La San-Felice, Tome IV | Page 7

Alexandre Dumas, père
voit, la partie importante de la lettre disparaissait compl��tement sous la partie secondaire; il y ��tait beaucoup plus question de la chasse au sanglier qu'avait faite le roi, que de la bataille qu'avait livr��e Mack. Louis XIV, dans son orgueil autocratique, a dit le premier: l'��tat, c'est moi; mais cette maxime, m��me avant qu'elle fut mat��rialis��e par Louis XIV, ��tait d��j��, comme elle l'a ��t�� depuis, celle de toutes les royaut��s despotiques.
Malgr�� son vernis d'��go?sme, la lettre de Ferdinand produisit l'effet que la reine en attendait, et nul ne fut assez hardi dans son opposition pour ne point partager l'esp��rance de Sa Majest�� quant au r��sultat de la bataille.
Le ballet fini, le th��atre ��vacu��, les lumi��res ��teintes, les invit��s remont��s dans les voitures qui devaient les ramener ou les diss��miner dans les maisons de campagne des environs de Caserte et de Santa Maria, la reine rentra dans son appartement, avec les personnes de son intimit�� qui, logeant au chateau, restaient �� souper et �� veiller avec elle; ces personnes ��taient avant tout Emma, les dames d'honneur de service, sir William, lord Nelson, qui, depuis trois ou quatre jours seulement, ��tait de retour de Livourne, o�� il avait convoy�� les huit mille hommes du g��n��ral Naselli; c'��tait le prince de Castelcicala, que son rang ��levait presque �� la hauteur des illustres h?tes qui l'invitaient �� leur table, ou des nobles convives pr��s desquels il s'asseyait, tandis que le m��tier auquel il s'��tait soumis le pla?ait moralement au-dessous de la valetaille qui le servait; c'��tait Acton, qui, ne se dissimulant point la responsabilit�� qui pesait sur lui, avait, depuis quelque temps, redoubl�� de soins et de respects pour la reine, sentant bien qu'au jour des revers, si ce jour-l�� arrivait, la reine serait son seul appui; enfin, c'��taient, ce soir-l��, par extraordinaire, les deux vieilles princesses, que la reine, se souvenant de la recommandation que son ��poux lui avait faite de ne point oublier que mesdames Victoire et Ad��la?de ��taient, apr��s tout, les filles du roi Louis XV, avait invit��es �� venir passer une semaine �� Caserte, et en m��me temps �� amener avec elles leurs sept gardes du corps, qui, sans ��tre incorpor��s dans l'arm��e napolitaine, devaient, toujours, sur la recommandation du roi, ayant tous re?u du ministre Ariola la paye et le grade de lieutenant, manger et loger avec les officiers de garde, et ��tre f��t��s par eux tandis que les vieilles princesses seraient f��t��es par la reine; seulement, pour faire honneur aux vieilles dames jusque dans la personne de leurs gardes du corps, chaque soir, elles avaient l'autorisation d'inviter �� souper un d'entre eux, qui, ce soir-l��, devenait leur chevalier d'honneur.
Elles ��taient arriv��es depuis la veille, et, la veille, elles avaient commenc�� leur s��rie d'invitations par M. de Boccheciampe; ce soir-l��, c'��tait le tour de Jean-Baptiste de Cesare, et, comme elles s'��taient retir��es un instant dans leur appartement, en sortant du th��atre, de Cesare--qui, du parterre, place des officiers, avait assist�� au spectacle,--de Cesare ��tait all�� les prendre �� leur appartement pour entrer avec elles chez la reine et ��tre pr��sent�� �� Sa Majest�� et �� ses illustres convives.
Nous avons dit que Boccheciampe appartenait �� la noblesse de Corse, et de Cesare �� une vieille famille de caporali, c'est-��-dire d'anciens commandants militaires de district, et que tous deux avaient tr��s-bon air. Or, �� ce bon air qu'il n'��tait point sans s'��tre reconnu �� lui-m��me, de Cesare avait ajout��, ce soir-l��, tout ce que la toilette d'un lieutenant permet d'ajouter �� une jolie figure de vingt-trois ans et �� une tournure distingu��e.
Cependant, cette jolie figure de vingt-trois ans et cette tournure, si distingu��e qu'elle f?t, ne motivaient point le cri que poussa la reine en l'apercevant et qui fut r��p��t�� par Emma, par Acton, par sir William et par presque tous les convives.
Ce cri ��tait tout simplement un cri d'��tonnement motiv�� par la ressemblance extraordinaire de Jean-Baptiste de Cesare avec le prince Fran?ois, duc de Calabre; c'��taient le m��me teint rose, les m��mes yeux bleu clair, les m��mes cheveux blonds, seulement un peu plus fonc��s, la m��me taille, plus ��lanc��e peut-��tre: voil�� tout.
De Cesare, qui n'avait jamais vu l'h��ritier de la couronne, et qui, par cons��quent, ignorait la faveur que le hasard lui avait faite de ressembler �� un fils de roi, de Cesare fut un peu troubl�� d'abord de cet accueil bruyant auquel il ne s'attendait pas; mais il s'en tira en homme d'esprit, disant que le prince lui pardonnerait l'audace involontaire qu'il avait de lui ressembler, et, quant �� la reine, comme tous ses sujets ��taient ses enfants, elle ne devait pas en vouloir �� ceux qui avaient pour elle, non-seulement le coeur, mais la ressemblance d'un fils.
On se mit �� table; le souper fut tr��s-gai; en se retrouvant dans un milieu qui rappelait Versailles, les deux vieilles
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