle de Salvato. En traversant le corridor, elle avait, avec un certain ��tonnement, recueilli quelques notes de la voix de Giovannina chantant une gaie chanson napolitaine. Aux accents de cette gaiet�� un peu intempestive, Luisa avait soupir�� et s'��tait content��e de se dire �� elle-m��me:
--Pauvre fille! elle est contente de ne pas quitter Naples, et, si j'��tais libre et que je restasse comme elle �� Naples, comme elle, moi aussi, je chanterais quelque gaie chanson napolitaine.
Et elle ��tait rentr��e dans sa chambre, le coeur encore plus oppress�� qu'auparavant de cette gaiet�� qui faisait contraste avec sa douleur.
Il est inutile de dire quelles pens��es occupaient le coeur de Luisa une fois qu'elle ��tait rentr��e dans le sanctuaire de son amour. Toute sa vie repassait devant ses yeux, et nous disons toute sa vie, car, dans ses souvenirs, elle n'avait v��cu que pendant les six semaines que Salvato avait habit�� cette chambre.
Alors, depuis le moment o�� le bless�� avait ��t�� apport�� sur son lit de douleur jusqu'�� celui o��, appuy�� �� son bras, le convalescent ��tait sorti de la maison par cette fen��tre donnant sur la petite ruelle; o��, avant de quitter cette fen��tre, il avait, dans un premier et dernier baiser, appuy�� ses l��vres sur les siennes et vers�� son ame dans sa poitrine,--alors, non-seulement chaque jour, mais chaque heure du jour passait devant elle, triste ou joyeuse, sombre ou ��clair��e.
Et, comme toujours, elle suivait, les yeux du corps ferm��s, mais avec les yeux de l'ame, cette longue et blanche th��orie,--lorsqu'elle entendit gratter doucement �� sa porte, et que, de sa voix la plus douce, Michele lui souffla par le trou de la serrure:
--C'est moi, petite soeur.
--Entre, Michele, entre, dit-elle; tu sais bien que, toi, tu peux entrer.
Michele entra; il tenait une lettre �� la main.
Luisa resta les yeux fix��s sur cette lettre, les bras ��tendus, la respiration suspendue.
Aurait-elle cette supr��me consolation dans un pareil moment de recevoir une derni��re lettre de Salvato?
--C'est une lettre de Portici, dit Michele. Je l'ai prise des mains du facteur, et je te l'apporte.
--Oh! donne, donne! s'��cria Luisa, c'est de lui!
Michele lui remit la lettre et alla fermer la porte. Mais, avant de la fermer:
--Dois-je rester? dois-je sortir? demanda-t-il.
--Reste, reste, cria Luisa. Tu sais bien que je n'ai pas de secrets pour toi.
Michele resta, mais se tint pr��s de la porte.
Luisa d��cacheta vivement la lettre, et, comme toujours, essaya vainement de la lire. Les larmes et l'��motion ��tendaient devant ses yeux un brouillard qu'il fallait quelques secondes pour dissiper.
Enfin, elle put lire:
?San-Germano, 19 d��cembre, au matin.?
--Il est �� San-Germano, ou plut?t il y ��tait lorsqu'il m'��crivait cette lettre, dit Luisa �� Michele.
--Lis, petite soeur, lui r��pondit celui-ci: cela te fera du bien.
Elle reprit,--car elle s'��tait interrompue pour respirer en renversant sa t��te en arri��re et en appuyant la lettre contre son coeur,--elle reprit:
?San-Germano, 19 d��cembre, au matin.
?Ch��re Luisa,
?Laissez-moi partager avec vous une grande joie: je viens de revoir la seule personne que j'aime d'un amour ��gal �� celui que je vous ai vou��, quoiqu'il soit bien diff��rent: je viens de revoir mon p��re!
?Ce qu'il est et o�� il est, c'est un secret que je dois garder, m��me vis-��-vis de vous, mais que n��anmoins je vous dirais bien certainement si j'��tais pr��s de vous. Un secret pour vous! En v��rit��, j'en ris moi-m��me. Est-ce qu'on a des secrets pour sa seconde ame?
?Je viens de passer une nuit, depuis neuf heures du soir jusqu'�� six heures du matin avec mon p��re, que, depuis dix ans, je n'avais pas vu. Toute la nuit, il m'a parl�� de la mort et de Dieu; toute la nuit, je lui ai parl�� de mon amour et de vous.
?C'est �� la fois, chose rare, un esprit ��lev�� et un coeur tendre que mon p��re. Il a beaucoup aim��, beaucoup souffert, et, plaignez-le, il ne croit pas.
?Priez pour le p��re, cher ange du fils, et Dieu, qui ne doit avoir rien �� vous refuser, lui accordera peut-��tre la foi.
?Une autre femme que vous, Luisa, se serait d��j�� ��tonn��e de ne pas avoir trouv�� vingt fois dans ces lignes le mot: ?Je vous aime!? Vous l'avez d��j�� lu cent fois, vous, n'est-ce pas? Vous parler de mon p��re, dont je ne puis parler �� personne, vous dire ma joie de l'avoir revu, vous le comprenez bien, n'est-ce pas?
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