La San-Felice, Tome IV | Page 6

Alexandre Dumas, père
il y avait simple raout. Seulement, par une juste d��cision de Sa Majest��, comme il avait ��t�� reconnu qu'il est plus fatigant de lire dix ou douze mille vers par jour que d'en faire cinquante et m��me cent,--ce qui, vu la commodit�� qu'offre la langue italienne pour ce genre de travail, ��tait le minimum et le maximum fix�� au louangeur patent�� de Sa Majest�� Ferdinand IV--on avait, pour tout le temps que durerait cette recrudescence de po��sie et ce travail auquel il pouvait se refuser, doubl�� les appointements du signor Vacca.
La journ��e du 9 d��cembre 1789 avait fait ��poque au milieu des laborieuses journ��es qui l'avaient pr��c��d��e. Il signor Vacca avait d��pouill�� un total de neuf cent pi��ces diff��rentes, dont cent cinquante odes, cent cantates, trois cent vingt sonnets, deux cent quinze acrostiches, quarante-huit quatrains et soixante-quinze distiques. Une cantate, dont le ma?tre de chapelle Cimarosa avait fait imm��diatement la musique, quatre sonnets, trois acrostiches, un quatrain et deux distiques avaient ��t�� jug��s dignes de la lecture dans la salle de spectacle du chateau de Caserte, o�� il y avait eu, dans cette m��me soir��e du 9 d��cembre, repr��sentation extraordinaire; cette repr��sentation se composait des Horaces de Dominique Cimarosa, et de l'un des trois cents ballets qui ont ��t�� compos��s en Italie sous le titre des Jardins d'Armide.
On venait de chanter la cantate, de d��clamer les deux odes, de lire les quatre sonnets, les trois acrostiches, le quatrain et les deux distiques dont se composait le bagage po��tique de la soir��e, et cela au milieu des six cents spectateurs que peut contenir la salle, lorsqu'on annon?a qu'un courrier venait d'arriver, apportant �� la reine une lettre de son auguste ��poux, laquelle lettre, contenant des nouvelles du th��atre de la guerre, allait ��tre communiqu��e �� l'assembl��e.
On battit des mains, on demanda avec rage lecture de la lettre, et le sage chevalier Ubalde, qui se tenait pr��t �� dissiper, au petit sifflement de sa baguette d'acier, les monstres qui gardent les approches du palais d'Armide, fut charg�� de faire conna?tre au public le contenu du royal billet.
Il s'approcha couvert de son armure, portant sur son casque un panache rouge et blanc, couleurs nationales du royaume des Deux-Siciles, salua trois fois, baisa respectueusement la signature; puis, �� haute et intelligible voix, il donna lecture aux spectateurs de la lettre suivante:
?Ma tr��s-ch��re ��pouse,
?J'ai ��t�� chasser ce matin �� Corneto, o�� l'on avait pr��par�� pour moi des fouilles de tombeaux ��trusques que l'on pr��tend remonter �� l'antiquit�� la plus recul��e, ce qui e?t ��t�� une grande f��te pour sir William, s'il n'avait pas eu la paresse de rester �� Naples; mais, comme j'ai, �� Cumes, �� Sant'Agata-dei-Goti et �� Nola, des tombeaux bien autrement vieux que leurs tombeaux ��trusques, j'ai laiss�� mes savants fouiller tout �� leur aise et j'ai ��t�� droit �� mon rendez-vous de chasse.
?Pendant tout le temps qu'a dur�� cette chasse, bien autrement fatigante et bien moins giboyeuse que mes chasses de Persano ou d'Astroni, puisque je n'y ai tu�� que trois sangliers, dont un, en r��compense, qui m'a ��ventr�� trois de mes meilleurs chiens, pesait plus de deux cents rottoli, nous avons entendu le canon du c?t�� de Civita-Castellana: c'��tait Mack qui ��tait occup�� �� battre les Fran?ais au point pr��cis o�� il nous avait annonc�� qu'il les battrait; ce qui fait, comme vous le voyez, le plus grand honneur �� sa science strat��gique. A trois heures et demie, au moment o�� j'ai quitt�� la chasse pour revenir �� Rome, le bruit du canon n'avait pas encore cess��; il para?t que les Fran?ais se d��fendent, mais cela n'a rien d'inqui��tant, puisqu'ils ne sont que huit mille et que Mack a quarante mille soldats.
?Je vous ��cris, ma ch��re ��pouse et ma?tresse, avant de me mettre �� table. On ne m'attendait qu'�� sept heures, et je suis arriv�� �� six heures et demie; ce qui fait que, quoique j'eusse une grande faim, je n'ai point trouv�� mon d?ner pr��t et suis forc�� d'attendre; mais, vous le voyez, j'utilise agr��ablement ma demi-heure en vous ��crivant.
?Apr��s le d?ner, j'irai au th��atre Argentina, o�� j'entendrai il Matrimonio segreto, et o�� j'assisterai �� un ballet compos�� en mon honneur. Il est intitul�� l'Entr��e d'Alexandre �� Babylone. Ai-je besoin de vous dire, �� vous qui ��tes l'instruction en personne, que c'est une allusion d��licate �� mon entr��e �� Rome? Si ce ballet est tel qu'on me l'assure, j'enverrai celui qui l'a compos�� �� Naples pour le monter au th��atre Saint-Charles.
?J'attends dans la soir��e la nouvelle d'une grande victoire; je vous enverrai un courrier aussit?t que je l'aurai re?ue.
?Sur ce, n'ayant point autre chose �� vous dire que de vous souhaiter, �� vous et �� nos chers enfants, une sant�� pareille �� la mienne, je prie Dieu qu'il vous ait dans sa sainte et digne garde.
?FERDINAND B.?
Comme on le
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