La San-Felice, Tome V | Page 4

Alexandre Dumas, père
honneur et un plaisir pour moi d'��tre charg��e des int��r��ts de madame.
--Eh bien, alors, Nina, quoique je sois habitu��e �� votre service, dit la jeune femme, vous resterez. Peut-��tre notre absence ne sera pas longue. Pendant cette absence, �� ceux qui viendront pour me voir--retenez bien mes paroles, Nina,--vous direz que le devoir de mon mari ��tait de suivre le prince, et que mon devoir, �� moi, ��tait de suivre mon mari; vous direz--car vous appr��ciez mieux que personne, vous qui ne voulez pas quitter Naples, ce que je souffre, moi, en le quittant--vous direz, que c'est les yeux baign��s de larmes que je fais mes premiers, et qu'�� l'heure de mon d��part, je ferai mes derniers adieux �� chacune des chambres de cette maison et �� chacun des objets renferm��s dans ces chambres. Et, quand vous parlerez de ces larmes, vous saurez que ce ne sont point de vaines paroles, car vous les aurez vues couler.
Luisa acheva ces paroles en sanglotant.
Nina la regardait avec une certaine joie, profitant de ce qu'ayant son mouchoir sur les yeux, sa ma?tresse ne pouvait lire l'expression fugitive qui ��clairait son visage.
--Et...--elle h��sita un instant,--et si M. Salvato vient, que lui dirai-je, �� lui?
Luisa d��couvrit son visage et, avec une supr��me s��r��nit��:
--Que je l'aime toujours, r��pondit-elle, et que cet amour durera autant que ma vie. Allez dire �� Michele qu'il ne s'��loigne pas: j'ai �� lui parler avant mon d��part et je compte sur lui pour me conduire jusqu'au bateau.
Nina sortit.
Rest��e seule, Luisa imprima son visage dans l'oreiller rest�� sur le lit, laissa un baiser dans l'empreinte qu'elle avait faite et sortit �� son tour.
Trois heures venaient de sonner, et, avec sa ponctualit�� ordinaire que rien ne pouvait troubler, le chevalier entrait dans la salle �� manger par la porte de son cabinet de travail, tandis que Luisa y entrait par celle de sa chambre �� coucher.
Michele se tenait debout sur le perron en dehors de la porte.
Le chevalier le chercha des yeux.
--O�� est donc Michele? demanda-t-il. J'esp��re bien qu'il n'est point parti?
--Non, dit Luisa, le voici. Viens donc, Michele! le chevalier t'appelle, et, moi, j'ai besoin de te parler.
Michele entra.
--Tu sais ce qu'a fait ce gar?on-l��! dit le chevalier �� Luisa en lui posant la main sur l'��paule.
--Non, fit la jeune femme; quelque chose de bien, j'en suis s?r.
Puis, m��lancoliquement:
--On l'appelle Michele le Fou �� la Marinella; mais l'amiti�� qu'il a pour nous, �� mes yeux, du moins, ajouta-t-elle, lui tient lieu de raison.
--Ah! pardieu! dit Michele, voil�� une belle affaire!
--Il est vrai que cela ne vaut pas la peine d'en parler, continua San-Felice avec son bon sourire; je suis si distrait, qu'en rentrant, je ne t'en ai rien dit;--il m'a tr��s-probablement sauv�� la vie.
--Allons donc! fit Michele.
--Sauv�� la vie! Et comment cela? demanda Luisa avec une vive alt��ration dans la voix.
--Imagine-toi qu'il y avait un dr?le qui voulait me faire baiser la t��te de ce malheureux Ferrari, et qui, parce que je ne voulais pas la baiser, m'appelait jacobin. C'est malsain, d'��tre appel�� jacobin, par le temps qui court. Le mot commen?ait �� faire son effet. Michele s'est ��lanc�� entre moi et la foule, il a jou�� du sabre et l'homme s'en est all�� en me mena?ant, je crois. Que pouvait-il donc avoir contre moi?
--Pas contre vous, mais contre la maison probablement. Vous vous rappelez ce que vous a dit le docteur Cirillo d'un assassinat qui avait eu lieu sous vos fen��tres dans la nuit du 22 au 23 septembre; eh bien, c'est un des cinq ou six coquins qui ont ��t�� si bien ��trill��s par celui-l�� m��me qu'ils voulaient assassiner.
--Ah! ah! et c'est sous mes fen��tres qu'il a re?u la balafre qu'il a sous l'oeil.
--Justement.
--Je comprends que l'endroit lui paraisse n��faste; mais qu'ai-je �� voir l�� dedans?
--Rien, bien entendu; mais, si jamais vous aviez affaire dans le Vieux-March��, je vous dirais: ?Si cela vous est ��gal, monsieur le chevalier, n'y allez pas sans moi.?
--Je te le promets. Et maintenant embrasse ta soeur, mon gar?on, et mets-toi �� table avec nous.
Michele ��tait habitu�� �� cet honneur que lui faisaient de temps en temps le chevalier et Luisa. Il ne fit donc aucune difficult�� d'accepter l'invitation, maintenant surtout qu'��tant nomm�� capitaine, il avait mont�� quelques-uns des degr��s de l'��chelle sociale qui, autrefois, le s��paraient de ses nobles amis.
Vers quatre heures, une voiture s'arr��ta �� la porte de la rue, Nina introduisit le secr��taire du duc de Calabre, qui passa avec le chevalier dans son cabinet, mais en sortit presque aussit?t.
Michele avait fait semblant de ne rien voir.
En sortant du cabinet, et apr��s avoir reconduit le secr��taire du prince, le chevalier fit �� Luisa un signe pour lui demander s'il pouvait se confier �� Michele.
Luisa qui savait que Michele se ferait tuer pour elle encore bien plus que pour le chevalier, lui r��pondit que
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