La San-Felice, Tome III | Page 5

Alexandre Dumas, père
femme, vous avez l'��ducation d'un ��rudit et la science d'un philosophe; il en r��sulte qu'avec vous, on peut parler de toutes choses, m��me des choses surnaturelles.
--Alors, fit Luisa tr��s-��mue, vous croyez que cette nuit...?
--Je crois que, cette nuit, si ce n'est point vous qui ��tes entr��e dans ma chambre et qui vous ��tes pench��e sur mon lit, je crois que j'ai ��t�� visit�� par ma m��re.
--Mais, mon ami, demanda Luisa frissonnante, comment vous expliquez-vous l'apparition d'une ame s��par��e de son corps?
--Il y a des choses qui ne s'expliquent pas, Luisa, vous le savez bien. Hamlet ne dit-il point, au moment o�� vient de lui appara?tre l'ombre de son p��re: There are more things in heaven and earth, Horatio, than there are dreamt of in your philosophy?... Eh bien, Luisa, c'est d'un de ces myst��res que je vous parle.
--Mon ami, dit Luisa, savez-vous que parfois vous m'effrayez?
Le jeune homme lui serra la main et la regarda de son plus doux regard.
--Et comment puis-je vous effrayer, lui demanda-t-il, moi qui donnerais pour vous la vie que vous m'avez sauv��e? Dites-moi cela.
--C'est que, continua la jeune femme, vous me faites parfois l'effet de n'��tre point un ��tre de ce monde.
--Le fait est, r��pliqua Salvato en riant, que j'ai bien manqu�� d'en sortir avant d'y ��tre entr��.
--Serait-il donc vrai, comme le disait la sorci��re Nanno, demanda en palissant la jeune femme, que vous fussiez n�� d'une morte?
--La sorci��re vous a dit cela? demanda le jeune homme en se soulevant ��tonn�� sur son lit.
--Oui; mais ce n'est pas possible, n'est-ce pas?
--La sorci��re vous a dit la v��rit��, Luisa; c'est une histoire que je vous raconterai un jour, mon amie.
--Oh! oui, et que j'��couterai avec toutes les fibres de mon coeur.
--Mais plus tard.
--Quand vous voudrez.
--- Aujourd'hui, continua le jeune homme en retombant sur son lit, ce r��cit d��passerait mes forces; mais, comme je vous le dis, tir�� violemment du sein de ma m��re, les premi��res palpitations de ma vie se sont m��l��es aux derniers tressaillements de sa mort, et un ��trange lien a continu��, en d��pit du tombeau, de nous attacher l'un �� l'autre. Or, soit hallucination d'un esprit surexcit��, soit apparition r��elle, soit qu'enfin, dans certaines conditions anormales, les lois qui existent pour les autres hommes n'existent pas pour ceux qui sont n��s en dehors de ces lois, de temps en temps,--j'ose �� peine dire cela, tant la chose est improbable!--de temps en temps, ma m��re, sans doute parce qu'elle fut en m��me temps sainte et martyre, de temps en temps, ma m��re obtient de Dieu la permission de me visiter.
--Que dites-vous l��! murmura Luisa toute frissonnante.
--Je vous dis ce qui est, mais ce qui est pour moi n'est peut-��tre pas pour vous, et cependant je n'ai pas vu seul cette ch��re apparition.
--Une autre que vous l'a vue? s'��cria Luisa.
--Oui, une femme bien simple, une paysanne, incapable d'inventer une semblable histoire: ma nourrice.
--Votre nourrice a vu l'ombre de votre m��re?
--Oui; voulez-vous que je vous raconte cela? demanda le jeune homme en souriant.
Pour toute r��ponse, Luisa saisit les deux mains du bless�� et le regarda avidement.
--Nous demeurions en France,--car, si ce n'est point en France que mes yeux se sont ouverts, c'est l�� qu'ils ont commenc�� �� voir;--nous habitions au milieu d'une grande for��t; mon p��re m'avait donn�� une nourrice d'un village distant d'une lieue et demie ou deux lieues de la maison que nous habitions. Une apr��s-midi, elle alla demander �� mon p��re la permission de faire une course pour voir son enfant, qu'on lui avait dit ��tre malade; c'��tait celui-l�� m��me qu'elle avait sevr�� pour me donner sa place; non-seulement mon p��re le lui permit, mais encore il voulut l'accompagner pour visiter son enfant avec elle; on me donna �� boire, on me coucha dans mon berceau, et, comme je ne me r��veillais jamais qu'�� dix heures du soir, et que mon p��re, avec son cabriolet, ne mettait qu'une heure et demie pour aller au village et revenir �� la maison, mon p��re ferma la porte, mit la clef dans sa poche, fit monter la nourrice pr��s de lui et partit tranquille.
?L'enfant n'avait qu'une l��g��re indisposition; mon p��re rassura la bonne femme, laissa une ordonnance au mari et un louis pour ��tre s?r que l'ordonnance serait suivie, et s'en allait revenir �� la maison en y ramenant la nourrice, lorsqu'un jeune homme ��plor�� vint tout �� coup lui dire que son p��re, un garde de la for��t, avait ��t�� gri��vement bless�� la nuit pr��c��dente par un braconnier. Mon p��re ne savait point ce que c'��tait que de repousser un semblable appel; il remit la clef de la maison �� la nourrice et lui recommanda de revenir sans perdre un instant, d'autant plus que le temps devenait orageux.
?La nourrice partit. Il ��tait sept heures du soir; elle promit d'��tre avant huit heures �� la maison,
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