chiffon, d��coll�� du portefeuille o�� il adh��rait et rejet�� en m��me temps que lui sur la table.
Dans son d��sir de lire la lettre du g��n��ral Championnet, et dans sa satisfaction apr��s l'avoir lue, elle l'avait oubli��.
C'��tait une lettre ��crite sur un ��l��gant papier; elle ��tait d'une ��criture de femme, mince, fine, aristocratique; aux premiers mots, la reine reconnut une lettre d'amour.
Elle commen?ait par ces deux mots: Caro Nicolino.
Par malheur pour la curiosit�� de la reine, le sang avait presque enti��rement envahi la page ��crite; on pouvait seulement distinguer la date, qui ��tait le 20 septembre, et lire les regrets ressentis par la personne qui ��crivait la lettre de ne pouvoir venir �� son rendez-vous accoutum��, oblig��e qu'elle ��tait de suivre la reine, qui allait au-devant de l'amiral Nelson.
Il n'y avait pour toute signature qu'une lettre, une initiale, une E.
Pour cette fois, la reine s'y perdait compl��tement.
Une lettre de femme, une lettre d'amour, une lettre dat��e du 20 septembre, une lettre enfin d'une personne qui s'excusait de manquer son rendez-vous habituel parce qu'elle ��tait oblig��e de suivre la reine, une pareille lettre ne pouvait ��tre adress��e �� l'aide de camp de Championnet qui, le 20 septembre, c'est-��-dire trois jours auparavant, ��tait �� cinquante lieues de Naples.
Il n'y avait qu'une probabilit��, et l'esprit intelligent de la reine la lui pr��senta bient?t.
Cette lettre se trouvait sans doute dans la poche de la houppelande pr��t��e �� l'envoy�� du g��n��ral Championnet, par un de ses complices du palais de la reine Jeanne. L'aide de camp avait mis son portefeuille dans la m��me poche apr��s l'avoir enlev�� de son uniforme; le sang, en coulant de la blessure, avait coll�� la lettre au portefeuille, quoique cette lettre et ce portefeuille n'eussent rien de commun entre eux.
La reine se leva alors, alla au fauteuil o�� Pasquale avait d��pos�� le manteau, examina ce manteau, et, en l'ouvrant, trouva le sabre et les pistolets qu'il renfermait.
Le manteau ��tait ��videmment un simple manteau d'ordonnance d'officier de cavalerie fran?aise.
Le sabre, comme le manteau, ��tait d'ordonnance; il avait d? appartenir �� l'inconnu; mais il n'en ��tait pas de m��me des pistolets.
Les pistolets, tr��s-��l��gants, ��taient de la manufacture royale de Naples, mont��s en vermeil et portaient grav��e sur un ��cusson la lettre N.
Un jour se faisait sur cette myst��rieuse affaire. Sans aucun doute, les pistolets appartenaient �� ce m��me Nicolino auquel la lettre ��tait adress��e.
La reine mit les pistolets �� part avec la lettre, en attendant mieux; c'��tait un commencement d'indice qui pouvait conduire �� la v��rit��.
En ce moment, de Simone rentrait avec ses deux hommes.
Les renseignements qu'ils apportaient ��taient de peu de valeur.
Cinq ou six minutes apr��s la sortie de l'aide de camp, ils avaient cru voir une barque mont��e par trois personnes s'��loigner comme si elle allait �� la villa, profitant de la mer qui avait calmi.
Deux de ces personnes ramaient.
Il n'y avait point �� s'occuper de cette barque; elle ��chappait naturellement �� l'investigation des deux sbires, qui ne pouvaient la suivre sur l'eau.
Mais, presque au m��me moment, par compensation, trois autres personnes apparaissaient �� la porte donnant sur la route du Pausilippe, et, apr��s avoir regard�� si la route ��tait libre, se hasardaient �� sortir en fermant avec soin cette porte derri��re eux; seulement, au lieu de descendre la route du c?t�� de Mergellina, comme avait fait le jeune aide de camp ils la remont��rent du c?t�� de la villa de Lucullus.
Les deux sbires suivirent les trois inconnus.
Au bout de cent pas, �� peu pr��s, l'un de ces derniers gravit le talus �� droite et se jeta dans un petit sentier o�� il disparut derri��re les alo��s et les cactus; celui-l�� devait ��tre tr��s-jeune, autant qu'on avait pu en juger par la l��g��ret�� avec laquelle il avait gravi les talus et par la fra?cheur de la voix avec laquelle il avait cri�� �� ses deux amis:
--Au revoir!
Les autres avaient gravi le talus �� leur tour, mais plus lentement, et par un sentier qui, en longeant la pente de la montagne et en revenant sur Naples, devait les conduire au Vomero.
Les sbires s'��taient engag��s derri��re eux dans le m��me sentier; mais, se voyant suivis, les deux inconnus s'��taient arr��t��s, avaient tir�� de leur ceinture, chacun une paire de pistolets, et, s'adressant �� ceux qui les suivaient:
--Pas un pas de plus, avaient-ils dit, ou vous ��tes morts!
Comme la menace ��tait faite d'une voix qui ne laissait pas de doute sur son ex��cution, les deux sbires, qui n'avaient point ordre de pousser les choses �� leur extr��mit��, et qui, d'ailleurs, n'��taient arm��s que de leurs couteaux, se tinrent immobiles et se content��rent de suivre des yeux les deux inconnus jusqu'�� ce qu'ils les eussent perdus de vue.
Donc, aucun renseignement �� attendre de ces hommes, et le seul fil �� l'aide duquel on p?t suivre la conspiration perdue dans le labyrinthe du palais de la
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