La San-Felice, Tome IV | Page 3

Alexandre Dumas, père
ne s'��tait pas tromp��, c'��tait la t��te des fuyards qui avaient fait un peu plus de deux lieues �� l'heure, et qui commen?aient �� rentrer dans Rome.
Le roi mit son manteau sur ses yeux et passa au milieu d'eux sans ��tre reconnu.
Une fois hors de la ville, la petite troupe se jeta �� droite, suivit l'enceinte d'Aur��lien, d��passa la porte San-Lorenzo, puis la porte Maggiore, et enfin arriva �� cette fameuse porte San-Giovanni, o�� le roi, seize jours auparavant, avait en si grande pompe re?u les clefs de la ville.
--Et maintenant, dit Mack, voici la route, sire; dans une heure, vous serez �� Albano; �� Albano, vous ��tes hors de tout danger.
--Vous me quittez, g��n��ral?
--Sire, mon devoir ��tait de penser au roi avant tout; mon devoir est maintenant de penser �� l'arm��e.
--Allez, et faites de votre mieux; seulement, quoi qu'il arrive, je d��sire que vous vous rappeliez que ce n'est pas moi qui ai voulu la guerre et qui vous ai d��rang�� de vos affaires, si vous en aviez �� Vienne, pour vous faire venir �� Naples.
--H��las! c'est bien vrai, sire, et je suis pr��t �� rendre t��moignage que c'est la reine qui a tout fait. Et maintenant, que Dieu garde Votre Majest��!
Mack salua le roi et mit son cheval au galop, reprenant la route par laquelle il ��tait venu.
--Et toi, murmura le roi en enfon?ant les ��perons dans le ventre de son cheval et en le lan?ant �� fond de train sur la route d'Albano, et toi, que le diable t'emporte, imb��cile!
On voit que, depuis le jour du conseil d'��tat, le roi n'avait pas chang�� d'opinion sur le compte de son g��n��ral en chef.
Quelques efforts que fissent les dix hommes de l'escorte pour suivre le roi et le duc d'Ascoli, les deux illustres cavaliers ��taient trop bien mont��s, et Ferdinand, qui r��glait le pas, avait trop grand'peur, pour qu'ils ne fussent pas bient?t distanc��s; d'ailleurs, il faut dire qu'avec la confiance qu'avait Ferdinand dans ses sujets, il ne regardait point--en supposant que quelque danger l'attend?t sur cette route--l'escorte comme d'un secours bien efficace, et, lorsque le roi et son compagnon arriv��rent �� la mont��e d'Albano, il y avait d��j�� longtemps que les dix cavaliers ��taient revenus sur leurs pas.
Tout le long de la route, le roi avait eu des terreurs paniques. S'il y a un endroit au monde qui pr��sente, la nuit surtout, des aspects fantastiques, c'est la campagne de Rome, avec ses aqueducs bris��s qui semblent des files de g��ants marchant dans les t��n��bres, ses tombeaux qui se dressent tout �� coup, tant?t �� droite, tant?t �� gauche de la route, et ces bruits myst��rieux qui semblent les lamentations des ombres qui les ont habit��s. A chaque instant, Ferdinand rapprochait son cheval de son compagnon et, rassemblant les r��nes de sa monture pour ��tre pr��t �� lui faire franchir le foss��, lui demandait: ?Vois-tu, d'Ascoli?...? Entends-tu, d'Ascoli?? Et d'Ascoli, plus calme que le roi, parce qu'il ��tait plus brave, regardait et r��pondait: ?Je ne vois rien, sire;? ��coutait et r��pondait: ?Sire, je n'entends rien.? Et Ferdinand, avec son cynisme ordinaire, ajoutait:
--Je disais �� Mack que je n'��tais pas s?r d'��tre brave; eh bien, maintenant, je suis fix�� �� ce sujet: d��cid��ment, je ne le suis pas.
On arriva ainsi �� Albano; les deux fugitifs avaient mis une heure �� peine pour venir de Rome; il ��tait minuit, �� peu pr��s; toutes les portes ��taient ferm��es, celle de la poste comme les autres.
Le duc d'Ascoli la reconnut �� l'inscription ��crite au-dessus de la porte, descendit de cheval et frappa �� grands coups.
Le ma?tre de poste, qui ��tait couch�� depuis trois heures, vint, comme d'habitude, ouvrir de mauvaise humeur et en grognant; mais d'Ascoli pronon?a ce mot magique qui ouvrit toutes les portes:
--Soyez tranquille, vous serez bien pay��.
La figure du ma?tre de poste se rass��r��na aussit?t.
--Que faut-il servir �� Leurs Excellences? demanda-t-il.
--Une voiture, trois chevaux de poste et un postillon qui conduise rondement, dit le roi.
--Leurs Excellences vont avoir tout cela dans un quart d'heure, dit l'h?te.
Puis, comme il commen?ait de tomber une pluie fine:
--Ces messieurs entreront bien, en attendant, dans ma chambre?
--Oui, oui, dit le roi, qui avait son id��e, tu as raison. Une chambre, une chambre tout de suite!
--Et que faut-il faire des chevaux de Leurs Excellences?
--Mets-les �� l'��curie; on viendra les reprendre de ma part, de la part du duc d'Ascoli, tu entends?
--Oui, Excellence.
Le duc d'Ascoli regarda le roi.
--Je sais ce que je dis, fit Ferdinand; allons toujours, et ne perdons pas de temps.
L'h?te les conduisit �� une chambre o�� il alluma deux chandelles.
--C'est que je n'ai qu'un cabriolet, dit-il.
--Va pour un cabriolet, s'il est solide.
--Bon! Excellence, avec lui on irait en enfer.
--Je ne vais qu'�� moiti�� chemin, ainsi tout est pour le mieux.
--Alors, Leurs Excellences m'ach��tent mon cabriolet?
--Non; mais elles te laissent leurs deux chevaux, qui valent
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