La San-Felice, Tome III | Page 7

Alexandre Dumas, père
je voulus alors la saisir entre mes bras et la retenir, mais elle disparut. Je m'��lan?ai hors du lit, je courus dans la chambre de mon p��re; une bougie br?lait, je m'approchai d'une glace; ce que j'avais pris pour une larme, c'��tait une goutte de sang qui ��tait tomb��e de sa blessure; mon p��re, r��veill�� par moi, ��couta mon r��cit tranquillement et me dit en souriant:
?--Demain, la blessure sera ferm��e.
?Le lendemain, j'avais tu�� le meurtrier de ma m��re.
Luisa, ��pouvant��e, cacha sa t��te dans l'oreiller du bless��.
--Deux fois depuis cette nuit, je l'ai revue, continua Salvato d'une voix presque ��teinte; mais, comme elle ��tait veng��e, la tache de sang avait disparu de son front.
Soit fatigue, soit ��motion, en achevant ce r��cit, bien long pour ses forces, Salvato retomba pale et ��puis�� sur son chevet.
Luisa poussa un cri.
Le bless��, la bouche haletante et les yeux ferm��s, ��tait retomb�� sur son lit.
Luisa s'��lan?a vers la porte, et, en l'ouvrant, faillit renverser Nina, qui ��coutait, l'oreille coll��e �� cette porte.
Mais elle ne fit qu'une l��g��re attention �� cet incident.
--L'��ther! demanda-t-elle, l'��ther! Il se trouve mal.
--L'��ther est dans la chambre de madame, r��pondit Nina.
Luisa ne fit qu'un bond jusqu'�� sa chambre, mais chercha vainement; lorsqu'elle revint pr��s du bless��, Giovannina soutenait la t��te de Salvato sur son bras, et, en la pressant contre sa poitrine, lui faisait respirer le flacon.
--Ne m'en veuillez pas, madame, lui dit Nina, le flacon ��tait sur la chemin��e derri��re la pendule; en vous voyant si troubl��e, j'ai moi-m��me perdu la t��te; mais tout est pour le mieux; voici M. Salvato qui revient �� lui.
En effet, le jeune homme rouvrit les yeux, et ses yeux, en se rouvrant, cherchaient Luisa.
Giovannina, qui vit la direction de son regard, reposa doucement la t��te du bless�� sur l'oreiller et gagna l'embrasure d'une fen��tre, o�� elle essuya une larme, tandis que Luisa revenait prendre sa place au chevet du malade, et que Michele, passant sa t��te par la porte rest��e entr'ouverte, demandait:
--As-tu besoin de moi, petite soeur?

XXXVIII
ANDR�� BACKER
L'ame tout enti��re de Luisa ��tait pass��e dans ses yeux, et ses yeux ��taient fix��s sur ceux de Salvato, qui, reconnaissant la jeune femme dans celle qui lui donnait des soins, revenait �� lui avec un sourire.
Il rouvrit compl��tement les yeux et murmura:
--Oh! mourir ainsi!
--Oh! non, non! pas mourir! s'��cria Luisa.
--Je sais bien qu'il vaudrait mieux vivre ainsi, continua Salvato; mais...
Il poussa un soupir dont le souffle fit fr��mir les cheveux de la jeune femme et passa sur son visage comme l'haleine br?lante du sirocco.
Elle secoua la t��te, sans doute pour ��carter le fluide magn��tique dont l'avait envelopp��e ce soupir de flamme, reposa la t��te du bless�� sur l'oreiller, s'assit sur le fauteuil auquel s'appuyait le chevet du lit; puis, se tournant vers Michele et r��pondant un peu tardivement peut-��tre �� sa question:
--Non, je n'ai plus besoin de toi, dit-elle, heureusement; mais entre toujours, et vois comme notre malade va bien.
Michele s'approcha sur la pointe du pied, comme s'il e?t eu peur d'��veiller un homme endormi.
--Le fait est qu'il a meilleur mine que lorsque nous l'avons quitt��, la vieille Nanno et moi.
--Mon ami, dit la San-Felice au bless��, c'est le jeune homme qui, dans la nuit o�� vous avez failli ��tre assassin��, nous a aid��s �� vous porter secours.
--Oh! je le reconnais, dit Salvato en souriant; c'est lui qui pilait les herbes que cette femme que je n'ai pas revue appliquait sur ma blessure.
--Il est revenu depuis pour vous voir, car, comme nous tous, il prend un grand int��r��t �� vous; seulement, on ne l'a point laiss�� entrer.
--Oh! mais je ne me suis point fach�� de cela, dit Michele; je ne suis pas susceptible, moi.
Salvato sourit et lui tendit la main.
Michele prit la main que Salvato lui tendait et la regarda en la retenant dans les siennes.
--Vois donc, petite soeur, dit-il, on dirait une main de femme; et quand on pense que c'est avec cette petite main-l�� qu'il a donn�� le fameux coup de sabre au becca?o; car vous lui avez donn�� un fameux coup de sabre, allez!
Salvato sourit.
Michele regarda autour de lui.
--Que cherches-tu? demanda Luisa.
--Je cherche le sabre, maintenant que j'ai vu la main; ce doit ��tre une fi��re arme.
--Il t'en faudrait un comme celui-l�� quand tu seras colonel, n'est-ce pas, Michele? dit en riant Luisa.
--M. Michele sera colonel? demanda Salvato.
--Oh! ?a ne peut plus me manquer maintenant, r��pondit le lazzarone.
--Et comment cela ne peut-il plus te manquer? demanda Luisa.
--Non, puisque la chose m'a ��t�� pr��dite par la vieille Nanno, et que tout ce qu'elle t'a pr��dit, �� toi, se r��alise.
--Michele! fit la jeune femme.
--Voyons: ne t'a-t-elle pas pr��dit qu'un beau jeune homme qui descendait du Pausilippe courait un grand danger, qu'il ��tait menac�� par six hommes, et que ce serait un grand bonheur pour toi s'il ��tait tu�� par ces six hommes, attendu que tu devais
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