La San-Felice, Tome V | Page 3

Alexandre Dumas, père
en effet, ��t�� victime de quelque erreur fatale; car c'��tait un des serviteurs d��vou��s de votre bon roi, qui pleure en ce moment sa mort.
La foule ��coutait avec stup��faction.
--Ose dire maintenant que cette t��te n'est pas celle de Ferrari et que Ferrari n'��tait pas un honn��te homme! Dis-le! mais dis-le donc, que j'aie l'occasion de te couper l'autre moiti�� du visage!
Et Michele leva son sabre sur le becca?o.
--Grace! dit celui-ci en tombant �� genoux: je dirai tout ce que tu voudras.
--Et moi, je ne dirai qu'une chose, c'est que tu es un lache! Va-t'en, et, quand tu te trouveras sur mon chemin, vingt pas �� l'avance, �� droite ou �� gauche, aie soin de te d��ranger.
Le becca?o se retira au milieu des hu��es de cette foule qui, un instant auparavant, l'applaudissait, et gui se divisa en deux bandes: l'une suivit le becca?o en l'injuriant; l'autre suivit Michele et le chevalier en criant:
--Vive Michele! Vive le chevalier San-Felice! Michele resta �� la porte du jardin pour cong��dier son escorte; le chevalier rentra chez lui, et, comme nous l'avons dit, appela Luisa.
Nous venons de raconter ce qu'il avait vu des fen��tres de la biblioth��que et ce qui lui ��tait arriv�� �� la descente du G��ant: deux choses suffisantes, �� notre avis, pour motiver sa paleur.
A peine eut-il dit �� Luisa le motif qui le ramenait, qu'elle devint �� son tour plus pale que lui; mais elle ne r��pliqua point une parole, ne fit point une observation; seulement:
--A quelle heure le d��part? demanda-t-elle.
--Entre dix heures et minuit, r��pondit le chevalier.
--Je serai pr��te, dit-elle; ne vous inqui��tez pas de moi, mon ami.
Et elle se retira dans sa chambre, sous pr��texte de faire ses pr��paratifs de d��part, en donnant l'ordre que le d?ner f?t, comme d'habitude, servi �� trois heures.

LXXVII
FATALIT��.
Ce n'��tait point dans sa chambre que s'��tait retir��e Luisa; c'��tait dans celle de Salvato.
Dans la lutte entre le devoir et l'amour, le premier avait vaincu; mais, ayant sacrifi�� son amour au devoir, elle se croyait par cela m��me le droit de donner des larmes �� son amour.
Aussi, depuis le jour o�� Luisa avait dit �� son mari: ?Je partirai avec vous,? elle avait beaucoup pleur��.
Ne sachant comment faire tenir ses lettres �� Salvato, elle ne lui avait point ��crit; mais elle avait re?u deux nouvelles lettres de lui.
Cet amour si ardent, cette joie si profonde qu'elle trouvait �� chaque ligne dans les lettres du jeune homme lui brisait le coeur, lorsqu'elle songeait surtout �� quel amer d��sappointement Salvato serait en proie quand, plein d'esp��rance et de s��curit��, croyant trouver la fen��tre ouverte et Luisa dans la chambre o�� elle pleurait si douloureusement �� cette heure, il trouverait Luisa absente et la fen��tre ferm��e.
Et pourtant, elle ne se repentait point de ce qu'elle avait promis ou plut?t offert: elle e?t eu le choix, maintenant que l'heure du d��part ��tait arriv��e, qu'elle e?t agi comme elle avait fait.
Elle appela Giovannina.
Celle-ci accourut. Elle avait vu Michele �� la cuisine et se doutait qu'il arrivait quelque chose d'extraordinaire.
--Nina, lui dit sa ma?tresse, nous quittons Naples cette nuit. C'est vous que je charge du soin de r��unir et de mettre dans des caisses les objets de mon usage habituel. Vous les connaissez aussi bien que moi, n'est-ce pas?
--Sans doute, je les connais, r��pondit la femme de chambre, et je ferai ce que madame m'ordonne; mais j'ai besoin que madame ait la bont�� de m'��clairer sur un point.
--Lequel? Dites Nina, r��pliqua la San-Felice, un peu ��tonn��e de la fermet�� progressive avec laquelle la femme de chambre avait r��pondu �� l'ordre qu'elle lui donnait.
--Mais sur ces paroles: ?Nous quittons Naples;? madame a dit cela, je crois?
--Sans doute, je l'ai dit.
--Est-ce que madame comptait m'emmener avec elle?
--Si vous eussiez voulu, oui; mais, pour peu que la chose vous d��plaise...
Nina vit qu'elle avait ��t�� trop loin.
--Si je ne d��pendais que de moi, ce serait avec le plus grand plaisir que je suivrais madame jusqu'au bout du monde, dit-elle; mais, par malheur, j'ai une famille.
--Ce n'est jamais un malheur d'avoir une famille mon enfant, dit Luisa avec une supr��me douceur.
--Excusez-moi, madame, si je dis un peu trop franchement...
--Vous n'avez pas besoin d'excuse. Vous avez une famille, disiez-vous, et cette famille, alliez-vous dire, ne permettra point que vous quittiez Naples.
--Non, madame, j'en suis s?re, r��pondit vivement Giovannina.
--Mais cette famille permettrait-elle, continua Luisa, qui venait de songer qu'il serait moins cruel �� Salvato de trouver, elle absente, quelqu'un �� qui parler d'elle, qu'une porte ferm��e et une maison muette,--cette famille permettrait-elle que vous restassiez ici comme une personne de confiance charg��e de veiller sur la maison?
--Oh! pour cela, oui, s'��cria Nina avec une vivacit�� qui, si elle e?t eu le moindre soup?on de ce qui se passait dans le coeur de la jeune fille, e?t ouvert les yeux de Luisa.
Puis, se mod��rant:
--Car ce sera toujours, ajouta-t-elle, un
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